Louis René Vialy
Louis-René Vialy, également orthographié Vially, Viali ou Viallis est un peintre français né à Aix-en-Provence en 1680 et mort à Paris le .
Biographie
Fils de Jacques Vialy, peintre sicilien né à Trapani et établi en Provence, Louis-René Vialy commence sa carrière comme décorateur de chaises à porteur ainsi que l’atteste Mariette : « c’étoit un goût très répandu en Province d’avoir des chaises ornées » [1].
Son père avait été naturalisé français par des lettres enregistrées à la cour des comptes d’Aix-en-Provence en 1720[2] et mourut à Aix le , à l'âge de 95 ans. Il fut enseveli le lendemain dans l'ancienne église paroissiale de La Madeleine, auprès de Jean-Baptiste van Loo qui était mort le 29 septembre de la même année.
Louis-René fut tout d’abord élève de son père et fréquenta très tôt les Vernet dont Antoine, peintre décorateur, était un familier de Jacques de Vialy. On prête généralement à Louis-René l’honneur d’avoir formé le jeune peintre de marines Joseph Vernet[3] mais c’est à Jacques que revient en réalité cette formation[4]. Louis-René peindra en 1752 le portrait au pastel de Vernet[5] et possèdera quelques toiles du paysagiste[6].
Mariette lui attribue également l’orientation professionnelle du graveur Jean-Joseph Balechou.
Vialy semble s’être installé à Paris dans les années 1750, rue d’Argenteuil, derrière l’église Saint Roch. On trouve sa trace comme peintre de portraits aux salons de l’Académie Royale de Saint-Luc où il expose en 1752, 1753 et 1756 sous le titre de « peintre du Roi » et de membre de l’Académie de Saint-Luc.
Mais auparavant, il travaille pour le célèbre peintre de portraits Hyacinthe Rigaud dans l’atelier duquel on le retrouve dès 1712 puis en 1714 sous le nom de « Vial »[7]. Il a alors tout juste 32 ans. Ce passage ne nous semble aujourd’hui pas anecdotique car on connaît les relations qu’a eu le peintre catalan avec la famille des Van Loo[8], lors de son passage lyonnais puis à Paris[9].
À son décès, Louis-René Vialy demeurait rue des Aveugles, sur la paroisse Saint Sulpice, au-dessus de la boutique d’un perruquier.
Il semble de Vialy ait surtout utilisé la technique du pastel, même si l’on connaît aujourd’hui quelques œuvres à l’huile. Dans son Dictionnaire des Pastellistes, Neil Jeffarès décrit les visages de l’artiste comme « facilement reconnaissables : peu expressifs comme ceux de Allais, ils se distinguent par une certaine douceur. […] Les yeux sont liquides avec la lumière de l’œil en point blanc assez haut à gauche. Il a un traitement caractéristique des tissus avec des plis serrés et des reflets ».
La technique au pastel de Vialy correspond au goût de son siècle, héritant ses attitudes en buste de celles de ses contemporains et de Louis Vigée. Par contre, ses toiles adoptent des postures dont la dette est avouée à Hyacinthe Rigaud, tel le portrait de femme en Hébé passé en vente en 2007 ou à d’autres artistes dont il singe les œuvres. C’est notamment le cas du portrait du Régent[10], repris d’après le tableau fait par Jean-Baptiste Santerre en 1717 et dont un exemplaire est actuellement conservé au musée du Prado à Madrid[11].
Œuvres
Vialy expose principalement au Salon de l'Académie de Saint-Luc :
- Salon de 1752
- 230. Le Portrait de M. le Comte de Vance, Colonel du Régiment Royal Corse, Maréchal de Camp des Armées de Sa Majesté[12].
- 231. Le Portrait de Madame la Vicomtesse de Vance, peinte en Vestale.
- 232. Le Portrait de M. Duriny, Nonce de Sa Sainteté à la Cour de France[13].
- 233. Le Portrait de M. le Comte de Bonneval, pâcha à trois Queues, Gouverneur de Caramanie.
- 234. Le Portrait de M.***
- 235. Le Portrait de M. de***
- 236. Le Portrait de Mademoiselle***, peinte en Muse, avec tous les Attributs de Melpomène & de Thalie, assise au pied du Mont Parnasse.
- Salon de 1753
- 133. Le Portrait de Dom Philippe, Infant d'Espagne, duc de Parme[14].
- 134. Le Portrait de M. le Chevalier de Perrin[15].
- 135. Le Portrait de M. Danthoine, Trésorier & [premier] Écuyer de Madame Infante, Duchesse de Parme.
- 136. Le Portrait de M. Duchesneau, Chevalier de l'Ordre Hospitalier de Saint-Lazare[16].
