Le Grand Événement

Le Grand Événement[1] The Big Event en anglais) est le nom de code attribué par les conspirateurs à l'attentat organisé contre le président américain, John Fitzerald Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas[2].

Dallas
Portrait de JFK

Confessions partielles

Howard Hunt
Un hôtel à Miami
Sépulture d'Howard Hunt

Le 7 décembre 2003 dans le quartier de Biscayne Bay à Miami, le romancier et espion américain Howard Hunt, pensant qu'il lui reste six mois à vivre, entame une première série de confessions publiée par le magazine Rolling Stone[3], puis une seconde le 3 avril 2005 enregistrée dans l'émission InfoWars diffusée par la chaîne Prison Planet TV [4].

Son confident n'est autre que son fils Saint John Hunt [5]qui accorde en 2007 deux interviews exclusives à un théoricien du complot, Jim Marrs et à un journaliste de TruTV, Jesse Ventura[6].

Thèse

Baptisant cette opération noire "Le Grand Evènement" dont il semble tirer une réelle fierté, Howard Hunt énonce une kyrielle d'allégations. [7]

Ses confessions avancent sa participation indirecte à l'assassinat du président américain avec comme grand ordonnateur, Lyndon Baines Johnson.

Chaîne de commandement

Lyndon Baynes Johnson

Feuille de papier sur les genoux, Hunt dessine un organigramme sur lequel il écrit des noms. En tête de chapeau, il signe les initiales L.B.J. pour Lyndon Baines Johnson qu'il relie à Cord Meyer, un membre de la CIA puis William King Harvey dit Bill Harvey, un autre membre de la CIA, puis David Morales, un exilé cubain et enfin, Lucien Sarti dit Frenchy. Sur ce dernier point, Marc Bonvalet dans son essai JFK le dossier de l'assassinat écarte cette hypothèse du tueur français dans le sillage du livre de Vincent Quivy[8], qu'il qualifie de "piste ridicule des tueurs de la mafia corse de Marseille" en affirmant que Sarti était en prison à Bordeaux au moment des faits. Il pointe comme hypothèse haute en guise de tireur de la palissade appelé aussi Badge Man, un élève-policier du nom Roscoe White [9]dont l'épouse et le fils auraient fait l'objet de menaces récurrentes de Jack Ruby [10]si d'aventure, ils révélaient l'implication directe de leur mari et père dans cet assassinat. Dans son témoignage qui ressemble à un aveu ante-mortem, Howard Hunt confirme en définitive que L.B.J est le commanditaire de l'assassinat de John Kennedy. Un peu plus tard, Hunt remet à son fils deux feuilles supplémentaires contenant le détail des faits. [11]

Howard Hunt

En 1963, Hunt est invité par Franck Sturgis dans un hôtel situé à Miami. David Morales, un autre vétéran de la campagne anti-Castro de la CIA est également présent à cette réunion. Lors de cette entrevue secrète à Miami, David Morales déclare à Hunt qu'il a été recruté pour une opération "off the board" par Bill Harvey. Le but de cette opération noire est d'assassiner Kennedy. Morales et Sturgis qualifient alors la disparition prévue du président de "grand évènement".

Dans son récit de la réunion, Hunt présente Harvey et Morales comme les principales figures opérationnelles de l'intrigue. Hunt laisse entendre qu'Harvey a été chargé de recruter les tireurs d'élite pour tuer Kennedy et de transporter les armes à Dallas. Selon la rumeur, Morales est un tueur de sang-froid incontournable dans les situations d'opérations noires où le gouvernement a besoin de neutraliser quelqu'un. Selon Hunt, William King Harvey, le chef des assassinats de la CIA a l'expérience et les relations nécessaires pour organiser quelque chose comme "le grand évènement".

Pour David Morales, Kennedy est «ce bon fils d'enfoiré de pute» responsable de la mort des hommes qu'il a entraînés pour la mission de la Baie des Cochons. «Nous avons pris soin de ce fils de pute, n'est-ce pas?" dit Morales à son avocat, Robert Walton, en 1973, après une soirée de beuverie.

Vers la fin de la réunion, Franck Sturgis présente Howard Hunt au groupe en faisant état de l'admiration collective qu'il suscite. "Vous êtes quelqu'un que nous admirons tous. . . . Nous savons ce que vous pensez de Kennedy. Êtes-vous avec nous?" Hunt explique dans ses confessions qu'il n'a joué qu'un rôle périphérique dans l'assassinat.

