Louise Bourgeois (sage-femme)

Louise Bourgeois (1563-1636), dite La Boursier, est une sage-femme connue pour avoir accouché la reine Marie de Médicis et avoir rédigé le premier livre d'obstétrique incluant des données d'anatomie. Elle introduit une rupture dans la littérature médicale, avec une approche basée sur les causes plus que sur les symptômes[1] et lucide quant aux effets de genre[2].

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Sage femme de la cour

Mariée en 1594 à Martin Boursier, maitre chirurgien, élève d'Ambroise Paré, elle se trouve sans ressources quand son mari est engagé dans les armées du roi.

Elle obtient avec succès le diplôme de sage-femme le , malgré l'opposition de madame Dupuis, l'accoucheuse de Gabrielle d'Estrées, qui y voit un danger pour la profession : « puisqu'elle est la femme d'un chirurgien, elle s'entendra avec les médecins. […] Il ne nous faut recevoir que des femmes d'artisans qui n'entendent rien à nos affaires ».

Elle acquiert vite une renommée auprès des dames de la cour et accouche la reine à six reprises ; elle est rétribuée 500 couronnes pour la naissance d'un garçon et 300 pour la naissance d'une fille[3].

Elle perd sa renommée à la suite du décès de Marie de Bourbon-Montpensier, épouse de Gaston d'Orléans, lors de la naissance de la Grande Mademoiselle : selon les chirurgiens ayant pratiqué l'autopsie de l'accouchée, le décès serait dû à la persistance de débris placentaires dans l'utérus et Louise Bourgeois est alors accusée de négligence[4]. À cette époque, les obstétriciens masculins sont peu nombreux à exercer, et tentent de prendre le pas sur la confrérie des sages-femmes. Louise Bourgeois remet en cause leur compétence en critiquant violemment les conclusions de l'autopsie et les compétences des médecins pratiquant l'obstétrique ; toutefois sa réponse a l'effet inverse à celui-ci escompté, en leur faisant de la publicité[1].

Autrice de livres d'obstétrique

Louise Bourgeois est la première sage-femme à avoir écrit un livre d'obstétrique, Observations diverses sur la stérilité, perte de fruits, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveau-nés, publié en 1609. Contrairement aux livres de la même époque écrits par des hommes chirurgiens, les Observations de Louise Bourgeois sont une série d'études de cas fondées sur son expérience personnelle de professionnelle de l'accouchement et des gestes de soin[5].

Dans ce livre, elle signale que la stérilité du couple peut être d'origine masculine, même si, comme les médecins de cette époque, elle confond aptitude à procréer avec vigueur sexuelle[6]. Elle identifie le rôle de la malnutrition sur la santé du fœtus, et elle est la première à prescrire l'administration de fer pour soigner l'anémie. Elle met en avant l'importance des connaissances en anatomie pour les sages-femmes, et prie les médecins d'autoriser celles-ci à assister aux conférences et aux travaux de dissection[1]. Elle insiste sur le fait, que, parce qu'elle est une femme, elle est plus à même de comprendre le corps féminin et de vaincre les réticences des parturientes liées à la pudeur féminine[2].

En 1636, les sages-femmes parisiennes lancent une pétition auprès de la Faculté de médecine pour que Louise Bourgeois soit autorisée à leur donner des cours d'obstétrique, mais ce droit leur est refusé. Par la suite, une de ses élèves, Marguerite du Tertre de la Marche, est toutefois nommée responsable des sages-femmes à l'Hôtel-Dieu, et parvient à refondre le contenu de leur formation[1].

Travaux

  • 1609 - Observations diverses sur la stérilité… ; Perte de l'œuf après la fécondation ; Fécondité et Accouchement ; Maladies de la femme et du nouveau né. Le livre donne des informations pratiques sur l'obstétrique. Peu de textes de ce type existent à cette époque. Son livre, qui contient des références à plus de 2 000 accouchements, est traduit en latin, en allemand, hollandais et anglais et utilisé à partir des années 1700, . La traduction anglaise de son ouvrage, parue en 1656, s'éloigne considérablement de l'original en déformant les propos de Louise Bourgeois afin de réduire le rôle des sages-femmes au profit des chirurgiens[7].
  • 1617 - Observations diverses sur la stérilité…, édition complétée de la théorie obstétrique développée en 1609. Elle contient aussi un recueil de « Conseils à ma fille ».
  • 1626 - Observations diverses sur la stérilité…, édition complétée avec ajouts de traitements comme les doses de fer pour traiter l'anémie.
  • 1634 - Recueil des secrets de Louise Bourgeois, dite Boursier traitements comme la version podale (faire tourner le bébé dans certaines situations, de façon qu'il puisse être délivré les pieds en premiers), dont la connaissance devient largement accepté par les sages femmes européennes et par les médecins, .

Sources écrites

  • (en) Notable women scientists de Pamela Proffitt, biographie de 500 femmes, « Louyse Bourgeois (1563-1636) French obstetrician », p. 53-54
  • (en) A Sketch of the Life and Writings of Louyse Bourgeois: Midwife to Marie De Medici, the Queen of Henry IV of France, Philadelphia: Collins, 1876

Notes et références

  1. (en) Pamela Proffit (dir.), Notable Women Scientists, Gale group, 1999, (ISBN 0-7876-3900-1), P. 53-54
  2. Alison Klairmont Lingo, « Connaître le secret des femmes : Louise Bourgeois (1563-1636)‚ sage-femme de la Reine‚ et Jacques Guillemeau (1549-1613)‚ chirurgien du Roi », dans Enfanter dans la France d’Ancien Régime, Arras, Artois Presses Université, coll. « Études littéraires », (ISBN 978-2-84832-418-0, lire en ligne), p. 113–126
  3. Biographie de Louise Bourgeois
  4. Jacqueline Vons, "Bourgeois, Louise (1563-1636)", dans : Le Monde médical à la cour de France. Base de données publiée en ligne sur Cour de France.fr [lire en ligne].
  5. Ophélie Chavaroche, « Toucher le corps des femmes au XVIIe siècle : empirisme‚ soin et savoir dans les écrits médicaux de Louise Bourgeois dite Boursier », dans Enfanter dans la France d’Ancien Régime, Arras, Artois Presses Université, coll. « Études littéraires », (ISBN 978-2-84832-418-0, lire en ligne), p. 99–112
  6. Jacques Gonzalès, Histoire naturelle et artificielle de la procréation. Larousse-Bordas, Paris 1996. (ISBN 2-04-027186-4). p. 133 et 134.
  7. Stephanie O’Hara, « La représentation de Louise Bourgeois dans une traduction anglaise du XVIIe siècle : histoire de l’obstétrique‚ traduction et genre », dans Enfanter dans la France d’Ancien Régime, Arras, Artois Presses Université, coll. « Études littéraires », (ISBN 978-2-84832-418-0, lire en ligne), p. 127–137
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