Labyrinthe de la cathédrale de Reims

Le labyrinthe de la cathédrale de Reims était un labyrinthe d'église installé sur le sol de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Reims. Il figure notamment sur le logotype des monuments historiques français.

Structure

Emplacement du labyrinthe dans la nef.

Le labyrinthe avait la forme d'un carré complexe à coins coupés de 34 pieds (10,36 m) de côté[1]. Les chemins mesuraient 11 pouces (27,94 cm) de large, séparés par des lignes de pierre de couleur bleu noir des Ardennes de 4,5 pouces (11,43 cm)[2]. Il était constitué de pierre tendre qui s'usait sous les pas des pèlerins, du même genre que celle de la pierre tombale de Pierre Libergier, aujourd'hui exposée sur un mur de la cathédrale[2].

L'originalité du labyrinthe est de présenter les maîtres d'œuvre de la cathédrale en les faisant sortir de l'anonymat qui règne sur les autres églises ou cathédrales.

Ils sont connus avec précision, car des relevés du labyrinthe ont été dressés en 1640 par le chanoine Cocquault et en 1779 juste avant sa destruction par Robin et Havé. Ces descriptions contenaient aussi le déchiffrement des inscriptions au regard de chaque silhouette[2].

Le personnage central est identifié à Aubry de Humbert, archevêque rémois qui décida en 1211 de reconstruire une nouvelle cathédrale à la place de l'ancienne détruite par un incendie en 1210[3].

Les personnages dans les angles sont les maîtres d'œuvre successifs de la cathédrale[3],[1],[2] :

C'est ce dernier qui était chargé de l'inauguration du labyrinthe. On ne trouve pas trace du cinquième maître d'œuvre, sans doute le plus connu, Robert de Coucy qui officia de 1290 à 1311 et fit notamment la couverture[2].

Les personnages sont représentés en pleine activité avec leurs outils à la main. Jean d'Orbais semble par exemple tracer un plan sur le sol[2].

Le labyrinthe comportait deux autres silhouettes de chaque côté de son entrée, mais elles n'ont pas pu être identifiées car elles étaient déjà presque effacées[2].

Histoire

Les labyrinthes d'église sont des pavages polychromes symbolisant la montée du Christ au Calvaire[4]. Ils étaient appelés Chemin de Jérusalem. Les fidèles les suivaient à genoux comme pèlerinage symbolique ou pour gagner des indulgences[3],[4]. Un livret contenant des prières à réciter en le parcourant portait le titre Stations au chemin de Jérusalem, qui se voit en l'église Notre-Dame de Reims[5].

Le labyrinthe a été inauguré lors du sacre de Philippe le Bel intervenu le [2]. Il recouvrait la partie centrale de la nef sur l'ensemble des 3e et 4e travées[3],[2].

Le labyrinthe a été détruit en 1779 par les chanoines, qui se trouvaient dérangés par les enfants qui jouaient sur le labyrinthe pendant les offices[6],[7].

Jacques Cellier en a fait un dessin au XVIe siècle[8].

Dans la culture

Projet Prisme

L'image du labyrinthe projeté sur le sol de la nef.

L'association d'entreprises mécènes Prisme a proposé la reconstruction du labyrinthe. Mais cela se heurtait à des difficultés techniques et administratives[4].

Le choix a donc été fait d'une reconstitution réversible, à l'aide d'une projection lumineuse au sol inaugurée le . Elle n'est pas mise en œuvre en permanence, mais en soirée lors de manifestations culturelles[4].

Iconographie

Logo des monuments historiques.

Débarrassé de ses personnages, avec une rotation de 45° et souvent de couleur rouge foncé, le labyrinthe de la cathédrale de Reims a inspiré le logo des Monuments historiques, utilisé depuis 1985[7].

Il illustre par ailleurs l'intérieur de la pochette de l'album des Rolling Stones Their Satanic Majesties Request, paru en 1967[9].

Notes

  1. « Le labyrinthe disparu de la cathédrale de Reims », sur Charte de Fontevrault (consulté le ).
  2. Dominique Naert, Le labyrinthe de la cathédrale de Reims : La signature des batisseurs, 29 rue Gay-Lussac, 94120 Fontenay-sous-Bois, SIDES, , 96 p. (ISBN 2-86610-073-5, notice BnF no FRBNF36176911).
  3. Yann Harlaut, « Bienvenue à la découverte de ce joyau de l'art gothique » (consulté le ).
  4. « Cathédrale Notre-Dame de Reims », sur cathédrale de Reims, Direction régionale des affaires culturelles de Champagne-Ardenne (consulté le ).
  5. Voir Louis Paris, p. 29.
  6. Jean Diblik, Reims : comment lire une cathédrale, Editions d'art et d'histoire ARHIS, , p. 107.
  7. « Logotypes Monument historique et Site patrimonial remarquable », sur culture.gouv.fr (consulté le )
  8. Robert Branner, Jean D'Orbais and the Cathedral of Reims, (lire en ligne)
  9. (en) Charles Yoe, « The Rolling Stones Album Art Research: Their Satanic Majesties Request » [PDF], sur It's Only Rock'n Roll, The Rolling Stones Fan Club, , p. 13-15

Annexes

Bibliographie

  • « Labyrinthe de la cathédrale de Reims », dans Jacques Cellier, Recherches de plusieurs singularités, par Françoys Merlin, controlleur général de la maison de feu madame Marie-Élizabeth, fille unique de feu roy Charles dernier, que Dieu absolue. Portraictes & escrites par Jacques Cellier, demourant à Reims. Commencé le 3e jour de . Achevé le 10e septembre Mil Vc quatre vingt & sept, Manuscrit français 9152, folio 77r (voir)
  • Louis Demaison, « Les architectes de la cathédrale de Reims », dans Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1894, p. 3-40 (lire en ligne)
  • Dominique Naert (préf. Patrick Demouy), Le labyrinthe de la cathédrale de Reims : La signature des bâtisseurs, 29 rue Gay-Lussac, 94120 Fontenay-sous-Bois, SIDES, , 96 p., 21 cm, ill. (ISBN 978-2-86610-073-5, OCLC 465694632, notice BnF no FRBNF36176911, présentation en ligne)
  • Louis Paris, Le jubé et le labyrinthe dans la cathédrale de Reims, Librairie de Michaud, Reims, 1885, p. 25-38 (lire en ligne))
  • Francis Salet, « Le premier colloque international de la Société française d'archéologie (Reims, ler-). Chronologie de la cathédrale », dans Bulletin monumental, 1967, tome 125, no 4, p. 347-394 (lire en ligne)

Liens externes

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