Louis Camaret
Louis Camaret, né le à Assérac et mort le à Paris, était un recteur d'académie, notamment de Douai de 1842 à 1852.
Biographie
Issu d’une famille modeste[1], Louis Camaret est le fils d’un paludier de la côte atlantique, plus exactement du bourg de Barzin qui dépend de la commune d’Assérac[2].
Premiers pas dans l'administration scolaire
En dépit de cette basse extraction, Louis Camaret parvient à obtenir le baccalauréat puis une licence de droit et enfin un doctorat de littérature[3], études menées en parallèle des postes qu’il va successivement occuper au sein de l’instruction publique avec un sens de la mobilité géographique qui étonne aujourd’hui.
En 1813, régent de « 2° classe élémentaire » au collège d’Ancenis, il passe deux ans plus tard « régent de seconde » dans le même établissement. En 1823, il est nommé « censeur des études » au collège royal de Reims, puis, en 1826, dans ces mêmes fonctions, au lycée de Lyon. En 1827, à 32 ans, Camaret obtient le poste de principal du collège royal de Reims, avant d’être nommé en 1829, inspecteur de l’académie de Dijon (qui étaient à cette époque les adjoints du Recteur chargés de contrôler les écoles primaires).
L’année suivante, il effectue un intérim dans sa région d’origine, étant « chargé d’administration » au collège royal de Nantes. En 1832, repartant vers l’est, Camaret devient principal du collège de Chalons-sur-Marne. En 1838, mouvement inverse vers l’ouest natal, il est nommé proviseur du collège royal de Bourbon-Vendée, future Roche-sur-Yon. Enfin, l'année suivante, il prend la direction du lycée royal de Rennes.
Recteur de l'académie de Douai
Sa bonne manière de servir – saluée en 1838 par l’obtention de la Légion d’honneur – lui vaut de surcroît d’obtenir à partir de Rennes le poste prestigieux, en 1842, de recteur de l’académie de Douai où il reste cinq ans. Il rejoint en effet l’académie d’Amiens en 1847 mais dès cet instant, Camaret va vivre les bouleversements que provoquent les lois qui modifient régulièrement l’organisation de l’instruction publique de la fin de la monarchie de Juillet au Second Empire, en passant la IIe République.
De fait, la loi du , qui crée vingt académies républicaines, conserve l'académie de Douai dès lors agrandie de la Somme qui s’ajoute au Nord et au Pas-de-Calais. La suppression de l’académie d’Amiens (découpée au bénéfice de ses voisines), en 1849, oblige donc son Recteur à retrouver l'académie de Douai. En , avec la loi Falloux, Camaret revient « recteur départemental de l'académie du Nord », en résidence à Douai, fonctions qu’il assure jusqu’à sa retraite en . À cette date, il existe autant de recteurs que de préfets, le ressort d'exercice des premiers étant le périmètre départemental.
Fin de carrière et postérité
S’il décède à Paris en 1860, Louis Camaret s’était toutefois établi dans le Nord par son mariage en 1843 avec Aline Boursier. Cette dernière, née en 1810 à Valenciennes, décédée en 1890, dont la famille avait, sans doute lors de la vente des biens nationaux, acquis le château de Ruesnes près du Quesnoy, était issue d’une lignée de mulquiniers, négociants en batiste et en toilette.
Outre son fils, Adrien, né à Douai en 1844, devenu ensuite docteur en droit, avocat à Paris mais aussi maire de Ruesnes comme son oncle Boursier avant lui[4], Camaret avait une fille, Yvonne, née en 1846 et décédée en 1930, mariée dans la commune en 1865 avec Anatole Lambert de Beaulieu, avocat puis magistrat.
Le château de Ruesnes, qui existe toujours en dépit des destructions subies lors de la Grande Guerre, est resté en possession de la famille Camaret puis Beaulieu de Lambert jusqu’en 1924[5].
Citations
L’inspecteur général qui le visite en 1850 à Douai au moment de désigner les futurs « recteurs départementaux » indique dans son rapport, non sans nuances, que « M. Camaret a beaucoup d’expérience des affaires. Comme administrateur, il a de l’autorité et une réputation méritée de capacité. Ses manières sont graves et dignes. Il a de la circonspection, de la réserve, quelquefois peut-être jusqu’à l’excès. Sur plusieurs points, il ne s’est ouvert que tardivement et comme en hésitant à l’inspecteur général. Peut-être aussi ne prend-il pas tout à fait assez de soin au régime des études (…). Il attache surtout peu d’importance à l’enseignement historique qui est mal dirigé et ne produit que de faibles résultats dans la plupart des collèges communaux de son académie. »[6].
Notes et références
- Comme l'indique Jean-François Condette, le dossier du recteur Camaret apparaît dans les archives très lacunaire. Il est donc difficile d'apprécier son origine sociale, sinon par le métier de ses parents, notamment celui de son père, paludier. Pour autant, son parcours universitaire se rapproche de celui de son frère Jacques (né en 1800 à Assérac, décédé en 1867 à Vauxbuin, avoué à Paris en 1833). Si Jacques réside quai des Augustins quand Louis habite boulevard Saint-Germain, leur réussite professionnelle et matrimoniale (dynastie des Boursier pour Louis, Larcher de Saint Vincent pour Jacques) permettent de s'interroger sur l'étendue des appuis dont ils ont pu bénéficier. Il reste certain que le recteur Camaret était favorable à la monarchie de juillet qui le lui a bien rendu, sachant qu'il prend sa retraite au moment de l'Empire en 1852.
- Ses parents sont Louis - qui, né en 1751, sait néanmoins signer - et Marthe Lefeuvre. Son acte de naissance a été reconstitué par un acte du tribunal de Savenay de 1839 du fait de la destruction des registres d’état-civil durant les guerres de Vendée. Ces derniers apparaissant toutefois intacts et complets jusqu'à aujourd'hui, il est possible de supposer qu'à l'inverse de ses frères et sœur, il n'ait pas été déclaré en mairie lors de sa naissance.
- Œuvre de petite importance – 32 pages imprimées seulement – De l’éloquence de la tribune, publiée en 1831 à Paris, chez Fain.
- Adrien Camaret, après le collège de Douai, a été élève du lycée Louis-le-Grand. Admis au stage en 1865, il exerce au barreau de Lille jusqu’en 1874, date à laquelle il rejoint la cour d’appel de Paris. Connu pour sa droiture et son souci des gens de peu – il se présentait selon ses collègues comme « l’avocat des pauvres » - il est décédé à Ruesnes en 1901.
- Le monument aux morts de Ruesnes, a été réalisé par Aline Lambert de Beaulieu, née en 1872 et décédée en 1941, infirmière-major durant la guerre et sculpteur, qui en a fait don à la commune.
- Jean-François Condette, op. cit. pages 97-98.
Voir aussi
Bibliographie
- Bruno Poucet, Les Successions rectorales dans l’académie d’Amiens depuis 1808, Carrefours de l'éducation, 2008, no 26.
- Jean-François Condette. Les Recteurs d'académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. Paris : INRP, 2006.
Liens externes
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