Le Siège de Corinthe

Le Siège de Corinthe est un opéra en trois actes composé par Gioachino Rossini sur un livret français de Luigi Balocchi et d'Alexandre Soumet[1]. Il résulte d'un remaniement d'une partie de la musique de Maometto II, que le compositeur avait créé pour Naples en 1820 sur un livret de Cesare della Valle.

Le Siège de Corinthe
Nbre d'actes 3
Musique Gioachino Rossini
Livret Luigi Balocchi et Alexandre Soumet
Langue
originale
Français
Sources
littéraires
Maometto II, sur un livret de Cesare della Valle
Création
Paris

Personnages

  • Mahomet II (Mehmet II) (basse)
  • Cléomène, gouverneur de Corinthe (ténor)
  • Pamyra, sa fille (soprano)
  • Néoclès, jeune officier grec (ténor)

Le Siège est le premier opéra français de Rossini (connu aussi dans sa version italienne sous le titre : L'assedio di Corinto). La première eut lieu à l'Académie royale de musique de Paris le [1].

Genèse de la révision

L'opéra commémore le troisième siège et la destruction finale de la ville de Missolonghi par les troupes turques en 1826, pendant la guerre d'indépendance grecque (1821–1829). Le même incident — condamné dans toute l'Europe de l'Ouest à cause de sa cruauté — a aussi inspiré une peinture importante d'Eugène Delacroix, La Grèce sur les ruines de Missolonghi, et il est mentionné dans les écrits de Victor Hugo. La mention de Corinthe est un exemple d'allégorie, même si le sultan Mehmet II a bien assiégé cette ville dans les années 1450. Le poème Le Siège de Corinthe (en) (1816) de Lord Byron a peu à voir, sinon rien, avec le contenu de l'opéra.

Révision de Maometto II

Le Siège de Corinthe résulte d'un remaniement partiel de l'opéra Maometto II composé en 1820 par Rossini ; les noms des personnages ont été changés, mais l'histoire reste essentiellement la même que le Maometto de Naples. Cet opéra italien y avait été créé le , six ans avant le siège de Missolonghi et le massacre de ses habitants. Il n'avait pas été bien accueilli, ni à Naples ni à Venise, où Rossini essaya en 1823 une version légèrement révisée en la terminant par une fin heureuse avec un extrait musical de La donna del lago.

En 1826, deux ans après s'être installé à Paris, Rossini réessaie avec une autre version (qui comprend deux ballets, conformément à la tradition de l'opéra français), la transplante en Grèce en l'intitulant Le Siège de Corinthe, allusion d'actualité à la guerre d'indépendance grecque en cours contre les Turcs, et la traduit en français. Rossini connaît cette fois le succès, et l'opéra est produit dans divers pays dans la dizaine d'années suivante. C'est le premier opéra que Rossini a vendu à un éditeur de musique[2].

Représentation de l'œuvre dans l'histoire

L'œuvre fut créée, en français, à l'Académie royale de musique le . Elle fut représentée dans une traduction de Callisto Bassi, L'assedio di Corinto, à Rome en (en version concert) et à Parme en janvier 1828. Aux États-Unis, la première fut offerte en français par l'Italian Opera House de New York en [3] et en italien deux ans plus tard[4]. L'ouverture de l'opéra n'a jamais quitté le répertoire des orchestres. Tout dernièrement, elle a été exécutée et enregistrée par plusieurs orchestres contemporains de musique classique, dont l'Academy of St. Martin-in-the-Fields sous la direction de Neville Marriner.

En 1969, La Scala reprit L'assedio di Corinto pour le centenaire de Rossini : la jeune Beverly Sills y débuta dans le rôle de Pamyra et Marilyn Horne interpréta celui de Néoclès sous la direction de Thomas Schippers. La production reposait sur une édition où le musicologue et spécialiste du bel canto Randolph Mickelson[5] inséra des airs des versions originelles (de Maometto II) de Naples et de Venise et d'autres opéras obscurs de Rossini (comme le compositeur le faisait souvent lui-même). En 1975, le Metropolitan Opera utilisa la version de La Scala pour offrir Le Siège de Corinthe pour la première fois. Dirigée à nouveau par Schippers, cette production mettait en vedette Beverly Sills (qui débutait au Met), Shirley Verrett, Justino Díaz et Harry Theyard (en).

Rôles

Rôle Type de voix Distribution de la première, le
(Chef d'orchestre : François-Antoine Habeneck)[3]
Cléomène, gouverneur de Corinthe ténor Louis Nourrit
Pamyra, sa fille soprano Laure Cinti-Damoreau
Néoclès, jeune officier grec ténor Adolphe Nourrit
Mahomet II basse Henri-Étienne Dérivis
Adraste, confident de Cléomène ténor Charles Bonel
Hiéros, vieillard, gardien des tombeaux basse Alexandre-Aimé Prévost
Ismène, confidente de Pamyra mezzo-soprano Frémont
Omar, confident de Mahomet ténor Ferdinand Prévost (en)

Intrigue

Place : Corinthe[6]

Acte premier

Le vestibule du palais du Sénat à Corinthe

Après avoir fait tomber Byzance entre leurs mains, les troupes de Mahomet II (Mehmet II) assiègent Corinthe depuis longtemps.

Les Grecs tiennent un conseil de guerre pour décider s'ils doivent se rendre ou non. Le jeune Néoclès, avec l'appui de Hiéros, presse Cléomène de poursuivre le combat jusqu'à la mort et de sauver la patrie. Tous jurent de combattre, jusqu'à la mort s'il le faut.

