Leslie Feinberg

Leslie Feinberg, née le à Kansas City (Missouri, États-Unis) et morte le à Syracuse (État de New York), est une autrice américaine lesbienne butch transgenre[1], militante communiste et pour les droits des personnes transgenres.

Biographie

Leslie Feinberg naît le dans une famille blanche ouvrière et juive. Elle grandit en tant que lesbienne butch dans les années 1960, dans la culture des bars gays de Buffalo, dans l'État de New York[2],[3]. Elle se décrit également comme communiste et antiraciste. Elle est membre du Parti du monde des travailleurs et écrivait pour son journal officiel, Workers World[4].

Elle commence à travailler à 14 ans pour subvenir à ses besoins, et découvre à cette époque la culture des bars gays de Buffalo. Elle quittera à l’adolescence sa famille biologique qui était hostile à son orientation sexuelle et son expression de genre[5].

Elle vit avec l'essayiste et poétesse lesbienne Minnie Bruce Pratt, sa partenaire pendant 22 ans, et épouse à partir de 2011[6].

Elle publie plusieurs essais sur le mouvement transgenre, et deux romans : Stone Butch Blues et Drag King Dreams. Elle a par ailleurs travaillé sur un projet de photographies, documentant son voisinage à Syracuse depuis la fenêtre de son appartement, lorsqu'elle ne pouvait pas se déplacer ou parler à cause de ses problèmes de santé[7].

Ses ouvrages ainsi que son militantisme ont eu une influence importante sur les luttes pour les droits LGBT[1],[2]. Le magazine Curve la liste en 1998 comme l'une des 15 personnalités les plus influentes dans les luttes gaies et lesbiennes[2].

Elle décède en 2014 de complications liées à la maladie de Lyme, dont elle souffrait depuis les années 1970[1]. Peu de choses étaient connues à cette époque sur cette maladie, et elle fut diagnostiquée et soignée seulement à partir de 2007. Elle attribue ses graves problèmes de santé non seulement aux lacunes de la science concernant la maladie de Lyme, mais également à l'intolérance et aux préjugés, car en tant que personne transgenre, elle s'est vu refuser l'accès à des soins de santé, qui lui étaient difficilement accessibles[8],[7]. La discrimination l'a également empêchée d'obtenir un travail stable[5],[7].

Ses derniers mots furent « Hâtez la révolution! Souvenez-vous de moi comme d'une communiste révolutionnaire[7] ».

Activisme

Feinberg, malgré le succès de ses écrits dans le monde académique, s'est toujours sentie davantage appartenir à la classe ouvrière. Elle était active dans les mouvements anti-guerre, pro-travailleurs et anti-raciste, et participe en 1974 à l'organisation de la marche contre le racisme de Boston. En 1988, avec d'autres organisateurs elle bloque la marche du KKK[7]. Elle fut très active dans la défense de CeCe McDonald, une jeune étudiante transgenre Afro-américaine qui s'est vue condamnée à 41 mois de prison dans une prison pour hommes pour s'être défendue contre une agression en 2012.

Leslie Feinberg fut la première à défendre le concept de libération transgenre. Son militantisme avait pour visée d'unir différentes minorités, de créer des alliances entre tous les groupes opprimés[2],[7]. Elle défendait l'auto-détermination des individus, nations et groupes opprimés[5].

Stone Butch Blues

Leslie Feinberg publie Stone Butch Blues en . Il s'agit d'un roman, partiellement inspiré de sa propre expérience en tant qu'ouvrière et lesbienne butch, qui décrit les questionnements d'identité de genre et la vie de Jess, une lesbienne stone butch, dans le contexte de répression violente du Buffalo des années 1950 : humiliations de la part de la police et du public, arrestations des propriétaires de bars gays, outing dans les journaux et refus de soins de la part de médecins, raids dans les bars puis viols par la police, ainsi qu'hospitalisations en psychiatrie[1],[2],[7],[9]. À propos du possible caractère autobiographique de l'ouvrage, elle déclare « Il faut avoir vécu la réalité pour écrire la fiction ».[9]

Le roman gagne en 1994 le Stonewall Book Award, dans la catégorie littérature[10]. Réédité dans une dernère version en 2014, il est disponible en anglais sur son site personnel[11]. Il a été traduit dans de nombreuses langues, notamment en allemand, en espagnol, en chinois et en serbo-croate.

C'est cette dernière version de 2014 qui a été traduite en français au XXIeme siècle[12] par un collectif de personnes trans et non binaires, et éditée en par les membres bénévoles de la maison d'édition associative Hystériques et associées.