- 137. Le Portrait de M. Desilant.
- 138. Le Portrait de M. Destourettes, Agent de la Ville d'Avignon[17].
- 139. Les Portraits de M. Franque, Architecte de l'Hôtel Royal des Invalides[18], & de Madame son épouse.
- 140. Le Portrait de M. Hemmery[19].
- 141. Les deux Portraits de Mme de Torram, & celui de M. son Frère. Le Portrait de Mademoiselle ***, habillée à la Grecque.
- Salon de 1756
- 87. Trois Esquisses, Sujets de la Fable. La première représente Diane qui vient surprendre le Berger Endimion endormi. La seconde représente la Métamorphose de Clity en pavots & tournesols. Et la troisième représente Vulcain & Venus dans les Forges de Lemnos, avec les Cyclopes qui forment les armes d'Achille, toile de 20.
- 88. Quatre Tableaux représentans Marines, Paysages, & les quatre points du Jour historiés, Figures & Animaux. La Marine représente le coucher du Soleil ; un Vaisseau arrive pour entrer dans le Port, d'autres au mouillage; nombre d'autres Bâtimens, Flûtes, Barques & Chaloupes, Figures de différentes Nations sur le quay & sur le rivage ; ainsi des autres Tableaux fur toile de 40, du même Numéro.
- 89. Deux Tableaux en hauteur, toile de 20.
- 90. Une Marine représentant un Soleil couchant, toile de 8, qui a été fait pour le Cabinet de M. le Comte de Vance.
- 91. Le Portrait de Madame la Duchesse de Lauraguay, en Cordelière, peint en pastel, toile de 20.
- 92. Six petits Tableaux représentans Marine, & Paysages, l'un le Levant, les autres le Couchant, & un clair de Lune ornés chacun de figures; toile de 8, 6 & 4.
- 93. M. le Cardinal d'Uriny, ci-devant Nonce en France, peint en pastel sur toile de 12.
- 94. Le Portrait de Madame la Comtesse de la Guiche, en Nayade, peint à l'huile, toile de 25.
- 95. Annibal Camoux, né en 1638, peint à l'huile d'après lui-même, à Marseille, à l'âge de 112 ans [sic], âgé maintenant de 118 ans passés, aussi frais & bien portant qu'il est représenté dans le Portrait. Une partie de ces Tableaux appartiennent à l'Auteur[20].
- 96. Un Tableau pour M. le Comte de Vance, représentant un Fort de Mer orné de beaucoup de Figures, où le Soleil paroît se coucher dans la Mer, toile de 8.
- Portrait de Philippe d’Orléans, Régent de France. Huile sur toile, 133 × 90 cm. Signé et daté en bas à droite : « fecit par R. Vialy 1718 ».
- Portrait de jeune femme en Hébé. Huile sur toile, 67 × 55 cm. Signée et datée en bas à gauche : « L. R. Vialj pinxit / 1753 ». Vente Paris, hôtel Drouot, Piasa, , lot. 97.
- Portrait présumé de madame de Musset. Pastel, 58,5 × 47,5 cm. Signé et daté 1751 en bas à droite. Vente Paris, hôtel Drouot, , lot. 80.
- Portrait d’homme en habit bleu, dit Autoportrait (Neil Jeffarès). Pastel, 46 × 38 cm. Signé et daté en bas à gauche : « Vialy pinxit 1742 ». Vente Lille, Mercier & Cie, , lot. 358 (non vendu) ; vente Paris, May Duhamel & Associés, , lot. 296.
- Portrait d'Angélique-Louise La Rochefoucauld (1733-1794), vicomtesse de Vence en Vestale. Pastel, 49 × 59 cm. Signé : « Vialj / pinxit 1751 - ». Vente Paris, Pascal Blouet, , lot 15. Exposé au salon de l’Académie de Saint-Luc en 1752 sous le numéro 231.
- Portrait de Joseph Vernet, peintre. Pastel, daté et signé : « L. R. Vialj / pinxit / 1752 ». Paris, musée de la marine.
Notes
- Pierre-Jean Mariette, Abecedario de P.-J. Mariette et autres notes inédites de cet auteur…, ouvrage publié par Ph. de Chennevières et A. de Montaiglon, 6 vol., Paris, 1851-1860
- Reg Papyrus, fol. 216. Cité dans Roux Alphéran, 1846, I, p. 86
- N. Jeffarès, 2006, p. 338.
- Lagrange, 1864, p. 5-6.
