Les Caves du Vatican

Les Caves du Vatican est un roman d'André Gide, paru en 1914. L'auteur l'a classé comme « sotie », déclarant plus tard que son « unique roman » était Les Faux-monnayeurs (1925).

Ce récit délibérément décousu croise et oppose intrigues et personnages. Il y a d'abord les atermoiements et les revirements de Julius de Baraglioul, catholique traditionnel, et de son beau-frère, Anthime Armand-Dubois, libre penseur. Il y a la bande des escrocs qui répandent la rumeur selon laquelle le pape serait séquestré dans les caves du Vatican. Mais, surtout, il y a le jeune Lafcadio, prisonnier de sa mystique de l'acte gratuit. Cette « sotie » illustre ainsi la folie de certains engagements intellectuels, et démontre la gravité des conséquences qui en découlent.

Résumé

Les Caves du Vatican est une œuvre réputée pour son intrigue particulièrement embrouillée[1]. Le premier livre « Anthime Armand-Dubois » est consacré au personnage éponyme, docteur franc-maçon résidant à Rome avec sa femme Véronique. Au cours de la visite de son beau-frère et de sa belle-sœur, Julius et Marguerite de Baraglioul (prononcé à la savoyarde Barailloul), Anthime se convertit à la foi chrétienne à la suite de la guérison miraculeuse de sa sciatique. La seconde partie, « Julius de Baraglioul » est en fait consacrée au personnage de Lafcadio Wluiki (prononcé Louki), fils naturel du comte Juste-Agénor de Baraglioul, diplomate alors en villégiature à Bucarest, et d'une femme entretenue qui lui a donné cinq « oncles ». Mis en pension à Paris, Lafcadio y a rencontré le redoutable Protos, ainsi nommé car il était premier en thème de grec, puis a intégré par la force des choses sa bande, les « purs », et vit avec sa maîtresse, Carola. Or, Juste-Agénor se sentant mourir, il dépêche Julius, son fils légitime, auprès de ce Lafcadio, afin de se renseigner sur lui. Julius se montre en fait fort indiscret, n'hésitant pas à regarder le journal intime de celui-ci. Aussi Lafcadio le congédie-t-il, tout en parvenant par la jonction de divers éléments à découvrir leur lien de fraternité. Lafcadio se porte au chevet de ce père mourant qu'il n'a jamais connu, et se présente sous l'identité de Lafcadio de Baraglioul. Finalement Juste-Agénor décide de lui léguer une partie de ses biens contre l'assurance que jamais il ne cherchera à se revendiquer comme appartenant à la famille.

Commentaires

La réflexion sur la liberté et ses conséquences pour soi et pour les autres prolonge en quelque sorte l'étude du couple de La Porte étroite et de L'Immoraliste. Sur le plan formel, l'art de la sotie, saugrenue, décousue et disparate, manifeste une fois de plus le refus du roman chez Gide (1869-1951) et son goût de la parodie. La théorie de l'acte gratuit emprunte beaucoup à Nietzsche et à Dostoïevski. Sur le plan philosophique, l'acte gratuit constitue une sorte de défi à Dieu et à l'ordre du monde, qu'il bouleverse de façon à la fois absurde et imprévisible. Cet ouvrage, qui érige en quelque sorte le jeu et l'humour noir en règle de vie, fascina les surréalistes. Bien entendu, il fit scandale dans les milieux catholiques.

En exergue, Gide plaça d'ailleurs cette citation de Georges Palante, extraite d'une de ces chroniques pour le Mercure de France :

« Pour ma part, mon choix est fait. J'ai opté pour l'athéisme social. Cet athéisme, je l'ai exprimé depuis une quinzaine d'années, dans une série d'ouvrages[2]... »

Articles connexes

Le personnage fictionnel de Rakhmetov du roman utopiste Que faire ? (1863), de Nikolaï Tchernychevski, serait un ancêtre de Lafcadio.

L'œuvre est devenue pièce de théâtre, adaptée par son auteur en deux actes et dix-sept tableaux et créée à la Comédie-Française le , dans une mise en scène de Jean Meyer.

Notes et références

  1. Cf le dictionnaire des œuvres chez Bouquin
  2. Georges Palante, chronique philosophique du Mercure de France, décembre 1912

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