Le Magnifique (opéra-comique)

Le Magnifique est un opéra-comique en trois actes d'André Grétry (une comédie en trois actes mêlée d’ariettes selon le terme employé à l’époque)[1] sur un livret de Michel-Jean Sedaine, inspiré de Jean de La Fontaine et de Molière ; il est créé pour la première fois le 4 mars 1773 à la Comédie-Italienne à Paris, puis représenté devant le Roi à Versailles le 26 mars de la même année.

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Le Magnifique. Extrait d'une affiche réalisée par Jennifer Crupi pour la production de l’œuvre par la Compagnie Lyrique les Monts du Reuil, 2020.

Distribution

Personnage Acteur créateur du personnage Tessiture
Octave, le Magnifique M. Clerval Taille
Aldobradin, tuteur de Clémentine M. La Ruette Taille
Clémentine, fille d’Horace Mme la Ruette Dessus
Horace, père de Clémentine M. Suin Taille
Laurence, valet d’Horace M. Nainville Basse-Taille
Fabio, intrigant. M. Trial Taille
Alix, femme de Laurence & gouvernante de Clémentine. Mlle Berard Dessus

Synopsis

Pour cet opéra-comique, Grétry adapte un poème de La Fontaine sur un galant florentin, le Magnifique, qui séduit une femme mariée, malgré la vigilance de son mari. Pour satisfaire à la moralité, l'épouse devient une jeune fille dont le tuteur veut l'épouser. Cela nous fait pensé à l’histoire de Rosina dans le Barbier de Séville[2].

Horace, un riche Florentin, et son valet Laurence ont été enlevés par des pirates et vendus en tant qu'esclaves. Horace laisse derrière lui une fille, Clémentine, et Alix sa gouvernante qui est également la femme de Laurence. L'opéra débute ainsi avec un groupe de captifs passant devant la maison de Clémentine et de sa servante, Alix.

Tandis que Clémentine et sa servante observent les détenus depuis leur fenêtre, Alix reconnaît son mari Laurence, dans la foule « C'est lui, c'est lui, c'est lui ! »

Elle imagine alors qu'Horace pourrait être parmi eux et décide d’expliquer à Clémentine comment ils ont été libérés par Octave surnommé également le Magnifique.

En partant enquêter, Alix annonce que le tuteur de Clémentine, Aldorandin, qui a été son protecteur en l'absence de son père, souhaite l'épouser. Néanmoins, Clémentine ne partage pas ce sentiment. Elle se demande donc pourquoi une tel proposition ne lui apporte pas la même sensation dès qu'on évoque le Magnifique : « Pourquoi ce Magnifique ? »

Quand Aldorandin rentre à la maison, il déclare son amour à Clémentine et lui demande sa main. Mais cette dernière refuse sous prétexte qu'elle est encore trop jeune pour se marier :"Ma chère enfant. »

Entre temps, Fabio le serviteur d’Aldorandin apprend que le Magnifique va échanger son meilleur cheval de course contre quinze minutes de conversation privée avec Clémentine.

Pendant que Fabio fait des éloges sur les chevaux "Ah c'est un beau cheval !", Aldorandin médite sur ses craintes quant aux intentions du Magnifique.

Quand Aldorandin revient avec le Magnifique, il apprend à Clémentine qu'elle va rencontrer Le Magnifique en échange d'un cheval. Mais il lui prévient que le Magnifique va tenter de la charmer et lui recommande de rester silencieuse face à ses avances.

Malgré la surveillance d’Aldobrandin, Octave réussit à déclarer son amour qu’il porte pour clémentine.  Elle avait pourtant promis à son tuteur de ne pas parler - mais quand Octave lui demande de l'épouser, elle laisse tomber une rose, un signe discret d’un : "Oui."

