Le Fifre (Manet)

Le Fifre est un tableau réalisé par le peintre Édouard Manet en 1866, et resté célèbre en raison de ses couleurs vives et contrastées. Il « figure un jeune garçon debout, légèrement déhanché, jouant du fifre et vêtu de l’uniforme des enfants de troupe de la garde impériale de Napoléon III. Le pantalon rouge à bandes noires, la veste noire à boutons dorés, le baudrier blanc et le calot sont caractéristiques des voltigeurs »[1].

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Provenance

Paul Durand-Ruel fait l'acquisition du tableau en 1872 et de nouveau en 1893. Entre 1873 et 1893, l'œuvre appartient à l'ami de Manet, le musicien et collectionneur Jean-Baptiste Faure. Elle est ensuite remise à titre de dation à l'État français par son dernier propriétaire, Isaac de Camondo, et entre dans les collections nationales en 1911. Exposé au musée du Louvre à partir de 1914, le tableau est placé en 1947 au musée du Jeu de Paume. Depuis 1986, il est conservé au musée d'Orsay (inventaire RF 1992).

Histoire

Le thème de la toile, de même que la posture du personnage, s'inspirent explicitement des portraits de nains et de bouffons autrefois réalisés par Diego Vélasquez. Des critiques comme Honoré Daumier l'appellent La Carte à jouer en raison de son absence de profondeur et de perspective qui rompent avec l'académisme, Manet s'inspirant pour sa technique des estampes japonaises[2].

On peut rapprocher la démarche de Manet de ce qu'il écrivait à propos d'un tableau de Vélasquez : « le fond disparaît : c'est de l'air qui entoure le bonhomme, tout habillé de noir et vivant ».

Le refus en 1866 du Joueur de fifre au Salon de Paris par le jury qui lui reproche sa technique et son sujet populaire répandu par les images d’Épinal, est l'occasion pour le jeune écrivain Émile Zola de publier un article retentissant dans L’Événement, dans lequel il prend la défense du tableau. L’année suivante, Zola alla jusqu’à consacrer une étude biographique et critique très fouillée à Édouard Manet, afin de permettre la « défense et illustration » de sa peinture, qu’il qualifiait de « solide et forte » et associait – peut-être à tort – au naturalisme.

L'identité de l'enfant qui a posé comme modèle pour le tableau reste floue. Certains comme Paul Jamot, dans la Revue de l'art ancien et moderne de [3], soupçonne Victorine Meurent d'avoir revêtu l'uniforme des enfants de troupe de la garde impériale. D'autres ont avancé l'hypothèse de Léon Koelin-Leenhoff (à l'état civil Léon Koëlla, fils de Suzanne Leenhoff, l'épouse d'Édouard Manet). Mais c'était peut-être un authentique enfant de troupe de la caserne de la Pépinière que le commandant Lejosne, ami du peintre et oncle de Bazille, lui aurait amené.

Notes et références

  1. « Le Fifre | Panorama de l'art », sur panoramadelart.com, (consulté le )
  2. Adolphe Ardant, Cézanne, Critérion, , p. 100.
  3. Paul Jamot, « Manet, Le Fifre et Victorine Meurend », sur gallica.bnf.fr, Revue de l'art ancien et moderne, , p. 31-41

Annexes

Articles connexes

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