Lette

La lette (ou lète ou lède) est l'appellation régionale des Landes de Gascogne d'une dépression inscrite entre deux dunes de la zone littorale. Dans le Nord de la France, le terme correspondant est panne.

Cet article concerne les Landes de Gascogne. Pour la langue lettone ou lette, voir Letton. Pour le peuple letton ou lette, voir Lettons.

Dépression à l'arrière du cordon dunaire de Contis (vue du phare de Contis)
Lette de la Côte à Mimizan, petit étang de la Mailloueyre
Lette de la Côte à Mimizan, entre cordon dunaire et dunes boisées

Étymologie

Le terme de lette est la francisation du gascon leta ou leda, lui-même issu du latin latus, lata : large.

Présentation

Les lettes font partie des écosystèmes littoraux dunaires aquitains. Si on considère un transect complet (théorique) à travers l'édifice dunaire, on rencontre une succession de paysages parallèles au rivage, depuis le haut de plage, la dune embryonnaire, la dune blanche ou mobile, la dune grise ou semi-fixée puis la dune noire fixée ou lette grise et enfin, les ourlets et manteaux préforestiers jusqu'à la dune boisée.

La lette grise correspond à une dépression interdunaire, une gouttière longitudinale bien représentée sur certains secteurs du bas Médoc. Le fonctionnement biologique est très différent entre de la dune blanche, mobile (sable en mouvement) avec un taux de matière organique faible et la dune noire fixée, enrichie en humus. Les contraintes de ces milieux successifs (salinité, ensablement, mobilité sableuse, abrasion, alimentation en eau, xéricité et thermophilie, etc.) amènent les espèces qui les colonisent à développer des adaptations propres.

Selon Corine Biotope, les lettes ou pannes humides sont occupées notamment par une végétation de gazons ou de pelouses pionniers comme l'association Juncenion bufonii, c'est-à-dire des formations pionnières des sables humides avec Samolus valerandi, Centaurium spp., Blackstonia perfoliata, Juncus bufonius, etc. Ces pelouses pionnières varient en fonction de la qualité des paramètres liés aux sables humides, comme la durée d'inondation. On trouve également des associations à Petite Centaurée (Centaurium littorale) et Sagine noueuse (Sagina nodosa var. moniliformis) ou à Samole de Valerand (Samolus valerandi) et Littorelle des lacs (Littorella uniflora).

Dans certains secteurs du bas Médoc, un faciès régressif à Artemisio-Ephedretum distachyae dominant et Sileno-Helichrysetum stoechadis caractérise le paysage. Les belles lettes sont colonisées et fixées par de vastes tapis d'Ephedra (Ephedra distachya). Mais les lettes subissent de profondes incisions de leur couverture végétale ; les tapis d'Ephedra sont soumis à une forte reprise des phénomènes de déflation. L'action conjuguée de l'érosion éolienne forte et du recul important du trait de côte par érosion maritime, ajoutée à l'action anthropique (véhicules tout-terrain, moto-cross pourtant interdits), font peser une sérieuse menace sur un écosystème dunaire d'intérêt biotique et patrimonial majeur.

Les lettes apparaissaient jadis, avant que les dunes ne soient fixées, comme des oasis entre les dunes sauvages, aujourd’hui boisées, du « désert landais ». Elles étaient, selon le niveau de l'eau, marais pour la pêche ou la chasse au canard, pâture pour les vaches marines ou les chevaux sauvages, refuges des buissons entre les sables arides. De nos jours, grâce à l'assainissement et la mise en valeur des Landes de Gascogne, l'eau s'y est faite plus rare et les blosas, sables mouvants d'antan, n'y apparaissent plus comme dangereuses.

Des lettes sont toujours visibles, de Tarnos au Médoc, le long de la côte landaise façonnée par la main de l’homme. Elles sont un des éléments du relief tourmenté situé à l’arrière du cordon dunaire, qui mêle arbousiers (ledonèirs ou pomèrs d’auledon; Hippophae rhamnoides) à des bas-fonds parfois humides (cròts ou cròhòts en forêt médoquine). Les deux étangs de la Mailloueyre s'inscrivent dans une lette de la Côte de Mimizan.

Citations

« [...] Je marche. Je cours. La pluie, soudain, frappe mon visage, mes yeux. Elle pique comme le sable qui, l’été, s’échappe des dunes. Avant la guerre, il me surprenait souvent, vent d’aiguilles qui assaillait la lède et l’estran, m’obligeait à remonter la plage, à faire demi-tour et à me réfugier dans les bruyères […] »

 Arnauld Pontier, Les Fourmis (extrait), Écrits… Vains, 2006 et Atramenta, 2014.

Sources

  • Dictionnaire de la Lande française, Charles Daney, Éditions Loubatières.
  • L'invention de la Côte d'Argent, Jean-Jacques Fénié, Éditions Confluences.
  • Corine Biotope.

Liens internes

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