Langue camunienne

La langue camunienne est une langue antique éteinte, parlée au Ier millénaire av. J.-C. dans certaines vallées des Alpes centrales (Val Camonica, Valtellina) et non déchiffrée. Son nom provient de l'antique peuple des Camunni qui habita le Val Camonica pendant l'âge du fer et qui fut l'auteur de la plupart des gravures rupestres de la zone.

L’alphabet de la langue camunienne

Histoire et description

Les témoignages de la langue parlée par les Camunni sont rares et non déchiffrés : parmi les dessins rupestres du Valcamonica, il y a des inscriptions écrites en langue camunienne. Les connaissances restent trop incertaines pour qu'on soit en mesure de déterminer si elle appartient à une famille de langues plus large.

Emmanuel Anati, spécialiste de la civilisation camunienne, rapporte que l'archéologue Giovanni Marro datait cette écriture à 3 000 ans avant J.C.[1], alors que lui-même pense qu'elle remonte plutôt à 2 000 ans av J.C. Cette datation est reprise par Elisa de Vaugüé qui fait confluer les données graphémiques avec des données génétiques haplogroupales[2].

La langue camunienne est connue uniquement par un corpus épigraphique gravé sur roche faisant partie des sculptures de pierre du Valcamonica. Ce corpus est gravé dans une variante de l'alphabet étrusque septentrional, connu comme alphabet camunien ou encore alphabet de Sondrio[3].

Il semblerait pour Elisa de Vaugué que suivant des données génétiques, le camunien puisse être un proto-langage pré-indoeuropéen, plutôt à l'origine de la langue étrusque, mixé avec des graphèmes nordiques.

Vers le Ve siècle av. J.-C., les Étrusques, déjà largement répandus dans la vallée du Pô, ont eu des contacts avec les populations alpines. Les traces de l'influence de cette culture se retrouvent dans l'alphabet camunien dont on possède plus de deux cents gravures sur roche et qui est très semblable à l'alphabet étrusque du nord[4].

Vers le IIIe siècle av. J.-C., sont arrivés en Italie les Celtes gaulois qui, venant de la Gaule transalpine, se sont installés dans la plaine du Pô et sont entrés en contact avec la population camunienne : en témoignent la présence, parmi les sculptures de pierre du Valcamonica, des figures de divinités celtiques comme Cernunnos.

Alphabet

Les signes les plus importants de l'alphabet ont été identifiés et étudiés dans la commune de Paspardo[5]:

  • un theta (Θ);
  • un Phi (Φ)
  • un e (E) ainsi que six segments horizontaux.

Plus d'une centaine d'inscriptions, pour la plupart des lettres unitaires ou de petits groupes de deux à trois caractères, souvent associées à des figures de guerriers, ont été repérées en Valcamonica[5].

Translitération

Glyphe Tibiletti Bruno 1992[6] Zavaroni 2004[7] Martinotti 2009[8]
- A -
A A
A -
B B (V?)
B B (V?)
- D
h D (?) -
E E
E E
E E
V -
G K (G?)
G -
h H J (ii/h/η?)
- H -
I I
I I
- K K (G?)
L L
L L
M M
M M
N N
N N
O Φ (Q?)
- P -
P P
R R
R R
S χ
S S
S S
T T
T T
- T I
-
-
- TS - -
TS - χ
U - W U
- U - W U
Z χ
Z χ

Images

Divers

Notes et références

  1. Emmanuel Anati, La Civilisation du Val Camonica, 1960, Editions Arthaud
  2. Civilisation Camunienne une émanation hyperboréenne disparue et oubliée: Camunien, Phénicien & Runes nordiques, Graphèmes & Haplogroupes, editions Hyperboréennes, 18 juin 2019, (ISBN 978-1074685126)
  3. (it) « Iscrizioni camune a cura di Adolfo Zavaroni », .
  4. (it) « Incisioni rupestri sul sito del comune di Paspardo », .
  5. (it) « Incisioni rupestri sul sito del comune di Paspardo »,
  6. Maria Grazia Tibiletti Bruno, Gli alfabetari, Quaderni camuni n° 60, 1992, p. 307
  7. Adolfo Zavaroni, Iscrizioni camune, 2004
  8. Angelo Martinotti, Le iscrizioni preromane in Lucus rupestris, 2009, p. 325

Voir aussi

Bibliographie

  • (de) Stefan Schumacher, 2007, Val Camonica, Inschriften dans Reallexikon der germanischen Altertumskunde. Band 35: Speckstein bis Zwiebel, éd. Heinrich Beck et al., Berlin - New York, p.  334–337.
  • (it) Adolfo Zavaroni, L'alfabeto Camuno
  • (it) Alberto Mancini, 1980, Le iscrizioni della Valcamonica dans Studi Urbinati di storia, filosofia e letteratura. Supplemento linguistico 2, p.  75–166.
  • (it) Alberto Mancini, 1991, Iscrizioni retiche e iscrizioni camune. Due ambiti a confronto dans Quaderni del Dipartimento di Linguistica, Università degli studi di Firenze 2, p.  77–93.
  • (en) Thomas Markey, L, 2008, « Shared symbolics, genre difussion, token perceptions and late literacy in North-western Europe » dans Nowele 54/55, pp. 5–62.
  • (it) Maria Grazia Tibiletti Bruno, 1990, « Nuove iscrizioni camune » dans Quaderni camuni 49-50, p.  29–171.
  • (it) Maria Grazia Tibiletti Bruno, 1992,. Gli alfabetari dans Quaderni camuni 60, p.  309–380.

Articles connexes

Liens externes

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