Après que Néoclès demande à Cléomène si Pamyra lui est toujours promise, celle-ci arrive. Cléomène informe sa fille qu'il veut la marier à Néoclès pour la doter d'un second protecteur, mais elle répond qu'elle s'est déjà promise à Ismaël dans Athènes. Son père lui enjoint de renoncer à cet amour si elle ne veut pas s'attirer son courroux. Sur l'instance de soldats et de femmes qui viennent les avertir que les Musulmans montent sur les remparts de Corinthe, Cléomène et Néoclès partent au combat après que le premier a remis un poignard à sa fille pour qu'elle puisse se tuer si la défense grecque cédait.

Acte II

La place de Corinthe

Tandis que ses hommes poursuivent des soldats grecs, Mahomet leur ordonne de respecter les palais pour qu'ils immortalisent sa conquête. Omar lui apprend que la fille du chef grec est tombée entre leurs mains. Mahomet est ravi d'obtenir par le droit de la guerre celle qu'il a séduite à Athènes sous le nom d'Ismaël et demande à ses soldats de montrer de la clémence pour qu'on aime sa puissance.

La tente de Mahomet

Seule, Pamyra, s'étant rendu compte que le vainqueur est Ismaël, se promet d'échapper au déshonneur en restant fidèle à la Grèce et à son père. Mahomet lui propose de sauver son pays en partageant son destin. Omar arrive avec Néoclès dans les fers. Celui-ci défie Mahomet au nom des Grecs, et Pamyra tente de le préserver de la mort en disant qu'il est son frère. Mahomet le libère et l'invite à être témoin du mariage de sa sœur. Omar vient informer Mahomet que Corinthe a repris les armes. Pamyra et Néoclès réclament alors d'être couronnés des palmes du martyre. La première refuse de donner sa main à Mahomet pour le calmer : elle adorait Ismaël mais veut mourir pour son pays. La fureur de Mahomet se ranime, et les Grecs espèrent un « trépas éclatant » pour eux. Les gardes de Mahomet entourent Néoclès et Pamyra.

Acte III

Les tombeaux de Corinthe, éclairés par de multiples feux

Néoclès, qui a trompé ses gardiens et s'est libéré de ses fers, arrive aux tombeaux sacrés où les Grecs s'apprêtent à combattre et à mourir. Il fait dire à Cléomène qu'il a ramené Pamyra, qui veut lui demander pardon. Bien que Néoclès l'informe qu'elle l'a sauvé, Cléomène menace de la poignarder si elle ose se présenter devant lui. À l'arrivée de Pamyra, il lui dit qu'il n'a plus de fille. Elle lui répond que son amour pour Mahomet expire avec la mort de sa patrie et elle veut le prouver en donnant sa main à Néoclès devant la tombe maternelle. Cléomène les unit.

Hiéros vient leur annoncer que les Musulmans approchent, invite tout le monde à mériter un trépas immortel à l'exemple de Léonidas et des trois cents immortels et prophétise que le peuple grec se réveillera du sommeil du trépas après cinq siècles d'esclavage.

Corinthe embrasée

Pamyra se réjouit du courage des Grecs et du poignard qui lui fera échapper à l'esclavage, Mahomet regrette d'avoir eu à faire brûler Corinthe, mais les Musulmans s'en réjouissent.

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Le siège de Corinthe » (voir la liste des auteurs).
  • (en) Philip Gossett et Patricia Brauner, « Le siège de Corinthe », dans Amanda Holden (réd.), The New Penguin Opera Guide, New York, Penguin Putnam, (ISBN 0-14-029312-4).
  • (en) Charles Osborne, The Bel Canto Operas of Rossini, Donizetti, and Bellini, Portland (Oregon), Amadeus Press, , 378 p. (ISBN 0-931340-71-3).
  • (en) Richard Osborne, Rossini, Ithaca (New York), Northeastern University Press, (ISBN 1-55553-088-5).
  • (en) Richard Osborne, « Le siège de Corinthe », dans Stanley Sadie (réd.), The New Grove Dictionary of Opera, vol. 4, Londres, MacMillan Publishers, Inc., (ISBN 0-333-73432-7 et 1-56159-228-5), p. 364-365.
  • (en) Francis Toye, Rossini : The Man and His Music, Dover Publications, (réimpr. 1987), 268 p. (ISBN 978-0-486-25396-1 et 0-486-25396-1).
  • (en) John Warrack et Ewan West, The Oxford Dictionary of Opera, Oxford/New York, Oxford University press, , 782 p. (ISBN 0-19-869164-5).

Références

  1. Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8), p. 1361
  2. (en) H. Sutherland Edwards, « Rossini, and the Modern Italian School », dans F. Hueffer (dir.), The Great Musicians : A Series of Biographies of the Great Musicians, Londres, Sampson Low, Marston, Searle et Rivington (lire en ligne).
  3. (it)Almanacco di Gherardo Casaglia, Le Siège de Corinthe. Consulté le 14 février 2015.
  4. (en) Henry C. Lahee, « Annals of Music in America » (consulté le ).
  5. (en) « Biography of Mickelson », sur vocalimages.com (consulté le ).
  6. Résumé fondé sur Gioacchino Rossini, Luigi Balocchi et Alexandre Soumet, Le siège de Corinthe : tragédie lyrique en trois actes, D. Jonas, (lire en ligne) — Livret conforme à la remise en scène du Siège de Corinthe du 4 décembre 1835.

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