Leo Perutz
Leo Perutz, né le à Prague, en Autriche-Hongrie, et mort le à Bad Ischl[1],[2], est un écrivain autrichien de langue allemande du XXe siècle.
Pour les articles homonymes, voir Perutz.
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Naissance |
Prague, ![]() |
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Décès |
Bad Ischl, Haute-Autriche, ![]() |
Activité principale |
Langue d’écriture | Allemand |
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Œuvres principales
Biographie
Fils aîné de Benedikt Perutz, industriel prospère dans le textile, Leo Perutz est issue d'une famille d'ascendance juive-espagnole établie depuis au moins 1730 dans la ville de Rakovník. La famille, de confession juive, s'avère essentiellement laïque et peu religieuse. Leo hésite pour ses études entre les mathématiques et la littérature, pour se lancer finalement dans la première voie. Il quitte Prague à 17 ans pour étudier à Vienne. Il découvre une formule qui porte son nom, et publie un traité de jeu de bridge fondé sur le calcul des probabilités. En , il est employé comme actuaire par la compagnie d'assurances italienne Assicurazioni Generali, où Franz Kafka travaille aussi à la même période pendant quelques mois.
En 1914, il est blessé sur le front Est de la Première Guerre mondiale. De retour à Vienne, il publie son premier ouvrage, La Troisième Balle, premier roman caractéristique de son style, qui fait suivre au lecteur une poursuite inexorable dans l'Amérique du Sud en cours de colonisation par les Espagnols.
Il lit Émile Zola, Robert Louis Stevenson, Anatole France, G. Lenotre, et continue ses romans et ses voyages. Au printemps 1925, il séjourne à Tunis, Sfax et Kairouan, puis en URSS en 1926-1927.
Ses livres commencent à rencontrer quelque succès : Le Maître du Jugement dernier, publié à Munich en 1923, est traduit en français dès 1925, et Le Marquis de Bolibar paraît chez Albin Michel en 1930 ; c'est ce roman historique et fantastique qui le fait connaître au public français. Où roules-tu, petite pomme ?, qui paraît en 1928 sous la forme d'un roman-feuilleton dans les pages du Berliner Illustrierte Zeitung, est lu par 3 millions de lecteurs. En dépit de ses succès, Perutz est, à la fin des années 1920, presque ruiné. Il devient veuf à la naissance de son troisième enfant, et décide de se remarier.
Reçu au Gorsedd de Bretagne à Riec-sur-Bélon en 1927, il devient membre actif du Comité de patronage d’An Oaled, une revue éditée par François Jaffrennou.
En collaboration avec Hans Adler, il signe en 1930 la pièce de théâtre Die Reise nach Preßburg (littéralement : Le Voyage à Presbourg) qui ne rencontre pas le succès espéré. En 1931, Ian Fleming, le créateur de James Bond, lui écrit son admiration. En 1933, son roman La Neige de Saint Pierre est interdit par les nazis dès sa parution[3].
Le Cosaque et le Rossignol, écrit en 1927 avec l'écrivain autrichien Paul Frank, sert de base à un film tourné en 1935. Perutz collabore à nouveau avec Frank pour l'écriture de plusieurs pièces de théâtre.
En 1938, Perutz fuit Vienne et s'installe en Palestine mandataire, à Tel-Aviv, où il reprend son métier d'actuaire, sans rien publier jusqu'en 1953.
Il rédige deux lettres, adressées l'une au procureur général de la Cour d'appel de Rennes le , l'autre au général de Gaulle le , pour la défense de François Jaffrennou, emprisonné après la libération.
Mordekhaï Maisel lui inspire La Nuit sous le pont de pierre (Nachts unter der steinernen Brücke), un recueil de 14 nouvelles qui se déroulent dans la Prague du XVIIe siècle et publié en 1953, première publication 1938 et son départ pour la Palestine.

À partir de 1954, ce bon skieur revient en Autriche chaque année. C'est lors d'un de ces séjours à Bad Ischl, près de Salzbourg, qu'il meurt le .
L'après-guerre voit une certaine désaffection pour son œuvre, mais il est bientôt tiré de l'oubli d'une part grâce à Jorge Luis Borges, qui avait préfacé trois de ses livres, d'autre part en France où le Prix Nocturne lui est attribué à titre posthume en 1962[4].
Caractéristiques de l'œuvre et postérité
Les romans de Perutz renouent avec une forme « classique » de « récits historiques la plupart du temps, souvent proches du conte, qui s'appuient sur des faits réels et les mêlent au fantastique pour en faire jaillir le sens profond et caché. » A cela s'ajoute une prédilection pour les intrigues policières[4].
Leo Perutz est passionné d'histoire, d'investigation, de justice, mais aussi de fantastique. Ses romans captivants, narrent souvent des poursuites d'individus, de preuves, de réponses ou d'absolu et reflètent toujours quelques lueurs d'optimisme.
Dans ses romans, Perutz parvient à entretenir le suspense jusqu'à une chute imprévue qui sème le doute dans l'esprit du lecteur quant à la réalité des évènements dont il a pris connaissance dans le corps du récit (voir notamment la conclusion de La Neige de Saint-Pierre et celle du Maître du Jugement dernier).
