La Kermesse héroïque
La Kermesse héroïque est un film franco-allemand de Jacques Feyder, d'après une nouvelle de Charles Spaak, sorti en 1935.
Réalisation | Jacques Feyder |
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Scénario |
Robert A. Stemmle Charles Spaak et Jacques Feyder |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Tobis (de) |
Pays d’origine | France Allemagne |
Genre | Drame |
Durée | 110 minutes |
Sortie | 1935 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Le film se passe en 1616, du temps du peintre Jan Brueghel le Jeune, à Boom, petite ville de Flandre-Orientale pendant la domination espagnole. La cité se prépare pour sa kermesse annuelle, quand un garde vient annoncer l'arrivée de l'ambassadeur d'Espagne et de sa suite armée, se rendant aux Pays-Bas.
C'est la panique chez les notables et les boutiquiers, qui ont encore en mémoire les pillages provoqués par les Espagnols quelques décennies plus tôt. Le bourgmestre, dont la qualité maîtresse n'est pas le courage, conseille à la population le calme, la prudence et l'obéissance et décide de faire le mort au sens littéral du terme. Sa femme, révoltée par sa couardise, décide, en compagnie des bourgeoises de la ville, de jouer les hôtesses de charme. Le duc d'Olivarès se révèle d'ailleurs plein d'égards et de déférence, et son escorte ne songe qu'à festoyer. De galants quiproquos émailleront leur passage, et le départ de l'envahisseur au petit matin laissera bien des regrets.
Fiche technique
- Titre : La Kermesse héroïque
- Titre anglais : Carnival in Flanders
- Réalisation : Jacques Feyder, assisté de Charles Barrois et de Marcel Carné
- Assistant artistique : Charles Barrois
- Conseiller historique : M. Sterling
- Scénario : D'après une nouvelle de Charles Spaak
- Adaptation : Robert A. Stemmle Charles Spaak et Jacques Feyder
- Dialogue : Bernard Zimmer
- Musique originale : Louis Beydts
- Directeur de la photographie : Harry Stradling Sr.
- Opérateur : Louis Page, assisté d'André Thomas
- Costumes : Georges K. Benda, J. Muelle
- Décors : Lazare Meerson, Alexandre Trauner, Georges Wakhévitch
- Son : Hermann Storr
- Montage : Jacques Brillouin
- Tournage dans les studios d'Epinay
- Production : Société des films sonores Tobis (de)
- Directeur de production : Pierre Guerlais
- Distribution : Filmsonor
- Pays : France, Allemagne
- Genre : Comédie historique
- Durée : 110 minutes
- Date de sortie :
Distribution
- Françoise Rosay : Cornélia, la femme du bourgmestre
- André Alerme : le bourgmestre de Boom
- Micheline Cheirel : Siska, la fille du bourgmestre
- Bernard Lancret : Jean Brueghel, le jeune peintre amoureux de Siska
- Jean Murat : le duc d'Olivarès, ambassadeur d'Espagne
- Louis Jouvet : le chapelain
- Lyne Clevers : la poissonnière
- Maryse Wendling : la boulangère
- Ginette Gaubert : l'aubergiste
- Marguerite Ducouret : la femme du brasseur
- Alfred Adam : le boucher et premier échevin, prétendant à la main de Siska
- Arthur Devère : le poissonnier
- Pierre Labry : l'aubergiste
- Marcel Carpentier : le boulanger
- Alexander d'Arcy : le premier lieutenant Espagnol
- Claude Sainval : le second lieutenant Espagnol
- Delphin : le nain
- Roger Legris : le mercier
- Bernard Optal : Ambroise, le fils de Cornélia
- Matt Mattox : un danseur
- Will Dohm
- Rolla Norman
- Enrico Glori
- Raphaël Médina
- Pierre Athon
- Georges Spanelly
- Francine Wells
- Yvonne Yma
- Marianne Hardy
- Molly Robert
- Myrillis
Analyse
Ce film ouvre, avec les deux longs métrages précédents de Feyder (Le Grand Jeu et Pension Mimosas), la veine du réalisme poétique qui sera ensuite approfondie par son assistant Marcel Carné[1],[2].