Après qu’elle s’est réunie avec son père, Clémentine chante sa joie et son espoir pour que son père lui donne son accord dé épouser le Magnifique «Jour heureux ! »

Entre temps, Horace, demande à Aldorandin pourquoi il n'a jamais répondu aux lettres qu'il lui a envoyées pendant sa captivité. Aldorandin dit n’en avoir reçu aucune et s'appuie sur les soins qu'il a apportés à Clémentine et au domaine d'Horace qui devraient être une preuve suffisante de sa loyauté. À ce moment-là, Laurence arrive en traînant Fabio par la peau du cou « Ne me bats pas ». Il oblige Fabio à admettre que, sur ordre d'Aldorandin, il a vendu Horace et Laurence comme esclaves.

À la suite de cette révélation, Horace décide de renvoyer Aldorandin de sa maison et donne son accord pour le mariage de Clémentine et le Magnifique. Le père et la fille, le mari et la femme, sont tous réunis, et les amants pourront maintenant se marier. À la fin de l’œuvre, tout le monde commence à chanter la jouissance de la famille réunie, à l'exception de Fabio qui chante son intention de fuir.

Accueil et critique de l’œuvre 

Victor Fournel nous rapporte : « A mesure, dit Grétry, que j’acquérais les connaissances propres au théâtre, je désirais de mettre en musique un poème de Sedaine, qui me semblait l’homme par excellence, soit pour l’invention des caractères, soit pour le mérite si rare d’amener les situations d’une manière à produire des effets neufs, et cependant toujours dans la nature.[3] »

C'était bien Madame D'Epinay qui se chargea de présenter à Grétry le livret du Magnifique que Sedaines avait emprunté à un conte de La Fontaine. Pourtant, ce sujet avait déjà été mis en scène par Houdard de la Motte et représenté à la Comédie-Française en 1731. Mais Sedaine désire, malgré tout, le mettre en musique au service de l’opéra-comique.

Il déclare : « Ce conte, m’a paru propre au genre de l’opéra-comique, il promettait des situations sur lesquelles la musique pût s’arrêter, et j’ai cherché à en profiter.[4] ».

Il semble que Grétry ait été séduit par l'une de ces situations, la célèbre scène de la Rose de Clémentine, et tout en comprenant la difficulté de mettre en musique une si longue histoire, il n'hésita pas à accepter l’offre qui lui était proposé et montre dans cette œuvre sa souplesse habituelle tout en entreprenant de diversifier son style et de le conformer au genre de ce conte: genre assez différent de ceux qu'il avait déjà composé.

Malgré ce succès, la collaboration de Sedaine avec Grétry provoqua un certain bruit dans le monde des arts et de la littérature, et le succès de la pièce et de la musique ; ce furent les Monsignistes, furieux de voir Sedaine travailler pour Grétry, et les Marmontélistes, indignés de voir Grétry s'associer au Magnifique Sedaine, qui furent presque compromis par la clameur de deux petites cabales, qui allaient dire "les dernières horreurs".

Dans un article du journal Le Miroir des spectacles, des lettres, des mœurs et des arts du 30 avril 1823, une critique assez dure du Magnifique apparut. L’article suppose que le sujet de l’œuvre mal emprunté par Sedaine avait tué l’esprit comique et que Grétry n’a pas était à la hauteur de « composer par les sons ravissants de sa musique les grâce que la scène du conte a perdue dans l’opéra. »[5].

Notes et références

  1. Comédie en trois actes en proses et en vers selon le livret édité Chez Claude Herissant, imprimeur-libraire, rue Neuve-Notre-Dame, à la Croix d'or. Original provenant de : Bibliotheque cant. et univ. Lausanne. Numérisé le : 25 mai 2009
  2. Voir : operascribe.com
  3. Victor fournel, article Sedaine, dans la Nouvelle Biographie générale Didot, t. XLIIV, p. 678.
  4. Le Magnifique, comédie en trois actes en prose et en vers, mis, en musique, terminé par un divertissement. Représenté devant Sa Majesté à Versailles, le 19 mars 1773. Imprimé à Paris chez Ballard, par exprès commandement du roi, in-8° ; avertissement, p. V.
  5. Journal Le Miroir des spectacles, des lettres, des mœurs et des arts, le 30 avril 1823, p. 2.

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