Jean Paulhan et Roger Caillois l'ont révélé au public français, en lui attribuant notamment en 1962 le prix Nocturne, créé par Roland Stagliati et un des animateurs de la revue Fiction. Paulhan écrivait en juillet 1962 dans La Nouvelle Revue française : « Le Marquis de Bolibar, trop peu connu, fait plus d'une fois songer aux premiers romans de Balzac. »[5]
Œuvres
Romans
- Die dritte Kugel (1915) Publié en français sous le titre La Troisième Balle, traduit par Jean-Claude Capèle, PAris, Fayard, 1987 (ISBN 2-213-02092-2), réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 3128, 1989 (ISBN 2-253-05144-6) ; réédition, Paris, Zulma, coll. « Z/a » no 18, 2015 (ISBN 978-2-84304-706-0)
- Das Mangobaumwunder. Eine unglaubwürdige Geschichte (1916), écrit en collaboration avec Paul Frank
- Zwischen neun and neun (1918) Publié en français sous le titre Le Tour du cadran, traduit par Jean-Jacques Pollet, Paris, 10/18, coll. « Domaine étranger » no 2159, 1991 (ISBN 2-264-01609-4) ; réédition, Paris, Christian Bourgois, coll. « Titres », 2012 (ISBN 978-2-267-02337-4)
- Der Marques de Bolibar (1920) Publié en français sous le titre Le Marquis de Bolibar, traduit par Odon Niox Chateau, Paris, Albin Michel, 1930 ; réédition, Verviers, Marabout, coll. « Bibliothèque Marabout » no 709, 1980 ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de Poche. Biblio » no 3236, 1995 (ISBN 2-253-93236-1)
- Der Meister des Jüngsten Tages (1923) Publié en français sous le titre Le Maître du jugement dernier, traduit par Hugo Richter, Paris, Librairie-des Champs-Élysées, coll. « Le Masque fantastique » no 3, 1978 (ISBN 2-7024-0725-0) ; réédition sous le même titre dans une nouvelle traduction par Jean-Claude Capèle, Paris, Fayard, 1989 (ISBN 2-213-02306-9) ; réédition de la nouvelle traduction, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 3173, 1992 (ISBN 2-253-05966-8) ; réédition, Paris, Zulma, coll. « Z/a » no 16, 2014 (ISBN 978-2-84304-708-4)
- Turlupin (1924)
- Der Kosak und die Nachtigall (1927), écrit en collaboration avec Paul Frank
- Wohin rollst du, Äpfelchen… (1928) Publié en français sous le titre Où roules-tu, petite pomme ?, traduit par Jean-Claude Capèle, Paris, Fayard, 1989 (ISBN 2-213-02257-7) ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio », no 3186, 1992 (ISBN 2-253-06223-5)
- St. Petri Schnee (1933) Publié en français sous le titre La Neige de Saint Pierre, traduit par Jean-Claude Capèle, Paris, Fayard, 1987 (ISBN 2-213-01909-6) ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 3107, 1988 (ISBN 2-253-04773-2) ; réédition, Éditions Zulma, coll. « Z/a », 2016 (ISBN 978-2843047091)
- Der schwedische Reiter (1936) Publié en français sous le titre Le Cavalier suédois, traduit par Frédérique Daber, Paris, Seghers, coll. « Les Fenêtres de la nuit », 1982 (ISBN 2-221-00762-X) ; réédition sous le même titre dans nouvelle traduction par Martine Keyser, Paris, Phébus, 1987 (ISBN 2-85940-088-5) ; réédition de la nouvelle traduction, Paris, 10/18, coll. « Domaine étranger » no 1964, 1988 (ISBN 2-264-01164-5) ; réédition, Paris, Phébus, coll. « Libretto » no 32, 1999 (ISBN 2-85940-597-6)
- Der Judas des Leonardo (1959), publication posthume
Recueils de nouvelles
- Herr, erbarme Dich meiner (1930)
- Nachts unter der steinernen Brücke (1953)
- Mainacht in Wien (1996), recueil posthume de fragments, de nouvelles et de textes inédits Publié en français sous le titre Nuit de mai à Vienne et autres récits, traduit par Jean-Jacques Pollet, Paris, Fayard, 1999 (ISBN 2-213-60138-0)
Théâtre
- Die Reise nach Preßburg (1930), écrit en collaboration avec Hans Adler
- Morgen ist Feiertag (1935), écrit en collaboration avec Hans Adler et Paul Frank
- Warum glaubst Du mir nicht? (1936), écrit en collaboration avec Paul Frank
Autres publications
- Die Feldgerichte und das Volksgericht (1919), pamphlet politique, publié de façon anonyme, dénonçant le système judiciaire de l'armée pendant la Première Guerre mondiale
- Das Gasthaus zur Kartätsche. Eine Geschichte aus dem alten Österreich (1920)
- Die Geburt des Antichrist (1921)
Études
- Roland Stragliati, Avez-vous lu Perutz ?, Fiction, . Sans doute la première étude consistante en français sur Perutz.
- Nicole Zand, « Leo Perutz, athlète complet du roman fantastique », Le Monde, no 13321, , p. 29 (lire en ligne).
Adaptations
Le Pont des ombres, un opéra par et pour les enfants, composé par Olivier Dejours, est inspiré de La Nuit sous le pont de pierre. La création de cet opéra a eu lieu début à l'Opéra du Rhin de Strasbourg[6],[7].
Notes et références
- voir partie "Biographical informations"
- zur Erinnerung, leo-perutz.zurerinnerung.at
- François Rouiller, Stups & fiction. Drogue et toxicomanie dans la science-fiction, Encrage, , p. 55
- Anna Kubišta, Leo Perutz ou l'inquiétante étrangeté du monde, radio.cz, 12 mars 2005
- C'est ce livre qui est cité par les critiques de la revue Fiction parmi les grands romans fantastiques du XXe siècle
- Le pont des ombres : Autour de l'opéra d'Olivier Dejours, Strasbourg, CRDP, coll. « La classe à l'opéra » (lire en ligne)
- « lE Pont des Ombres », sur Tous à l'opéra.fr (consulté le )
Liens externes
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- Leo Perutz ou l'inquiétante étrangeté du monde par Anna Kubišta sur le site de Radio Prague
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