C'est aussi un hommage à l'âge d'or de la peinture flamande, qui a inspiré les décors et la mise en scène. L'œuvre de Feyder rend compte du réalisme de cette peinture et met en exergue des personnages truculents, qui semblent tout droit sortis de ces tableaux. Les plans fixes sont nombreux, de façon à privilégier le point de vue que l'on peut avoir devant une peinture. La taille des décors est réduite, afin de laisser une place prédominante aux personnages, comme cela se faisait dans les tableaux flamands. Feyder, d'origine belge, voyait dans ce film « le plus grand effort qui a été réalisé pour vulgariser et diffuser à travers le monde, l'art prestigieux des grands peintres de son pays natal. »[2].
La ville de Boom a été reconstituée, par le décorateur Lazare Meerson, dans la cour des studios d'Épinay-sur-Seine en France[2]. Il a su reproduire, dans un style poétique, l'ambiance de la ville et des intérieurs flamands du XVIIe siècle. Son travail, avec l'aide d'Alexandre Trauner et Georges Wakhévitch, a fortement contribué à la beauté du film[3].
Une réception tendue
La Kermesse héroïque obtint, à sa sortie en Europe, un très grand succès dans les salles[3]. Mais le film suscita aussi des réactions de rejet en Flandre où on lui reprocha de présenter les Flamands comme des lâches et des collaborateurs. Lors de la première guerre mondiale, une grande partie de la Flandre était occupée par les Allemands. L'histoire pouvait dès lors peut-être évoquer indirectement un faible esprit de résistance des habitants pendant cette période et même de la complaisance envers l'occupant. C'est ainsi qu'il fut compris par des spectateurs de 1936, ce qui suscita des manifestations de protestation dans les grandes villes du nord de la Belgique[2]. Georges Sadoul, historien du cinéma, se porta en faux contre cette interprétation : « Ce qui était sans rapport avec les intentions du réalisateur. Elles relevaient d'un pacifisme ancien, sans pour cela annoncer la "collaboration" dans laquelle, cinq ans plus tard, devaient se lancer les flamingants adversaires de La Kermesse »[4]. Le film fit débat à la chambre belge qui repoussa la demande d'interdiction demandée par certains Flamands. La Kermesse fut cependant interdite à Bruges[5]. Le dr Goebbels, ministre allemand de la propagande, favorisa le film à sa sortie car il donnait, selon lui, une bonne image de l'occupation allemande en 1914-1918[2]. Il le fit interdire plus tard en Europe occupée tout le temps de la guerre.
Récompenses
- 1935 : Grand prix du cinéma français
- Prix de la meilleure mise en scène à la biennale de Venise en 1936
- Grand Prix du Cinéma International décerné par les critiques français
Anecdote
Tuesday Weld raconte le film à Steve McQueen dans Le Kid de Cincinnati. Dans la version doublée en français du Kid, La Kermesse héroïque est présentée comme un film italien, alors que la version originale précise bien qu'il s'agit d'un film français !
Bibliographie
- Histoire du cinéma français (encyclopédie des films, 1935-1939), Paris, Pygmalion, p. 59-62 et p. 99
Voir aussi
- (en) Carnival in Flanders, comédie musicale américaine basée sur ce film.
Notes et références
- Dictionnaire du cinéma, Ed Larousse-Bordas, Paris, 1998. p. 282
- Philippe Rocher, « La Kermesse héroïque »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur critikat.com
- Claude Beylie et Jacques Pinturault, Les films-clés du cinéma, éd. Larousse, 2011, p. 88
- Georges Sadoul, Histoire du cinéma mondial, Flammarion, 1972, chapitre XV.
- Histoire du cinéma français (encyclopédie des films, 1935-1939), Paris, Pygmalion, p. 99
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Benoît Mihaïl, La Kermesse héroïque, un hommage à la Flandre ? La polémique autour du film de Jacques Feyder en Belgique, in Les Cahiers d'Histoire du Temps présent, n°10, 2002.
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