Les Mystères de Londres

Les Mystères de Londres est un roman feuilleton écrit et publié en 1844 par Paul Féval (père).

Pour l’article homonyme, voir Les Mystères de Londres (film).

Les Mystères de Londres
Auteur Paul Féval
Pays France
Genre Roman policier
Lieu de parution Paris
Date de parution 1844
Paul Féval - photo d'Étienne Carjat, 1870

Résumé

Années 1840.

Tout Londres parle des frasques du marquis de Rio-Santo, un dandy « insolent » dont la richesse paraît sans limite. Rio-Santo subjugue l'aristocratie partout où il passe et règne en même temps sur les bas-fonds de la capitale britannique !

Car en dépit de son nom, Rio-Santo est irlandais et il est le chef d'une association de malfaiteurs baptisée « Les Gentilshommes de la nuit »: il prépare en secret une révolution destinée à libérer l'Irlande du joug anglais. Complots, poursuites, assassinats, l'auteur entraîne le lecteur à un rythme d'enfer, de rebondissements en rebondissements, d'une fausse piste à une autre dans le Londres de Charles Dickens. Un des premiers romans noirs modernes[1].

Il est simplement impossible de résumer l'intrigue de cette fresque littéraire à quelques lignes, car elle fait intervenir plus de quarante personnages, en 11 volumes de près de 400 pages (folio) chacun.

Historique

Dû à sa proche inspiration des Mystères de Paris (publiés l'année précédente) d'Eugène Sue, les Mystères de Londres fut d'abord publié sous le pseudonyme de « Sir Francis Trolopp ».

C'est en effet Eugène Sue qui commença une « vague des feuilletonistes », qui sera suivie par Féval, puis d'autres auteurs plus « mineurs », avec des titres comme: Les mystères de la Bastille, Les petits mystères de Paris, Les mystères de Russie, Les mystères de Bruxelles, Les vrais mystères de Paris, Les mystères du Grand Opéra, etc. Une variation de ce modèle consistait à remplacer le passe-partout des « mystères », par exemple: Mendiants de Paris (Clémence Robert), Viveurs de Paris (Montépin), Victimes de Paris (Claretie), Esclaves de Paris (Gaboriau), Mansardes de Paris (Zaccone), Puritains de Paris (Bocage) et Nouveaux mystères de Paris (Scholl). On notera que les titres des romans se réfèrent aux grandes villes du monde entier. L'on trouve ainsi des Mystères de Buenos Aires[2].

Le chercheur Jörg Türschmann (Université de Vienne) suggère qu'une certaine méconnaissance de l’Angleterre et de la littérature de Charles Dickens laisse le champ libre à l'imagination d'écrivains parisiens comme Féval. Ainsi, par ses Mystères de Londres, il finit par devenir l'un des principaux fondateurs du roman policier[2].

Le nom d’une métropole contenait alors la promesse d'un certain exotisme; car le roman proférait des stéréotypes pittoresques de telle ou telle nation. Des auteurs connus des français comme James Fenimore Cooper et Walter Scott participaient aussi à pousser les auteurs français de l’époque à comparer les pauvres des espaces urbains avec les indiens du Nouveau Monde. Dans ces œuvres, la ville était surtout représentée par son architecture remarquable, les noms des rues les plus connues et ses monuments emblématiques et il n'était pas alors question d'une description naturaliste de la société – comme il en sera question dans la deuxième moitié du XIXe siècle, notamment avec Flaubert et Zola. L'engouement pour ces feuilletons est tel qu'Honoré de Balzac écrira ses Mystères de province et que Victor Hugo commença ses Misérables[3].

Concernant l'écriture des Mystères de Londres par Féval, on sait qu'il se mit au travail un mois seulement après la parution des Mystères de Paris de Sue. Les Mysteries of London de George Reynolds furent également publiés en 1844.

Analyse

On pourrait classer Les Mystères de Londres dans la catégorie des romans noirs; car bien que Paul Féval fasse ici concurrence aux Mystères de Paris de Sue (1842-43), il le fait d'un point de vue conservateur (Féval était royaliste[4]) au contraire d'Eugène Sue qui se déclarait socialiste. À cette époque il existe un courant de pensée chez les royalistes français qui leur fait adopter une position extrêmement méfiante à l'égard de l'Angleterre Victorienne et du capitalisme industriel qui y est associé.

D'après la chercheuse Félicité de Rivasson (Université de Grenoble-Alpes) le personnage de Rio-Santo pourrait avoir inspiré en partie Alexandre Dumas (père) dans l'écriture du Comte de Monte-Cristo[4] (dont la publication se fait également en feuilleton à partir de 1844).

Éditions

  • G. Marabout, Cycle Les mystères de Londres, en 2 volumes, 1967[5].
  • éd. Phébus, 2006[6].
  • éd. La gibecière à mots, 2020[7].

Lire en ligne

Édition originelle (1844) en 11 volumes :

Adaptations

  • En 1963-1964, le feuilleton fut adapté pour la radio, par Nicole Strauss et Marcel Jullian, en 130 épisodes[8].

Références

Voir aussi

  • Portail de la littérature française
  • Portail de Londres
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