Lauberhorn
Les courses du Lauberhorn (en allemand Lauberhornrennen) ont lieu chaque année dans l'Oberland bernois en Suisse. Le Lauberhorn désigne en général la piste de descente de Wengen, la plus longue au monde avec ses 4 455 mètres. Les coureurs mettent environ 2 minutes et 30 secondes pour parcourir cette distance. La vitesse maximale est de l'ordre de 160 km/h ce qui en fait le descente la plus rapide de la coupe du monde de ski alpin. Deux autres compétitions ont lieu : le slalom et le combiné.
Lauberhorn | |||
L'aire d'arrivée de la descente du Lauberhorn en 2006. | |||
Administration | |||
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Pays | Suisse | ||
Localité | Wengen | ||
Massif | Alpes bernoises (Alpes) | ||
Coordonnées | 46° 35′ 33″ nord, 7° 56′ 53″ est | ||
Discipline | Ski alpin (descente) | ||
Événements | Coupe du monde de ski alpin | ||
Descente | |||
Altitude de départ | 2 315 m | ||
Altitude d'arrivée | 1 290 m | ||
Dénivelé | 1 025 m | ||
Longueur | 4 455 m | ||
Géolocalisation sur la carte : canton de Berne
Géolocalisation sur la carte : Suisse
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La course est également réputée pour le paysage dans lequel elle se déroule, entourée notamment par l'Eiger, le Mönch et la Jungfrau.
Descente
Appréciée par le public et les coureurs pour ses caractéristiques, la descente du Lauberhorn se déroule au pied de l'Eiger, dans la région de la Jungfrau, vers la vallée de Lauterbrunnen. Elle comprend des passages clés comme le Hundschopf (la tête de chien, un saut de 40 mètres entre deux rochers), le Kernen-S (un enchaînement de deux virages à 90° en une petite trentaine de mètres) et le Wasserstation tunnel (le passage sous un petit viaduc de la ligne ferroviaire locale, le Wengernalpbahn)[1]. Environ 30 000 spectateurs assistent à la descente chaque année[2]. La Patrouille Suisse fait également une démonstration durant le week-end des courses[2].
Histoire
La course, créé en 1930 par Ernst Gertsch[2], est la plus vieille course de ski au monde[2]. Elle a été créée pour montrer aux Anglais, qui venaient régulièrement en vacances dans l'Oberland bernois, que les Suisses étaient meilleurs skieurs[2]. Les premières courses ont été un slalom et une descente, remportés respectivement par les Suisses Ernst Gertsch et Christian Rubi, et un combiné remporté par le britannique Bill Bracken[2].
Le fils d'Ernst Gertsch, Viktor, a pris le relais de son père à la présidence du comité d'organisation des courses en 1970. Il a quitté ses fonctions après 44 ans de service, en 2014, à l'âge de 72 ans[2]. Urs Näpflin, responsable de course entre 2000 et 2012, puis vice-président du comité d'organisation de 2012 à 2014, a repris le poste de président après le départ de Viktor Gertsch[3].
Certains lieux le long du parcours ont été nommés en fonction de divers événements qui ont eu lieu durant les courses, notamment :
- le Minschkante, la « bosse à Minsch », nommé d'après le skieur suisse Josef Minsch qui s'est blessé gravement à cet endroit en 1965[1].
- le Canadian Corner, le « coin des Canadiens », est une allusion aux chutes des Canadiens Ken Read et Dave Irwin lors de la descente de 1976[4].
- le Kernen-S, auparavant Brückli-S, est nommé en raison de la relation « amour-haine » du Suisse Bruno Kernen avec ce passage. En effet, il a chuté de manière spectaculaire dans ce passage en 1997 mais l'a bien passé en 2003, année où il a remporté la course[5].
- le Österreicherloch, le « trou des Autrichiens », a été baptisé à la suite de la course de 1954 où chutèrent trois des favoris autrichiens : Toni Sailer, Walter Schuster et Anderl Molterer[6].
En 1991, le jeune skieur autrichien Gernot Reinstadler trouva la mort près de l'arrivée (la Ziel-S). Il ne fut pas capable de négocier la courbe en S et engagea le dernier saut avec une mauvaise trajectoire. Il percuta le bord de la piste à environ 75 km/h[7] et son ski se coinça dans les filets. Il fut grièvement blessé par son ski et décéda dans la nuit à Interlaken des suites d'un bassin brisé et d'importantes hémorragies internes dans la partie inférieure du corps[7]. La course n'eut pas lieu cette année[8]. Afin d'éviter d'autres accidents, la configuration de la piste fut remaniée. La sécurité fut renforcée et les portes furent déplacées vers le haut et vers la gauche.