- Paris, musée de la Marine
- Tel ces deux tableaux exposés au Salon de *1757 : « Deux tableaux de chacun de deux pieds six pouces sur deux pieds – n° 66. L’un représente une Mer par un temps d’orage ; N°67. L’autre un paysage avec une chute d’eau. Ces tableaux appartiennent à M. Viali. » cf. Lagrange, 1864, p. 464.
- J. Roman, 1919, p. 165.
- Encore mal connues les œuvres des Van Loo furent souvent attribuées à Rigaud tel le portrait d’homme actuellement conservé au Museum of Fine Arts de Boston (Inv. 37.1211), signé « JEAN VANLOO » et en réalité de Jean Van Loo (actif entre 1682 et 1694) après avoir également été donné à Jean-Baptiste Van Loo…
- Rigaud suggérera le nom de Louis-Michel Van Loo, en 1737, lorsqu’il s’agira de trouver un peintre officiel à la cour de Madrid.
- Provenance : Vente d'une grande collection princière et divers, Paris, Drouot Montaigne, Picard, 22 juin 1992, lot. 10 reproduit.
- Voir le catalogue de l'exposition ‘’L'Art européen à la Cour d'Espagne au XVIIIe siècle’’, Paris, 1979, n° 79 reproduit.
- Jean Alexandre Romée de Villeneuve-Vence, marquis de La Garde-Adhémar (Vence 1727 - Aix-en-Provence 1776). Il épousa le modèle suivant le 24 mai 1751.
- Mentionné dans l'inventaire après décès de Vialy sous le numéro 12 : « Cardinal de Ligny. Pastel, sous verre et bordure dorée, 36 livres. » Il fut non ce du pape en France en 1744 et nommé cardinal en 1753.
- Gravé par Jean-Joseph Balechou entre 1740 et 1764.
- Denis-Marius de Perrin (1682-1754), natif d'Aix-en-Provence, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, ami de la famille de Simiane et premier éditeur officiel des lettres de madame de Sévigné, en 1734-1737, puis en 1754.
- Jean Odile Martin, dit « Martin du Chesneau », capitaine au régiment de Piémont-Infanterie, commandeur de l'Ordre de Saint Lazare.
- Joseph-César de Villeneuve, seigneur de Tourettes. Mentionné dans l'Inventaire après décès de Vialy sous le numéro 12 (36 livres).
- Neil Jeffarès hésite entre Jean-François Franque (1689-1758) (qu'il faut plutôt lire Jean-Baptiste Franque, 1683 - 1758) ou son fils François II (1710 - 1793), « François II » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne. Mais seul François II Franque a travaillé à Paris et porté le titre d'architecte de l'Hôtel Royal des Invalides.
- Directeur de l'Académie de Saint-Luc
- « On doit donner incessâmment le Portrait d'Annibal de Marseille mort le 18 août 1759 âgé de 122 ans, né sous le règne de Louis XIII, le 10 mai 1638, même année de Louis XIV. Il a toujours servi en qualité de Soldat sur les galères. Il a été peint en 1748 d'après lui-même à Marseille par M. Viali, Peintre du Roi qui a eu l'honneur de peindre avec succès Sa Majesté en 1716. Il est gravé par M. Lucas, Graveur à Paris. Les Estampes se vendront chez la Veuve Chereau, rue St. Jacques ; chez Joulain, quai de la Ferraille ; chez Buldet, rue de Gêvres & chez M. Viali, Peintre, Rue d'Argenteuil derrière St. Roch. » Mercure de France, décembre 1759, p. 172.
Bibliographie
- Roger-Armand Weigert, « Testament et inventaire après décès de Louis-René Vialy: Louis-René Vialy », dans Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, Paris, 1931, pp. 146–58 (Archives Nationales, vol. LXV, ).
- Roux Alphéran, Les rues d’Aix ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence par Roux-Alpheran, Aix, 1846.
- Neil Jeffares, Dictionary of Pastellists Before 1800, Unicorn, 2006, p. 338.
- Léon Lagrange, Joseph Vernet et la peinture au XVIIe siècle : Avec le texte des Livres de raison, et un grand nombre de documents inédits, Paris, Didier, 1864.
- J. Guiffrey, Livrets des expositions de l’Académie de Saint-Luc à Paris, pendant les années 1751, 1752, 1753, 1756, 1762, 1764 et 1774, avec une notice bibliographique et une table, Paris, Baur et Détaille, 1872.
Galerie
- Angélique-Louise de La Rochefoucauld, vicomtesse de Vence en Vestale (1751)
- Don Philipp, infant d'Espagne gravé par Jean-Joseph Balechou (1740)
- Portrait de femme travestie en Hébé (1753)
Liens externes
- Notice du Dictionnaire des Pastellistes (en anglais)
- Notice sur la comtesse de Vence sur le site LOF
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