Alors que les conspirateurs de Miami ont clairement indiqué que Bill Harvey avait joué un rôle central dans "le grand événement", ils ont assuré Hunt que la chaîne de décision atteignait un niveau bien supérieur à celui de Bill Harvey. Ainsi, le Vice-Président Lyndon Johnson lui-même a ainsi approuvé le complot, selon David Morales. Howard Hunt a considéré ces allégations comme étant plausibles. Comme il le mentionne dans ses mémoires [12], "Lyndon Johnson était un opportuniste qui n'hésitait pas à se débarrasser des obstacles sur son chemin." [13]

Lors de la constitution de son équipe pour l'assassinat de Fidel Castro, Harvey a contacté plusieurs professionnels de la pègre, y compris (avec la permission de Richard Helms) le célèbre tueur européen nommé QJ/WIN [14], que la CIA avait recruté pour tuer Patrice Lumumba. Et Harvey est bien placé en tant que chef de la station de la CIA à Rome pour sonder à nouveau la pègre européenne afin de monter une équipe de tueurs professionnels à Dallas.

Enfin, parmi les personnages étranges qui ont convergé vers Dallas en novembre 1963, il y a aussi un célèbre commando français de l'OAS nommé Jean Souetre, qui était lié aux complots contre le président de Gaulle. Souètre a été arrêté à Dallas après l'assassinat de Kennedy et expulsé vers le Mexique. Une théorie alternative soutient qu'un certain Michel Mertz aurait utilisé le nom de Souètre comme couverture le 22 novembre 1963 et faisait partie du cercle très restreint des quatre tueurs qui ont opéré sur le monticule herbeux (Glassy Knoll) de Dealey Plaza à Dallas.

Marita Lorenz

Marita Lorenz

En 1959, Marita Lorenz devient la maîtresse de Fidel Castro et lui donne un enfant qu'elle devra abandonner. Elle quitte Cuba pour rejoindre les États-Unis où elle est recrutée par la CIA qui en fait sa "Jane Bond" pour empoisonner Castro. Elle intègre Opération 40, une organisation secrète chargée de fomenter des coups d'état et de lutter contre l'influence communiste dans les pays voisins des États-Unis. Lorenz est formée et instruite par Franck Sturgis.

En novembre 1963, à Miami, deux voitures se dirigent vers un motel de la banlieue de Dallas avec dans leur cargaison, des armes, des explosifs et des déguisements. Lorenz se trouve dans l'un d'elles avec Franck Sturgis, Pedro Diaz Lanz et Orlando Bosch. Dans l'autre, se trouvent à bord Gerry Patrick Hemming, deux frères cubains, Guillermo et Ignacio Novo et le sosie de Lee Harvey Oswald, "Ozzie". Sur place, un certain Eduardo alias Howard Hunt remet aux conspirateurs une enveloppe pleine de billets. Un second individu surgit deux heures plus tard; Jack Ruby. Marita Lorenz sermonnée par Ruby, regagne Miami en avion dans la soirée.

Quelques jours plus tard, selon le témoignage de Lorenz, Franck Sturgis lui aurait dit " Nous avons descendu le Président ce jour-là. Tu aurais pu en être, rentrer dans l'histoire. Tu aurais dû rester. C'était tranquille. Tout était couvert à l'avance, très professionnel"[15].

Interrogé par Mark Lane, Gerry Heming confirme intégralement la véracité des allégation de Marita Lorenz à une exception près; il y avait trois voitures au lieu de deux. Dans un documentaire réalisé en 1993, Marita Lorenz accompagné de Mark Lane confirme une nouvelle fois sa version des faits en citant Franck Sturgis : "Lorenz, c'est nous les agents de la CIA qui avons tué Kennedy" Lorenz rétorque :"Tu n'es pas sérieux ?" Sturgis répond : "Oui, qui le saura ?"

Madeleine Ducan Brown

Dans une interview accordée au journaliste du documentaire Beyond JFK réalisé en 1993, à 1h05'35" du film, Madeleine Brown évoque la longue liaison qu'elle a entretenu avec Lyndon Baines Johnson qui lui a donné un fils. Brown demande à son amant ce qu'il sait sur le meurtre de Kennedy au moment du Réveillon du Nouvel An après l'assassinat. "Lyndon, les gens de Dallas disent que tu as quelque chose à voir avec l'assassinat". Lyndon Johnson est devenu vraiment furieux. Il lui répond : "C'étaient les pétroliers que je connaissais ici à Dallas et la CIA"[16].