Chiffres
Source identique pour l'ensemble du tableau[9]:
Année | Nombre de spectateurs | Taux d'écoute SRF | Budget | Fan's club | Nombre de participants |
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2006 | 25 000 | 1 006 000 | - | 582 | 61 |
2007 | 21 000 | 1 024 000 | - | 499 | 68 |
2008 | 21 500 | 1 074 000 | - | 470 | 57 |
2009 | 29 000 | 1 055 000 | - | 467 | 67 |
2010 | 32 000 | 1 082 000 | - | 460 | 55 |
2011 | 35 000 | 1 031 000 | - | 450 | 57 |
2012 | 38 000 | 1 062 000 | - | 500 | 59 |
2013 | 33 000 | - | - | - | 60 |
2014 | 29 000 | - | 6,4 millions | - | 71 |
2015 | 24 000 | - | 6,4 millions | - | 55 |
2016 | 22 000 | - | 6,8 millions | - | 60 |
2017 | Annulé pour cause météorologique | - | - | - | - |
2018 | 35 000 | - | 6,8 millions | - | 62 |
Caractéristiques
Tracé
Le départ est donné à une altitude de 2 315 mètres[10]. Un long droit sur un virage à droite va mener les concurrents jusqu'au Russisprung (en français : saut Russi, du nom de Bernhard Russi), où les athlètes décollent sur une vingtaine de mètres[10] pour arriver sur le Traversenschuss, long schuss[NB 1] qui mène sur le Hundschopf (en français : la Tête de chien), impressionnant saut entre deux rochers[10].
La course se poursuit sur la Minschkante, une bosse où les descendeurs passent à près de 110 km/h, en direction du Canadian Corner (en français : Coin de Canadiens), une longue courbe où il faut optimiser la vitesse[10]. Suit l'Alpweg et le Kernen-S[1], du nom de Bruno Kernen, où il faut veiller à ne pas perdre de vitesse en vue du long schuss sur la Wasserstation (en français : la Station d'eau) où les coureurs passent dans un tunnel étroit des chemins de fer Wengernalpbahn[1] pour arriver sur le Langentrejen[10]. La partie la plus rapide de la descente est le Hanneggschuss[10].
Le record de vitesse a été réalisé le par le français Johan Clarey, qui a effectué un passage à 161,9 km/h, battant ainsi le record de Carlo Janka réalisé la veille lors de la descente du super-combiné[2]. C'est également le record absolu de vitesse pour une descente[1]. La section suivante est le Silberhornsprung (en français : Saut du Silberhorn), passage marqué par un virage suivi rapidement d'un saut[10]. La course arrive dans sa portion finale par le Oesterreicherloch (en français : le trou des Autrichiens), le Final-S, le Schuss final et enfin l'arrivée à une altitude de 1 287 mètres[10]. La course fait ainsi une longueur de 4,5 kilomètres pour une dénivellation de 1 025 mètres[10].
Sécurité
Les filets et coussins de sécurité s'étendent sur 16 kilomètres[10]. Après le Hanneggschuss, ou les coureurs arrivent à près de 160 km/h, il y a un ruisseau qui coule à travers la piste. Pour éviter tout risque, les organisateurs montent une passerelle avant les premières neiges afin que le ruisseau puisse couler dessous. Au printemps, la passerelle est à nouveau démontée pour que le ruisseau puisse couler à l'air libre. Le coût initial de l'opération est de 700 000 francs suisses[11]. Le Ziel-S a été remanié plusieurs fois. En 1991, après l'accident de Reinstadler, puis en 2009, ou la piste a été élargie d'une quinzaine de mètres et le virage rendu moins exigeant[12].
Une quarantaine d'hélicoptères sillonnent le ciel pour le transport de passagers durant le week-end. Pour éviter tout accident, l'armée suisse déploie une tour de contrôle mobile afin d'assurer la circulation aérienne[13].