Ce roman reste une référence pour les communautés lesbienne et trans, et pour les personnes vivant une masculinité non conforme à leur genre assigné.

Transidentité

Feinberg se dit transgenre car assignée femme à la naissance mais perçue comme un homme en raison de son expression de genre[6].

En 1996, elle affirme avoir eu recours à deux reprises à la chirurgie et aux hormones et ne pas exclure d'y avoir à nouveau recours ensuite, à sa discrétion[13].

Dans son ouvrage "Trans Liberation: Behond Pink or Blue" paru en 1998, Feinberg décrit dans le chapitre "We Are All Works In Progress" son expérience de mort imminente consécutive à un refus d'un médecin de la soigner, après qu'il a découvert sa transidentité[2],[8]. Cette expérience survient en 1996, après qu'elle a souffert pendant un an de maladie, une endocardite[8].

Dans une interview accordée en 2006, elle déclare, à propos des pronoms qu'elle utilise :

« Pour moi, les pronoms sont toujours placés dans un contexte particulier. J'ai un corps de femme, je suis une lesbienne butch, une lesbienne transgenre - utiliser "elle" pour parler de moi est approprié, en particulier dans des contextes non-trans où utiliser "il" réglerait en apparence le conflit entre mon sexe de naissance et mon expression de genre, et rendrait mon expression transgenre invisible. […] Et dans tous les espaces trans, utiliser "il" honore mon expression de genre de la même façon qu'utiliser "elle" pour mes sœurs les drag queens[14] »

Elle affirme également apprécier l'usage du pronom neutre "ze/hir" utilisé en anglais, car il ne permet pas de « s'accrocher à des suppositions de genre/sexe/sexualité à propos d'une personne que vous allez ou venez juste de rencontrer[1],[14] ». Dans la nécrologie rédigée par son épouse, c'est le féminin qui est utilisé[5].

Œuvres

  • Transgender Liberation: A Movement Whose Time Has Come, World View Forum, 1992. (ISBN 0-89567-105-0)
  • Stone Butch Blues, San Francisco: Firebrand Books, 1993. (ISBN 1-55583-853-7) [Traduction en français : Stone Butch Blues, Hystériques & Associé-e-s, 2019]
  • Transgender Warriors: Making History from Joan of Arc to Dennis Rodman Boston: Beacon Press, 1996. (ISBN 0-8070-7941-3)
  • Trans Liberation: Beyond Pink or Blue. Beacon Press, 1999. (ISBN 0-8070-7951-0)
  • Drag King Dreams. New York: Carroll & Graf, 2006. (ISBN 0-7867-1763-7)
  • Rainbow Solidarity in Defense of Cuba. New York: World View Forum, 2009. (ISBN 0-89567-150-6)

Distinctions

Références

  1. (en-US) « Leslie Feinberg - Alchetron, The Free Social Encyclopedia », sur Alchetron.com (consulté le ).
  2. (en) « Leslie Feinberg »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) [PDF], GLBT History Month, , p. 1.
  3. (en) « Leslie Feinberg », sur www.transgenderwarrior.org (consulté le ).
  4. Articles de Leslie Feinberg pour Workers World.
  5. (en) « Transgender Pioneer Leslie Feinberg of Stone Butch Blues Has Died », Advocate, (lire en ligne, consulté le ).
  6. Martin Pengelly, « Leslie Feinberg, Stone Butch Blues author and transgender campaigner, dies at 65 », The Guardian, 17 novembre 2014.
  7. « Leslie Feinberg: Transgender Warrior », sur Socialist Alternative, (consulté le ).
  8. Leslie feinberg (trad. Vendredi 13, la petite murène), Nous sommes toutEs en devenir!, (lire en ligne), p. 3
  9. « A transgender warrior spreads the word to Taiwan - Taipei Times », sur www.taipeitimes.com (consulté le ).
  10. (en-GB) Martin Pengelly, « Leslie Feinberg, Stone Butch Blues author and transgender campaigner, dies at 65 », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  11. http://www.lesliefeinberg.net/
  12. « « Stone Butch Blues » de Leslie Feinberg, enfin une édition française », sur heteroclite.org,
  13. (en) « Traversing Boundaries of Gender. Two Books Challenge Conventional Notions. », St. Louis Post - Dispatch, .
  14. (en) Jamie Tyroler, « Interview with Leslie Feinberg », Transmissions,
  15. Michael Schaub, « Author and transgender activist Leslie Feinberg is dead at 65 », The Los Angeles Times, 18 novembre 2014.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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