Le Fardeau de l'homme blanc
Le Fardeau de l'homme blanc (The White Man's Burden) est un poème de l'écrivain britannique Rudyard Kipling. Il a été publié à l'origine en dans la revue populaire McClure's, avec pour sous-titre Les États-Unis et les îles Philippines (The United States and the Philippine Islands)[1]. Il peut être lu comme un soutien à la colonisation des Philippines – et plus généralement des anciennes colonies espagnoles – par les États-Unis au cours de la guerre américano-philippine[2], mais aussi comme un avertissement adressé aux États-Unis au sujet des responsabilités morales et financières que leur politique impérialiste les amène à endosser.
Ne pas confondre avec le livre de William Easterly.
Texte du poème
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Prenez le fardeau de l'Homme Blanc |
Structure et analyse
Le poème se compose de sept strophes, dont les rimes suivent un schéma ABCBDEFE. Il apparaît comme une injonction intimant à l'homme blanc le devoir de civiliser, de subvenir aux besoins et d'administrer les populations colonisées (le « fardeau » pouvant être à la fois ces populations, et le devoir en lui-même). Il illustre la mentalité des Occidentaux d'alors, croyant au progrès, et qui considèrent être porteurs d'un devoir de civilisation du reste du monde[3]. Ce poème est devenu pour cette raison un symbole de l'eurocentrisme de cette époque et de la justification de la colonisation en tant que mission civilisatrice.
Kipling présente la colonisation comme un « fardeau » assumé par le colonisateur européen : la dimension christique est nette, assimilant le colonisateur à Jésus portant sa Croix lourde des péchés du monde[4]. Le colonisateur, essentiellement masculin (« Exile tes fils »), se distingue par sa sérénité (« sans marquer d'impatience »), malgré la peur (« cette terreur omniprésente »), la fatigue (« labeur de serf » ; « cacher ta fatigue ») et la déception face à l'attitude des peuples colonisés (« ces années d'ingratitude »)[4]. En effet, ces derniers, « agités et sauvages », « mi enfants, mi-démons », se manifestent par leur manque de reconnaissance (« Le blâme de ceux dont tu as amélioré le sort/La haine de ceux que tu as protégés »). À cette figure de barbarie (ces « foules qu'avec ménagement/(Et trop lentement peut-être) tu entraînes vers la lumière ») s'oppose le colonisateur qui avec altruisme (« subvenir aux besoins de tes captifs » ; « avec altruisme/Travaille au bénéfice des autres ») apporte la civilisation et la science : il instaure la paix (« imposer la paix »), « enraye la maladie » et la famine (« nourris les affamés »)[5].
Le poème insiste sur l'amertume de la tâche assumée par le colonisateur européen : si la civilisation britannique, et, au-delà, occidentale, est clairement présentée comme supérieure et destinée à se répandre dans le monde entier, elle n'est pas triomphante[6], comme le montre la conclusion des troisième et quatrième strophes : « Et lorsque tu auras presque atteint ton but/À la rencontre d'autrui/Vois la paresse et la barbare sottise/Anéantir tous tes espoirs » ; « Les ports où tu n'accosteras jamais/Les routes que tu ne fouleras pas/Bâtis-les de ton vivant et jonche-les de tes morts »[5].
Notes et références
- (en) Rudyard Kipling, « The White Man's Burden : The United States and the Philippine Islands », McClure's Magazine, vol. 12, no 4, , p. 290.
- (en) Benjamin Pimentel, « The Philippines: "Liberator" Was Really a Colonizer; Bush's revisionist history », The San Francisco Chronicle, , D-3 (lire en ligne).
- Kipling (1865 - 1936), Le «fardeau de l'homme blanc» sur Herodote.net
- Kemoun 2004, p. 33
- Kemoun 2004, p. 34
- Isabelle Surun (dir), Les sociétés coloniales à l'âge des Empires (1850-1960), Atlande, 2012, p. 465.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Joëlle Boyer-Ben Kemoun, Colonisation européenne et système colonial du milieu du XIXe siècle aux années 1960, Ellipses, , 142 p. (présentation en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Le Fardeau de l'homme blanc en français sur www.cai.org
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