Retransmission télévisée
La retransmission télévisée est assurée par la Schweizer Radio und Fernsehen (SRF) depuis 1960[14]. Le long du tracé sont installées 22 caméras reliées par près de six kilomètres de câbles en fibre optique qui envoient les images vers le camion de reportage de la RTS à Lauterbrunnen[14]. De plus, un drone équipé d'une caméra et piloté par deux spécialistes est utilisé, notamment pour le passage sur le Hundschopf[14]. De Lauterbrunnen, les images sont envoyées à Zurich puis diffusées à l'échelle mondiale[14]. Dans l'aire d'arrivée, se trouvent également les zones d'interview[14]. Les coûts de production sont de près d'un million de francs suisses[14].
SRF déploie plus de cent collaborateurs sur une semaine pour préparer et assurer la retransmission[14]. Le matériel est acheminé par rail, seul accès à Wengen, et par hélicoptère. Près de 30 vols sont nécessaires pour amener les 22 tonnes de matériel[14]. C'est un événement d'une grande importance pour SRF qui l'utilise comme carte de visite afin d'obtenir l'adjudication de la production de grands événements comme les épreuves de ski alpin des Jeux olympiques d'hiver[14],[NB 2].
La diffusion et les moyens ont grandement évolué depuis 1960. La première diffusion en couleur a eu lieu en 1973, celle du Hundschopf en 1978, les premières images du départ (1984) et la première interview en direct de la zone d'arrivée en 1987[14]. Bernhard Russi a fait la première descente caméra au poing en 1989[14]. Enfin la superposition des images de deux coureurs en 1998, la nouvelle aire d'arrivée (2008) jusqu'à la première diffusion en haute définition en 2009 montrent l'importance de l'événement et les investissements consentis pour la diffusion de cette compétition[14].
Vainqueurs
Autres
- La course fut à l'écran du film de Robert Redford, La Descente infernale (1969), avec Gene Hackman[15].
Annexes
Notes
- Le schuss est la position de recherche de vitesse que prend un skieur lors d'un passage droit. Il est également utilisé pour nommer les passages dans lequel le skieur se met dans cette position.
- Notamment grâce à cette réalisation, SRF a obtenu la production des épreuves de ski alpin pour les Jeux olympiques de 2006, 2010 et 2014
- Le slalom fut organisé à Veysonnaz sur la Piste de l'Ours.
- Un Super-G fut organisé en lieu et place du slalom.
Références
- « Lauberhorn : la discipline reine », sur jungrau.ch, Jungfrau Tourisme (consulté le )
- Jane A. Peterson, « Une histoire de famille se termine au Lauberhorn », sur swissinfo.ch, (consulté le )
- (de) « «Urgestein» Viktor Gertsch tritt ab », sur swissinfo.ch, (consulté le )
- (de) « Der «Canadian Corner» - eine schwierige Rechtskurve », sur srf.ch, Radio télévision suisse, (consulté le )
- (de) « Das «Kernen-S» - eine Hassliebe », sur srf.ch, Radio télévision suisse, (consulté le )
- (de) « «Österreicherloch» - Toni Sailers Verhängnis », sur srf.ch, Radio télévision suisse, (consulté le )
- (en) AP, « Austrian Skier Dies After Race Fall », New York Times, (lire en ligne)
- « GERNOT REINSTADLER N'EST PLUS », sur lesoir.be, Le Soir, (consulté le )
- « Faits et chiffres », sur lauberhorn.ch (consulté le )
- Raphaël Vannay, Isabelle Musy, « Défago et Kernen décryptent le Lauberhorn », sur letemps.ch, Le Temps (consulté le )
- (de) « Lauberhorn: Mehr Sicherheit am Haneggschuss! », sur skionline.ch, (consulté le )
- (de) Mario Rall, Florian A. Lehmann, « Legendäres Ziel-S am Lauberhorn: Entschärft oder verschandelt? », sur skionline.ch, (consulté le )
- (de) Adrian Müller, « Eine Heli-Armada schwirrt ums Lauberhorn », sur 20min.ch, 20 Minuten, (consulté le )
- (de) Thomas Wälti, « Mit der Drohne über den Hundschopf », sur tagesanzeiger.ch, Tages Anzeiger, (consulté le )
- (en) 'Downhill Racer' [DVD], Michael Ritchie New York : The Criterion Collection.
Bibliographie
(de) Martin Born, Lauberhorn - Die Geschichte eins Mythos, Zurich, As Verlag, , 240 p. (ISBN 3909111084)
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel des courses internationales du Lauberhorn sur lauberhorn.ch
- Infographie animé du tracé sur letemps.ch
- Résultats détaillés des courses du Lauberhorn sur lauberhorn.ch
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