Brown atteste du profond ressentiment et de l'animosité qu'entretenaient des magnats du pétrole comme Haroldson Lafayette Hunt, Jr. vis à vis de Kennedy qu'elle surprend à distribuer un prospectus à l'effigie de JFK "Recherché pour Trahison". Elle lui dit : "HL, tu va avoir des ennuis. Tu ne peux pas traiter ainsi le Président des États-Unis". Il lui répond :"Et comment je peux, je suis l'homme le plus riche du monde et je n'ai jamais d'ennuis."

Dans l'essai de Marc Bonvalet, en page 344 de son livre, l'auteur précise que Madeleine Brown a maintes fois répété que Lyndon Johnson lui avait confié la veille de l'assassinat que "demain ces maudits Kennedy ne m'embarrasseront plus jamais".

Billie Sol Estes

Dans un documentaire de William Remond Kennedy, autopsie d'un complot diffusé en octobre 2003 [17]sur la chaîne Canal +, le milliardaire texan, Billie Sol Estes qui faisait partie d'un vaste réseau de corruption organisé pour financer les campagnes électorales de Lyndon Johnson, confirme sur la base de bandes enregistrées citant Cliff Carter, l'ancien bras droit de L.B.J. que "c'est Lyndon qui a fait tuer Kennedy"[18].

Invité à l'émission de Thierry Ardisson Tout le Monde en Parle [19], Billie Sol Estes affirme de surcroît qu'il y avait un second tueur aux côtés de Lee Harvey Oswald au dépôt de livres (Texas School Book Depository), Malcolm Wallace [20]. Il appuie ses dires sur un relève d'empreinte identifié en 1998 par la Police de Dallas.

Références

  1. Alain Bellemare, Le Contrat: Code Name : "The Big Event", Paris, Alain Bellemare, , 192 p. (ISBN 978-2980984976)
  2. « L’étrange confession de Howard Hunt », sur Le Soir Plus, (consulté le )
  3. (en-US) Erik Hedegaard et Erik Hedegaard, « The Last Confession of E. Howard Hunt », sur Rolling Stone, (consulté le )
  4. (en) Jim Marrs, « Exclusive E Howard Hunt Confesses to CIA Plot Against JFK », sur A Prison Planet.TV (consulté le )
  5. (en) Saint John Hunt, Bond of Secrecy: My Life with CIA Spy and Watergate Conspirator, Trine Day, , 192 p. (ISBN 978-1936296835)
  6. (en) truTV, « Assassinat de John F. Kennedy : les aveux de E. Howard Hunt - Vidéo Dailymotion », sur Dailymotion (consulté le )
  7. (en-US) Jessica McBride, « E. Howard Hunt’s JFK Assassination Confession: 5 Fast Facts You Need to Know », sur Heavy.com, (consulté le )
  8. Vincent Quivy, Qui n'a pas tué John Kennedy ?, Paris, Le Seuil, , 288 p. (ISBN 978-2021085389)
  9. « Roscoe White », sur Spartacus Educational (consulté le )
  10. (en) Ralph Thomas, JFK FILES - The Roscoe White Story: -Grassy Knoll Assassin Or Hoax ?, Amazon, 210 p.
  11. (en) « Inside the plot to kill JFK: The secret story of the CIA and what really happened in Dallas », sur Salon, (consulté le )
  12. (en) E. Howard Hunt, American Spy: My Secret History in the CIA, Watergate and Beyond, John Wiley & Sons, , 352 p. (ISBN 978-0471789826)
  13. Talbot, David, 1951- author., The devil's chessboard : Allen Dulles, the CIA, and the rise of America's secret government (ISBN 978-0-00-815968-9 et 0-00-815968-8, OCLC 965118362, lire en ligne)
  14. (en) Major Ralph P. Ganis, The Skorzeny Papers, Hot Books,
  15. Marc Bonvallet, JFK, le dossier de l'assassinat, Les Editions Persée, , 444 p. (ISBN 9782823128123), p 301, 302
  16. (en) Barbara KOPPLE, Danny SCHECHTER, « Beyond JFK », sur Twentieth Century Fox Film Corporation,
  17. soleil(fly)levant32bis, « kennedy, autopsie d'un complot (1) - Vidéo Dailymotion », sur Dailymotion (consulté le )
  18. « Lyndon B. Johnson a-t-il tenu le fusil des assassins de JFK ? », sur ladepeche.fr (consulté le )
  19. « Interview William Reymond et Billie Sol Estes sur le meurtre de John Fitzgerald Kennedy » (consulté le )
  20. (en-US) Richard Eaves, « The Big Event », sur The Girl Who Shot JFK (consulté le )
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