La Courbe de tes yeux

La Courbe de tes yeux est un poème de Paul Éluard, sans titre, commençant par « La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur » et se terminant par « Et tout mon sang coule dans leurs regards ». Ce poème, écrit par Éluard en 1924, paraît dans son recueil Capitale de la douleur publié en 1926.

Contexte

Paul Éluard est encore très épris de Gala, une jeune Russe dont il a fait la connaissance en 1912 dans un sanatorium, et qu'il a épousée en 1917. Mais en 1924, l'année où ce poème est écrit, Gala est devenue la maîtresse de Max Ernst, et pose pour lui. Malheureux, Éluard part quelques mois faire le tour du monde[1]. Dans La Courbe de tes yeux, Éluard évoque les yeux et le regard de celle qu'il aime encore.

Analyse

Comme dans d'autres pièces du même recueil Capitale de la douleur, ce poème La Courbe de tes yeux reste cependant plus marqué par l'amour, et par le souvenir nostalgique de cet amour, que par la trahison et la blessure[1].

Éluard suit la règle classique du blason, centré ici sur les yeux et le regard de la femme aimée, sur un mode courtois et voluptueux, proche de la sensualité[2].

Dès le premier vers avec la courbe des yeux de la femme aimée, et dans la suite du poème, les images circulaires se succèdent[1],[3] : « La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,/ Un rond de danse et de douceur,/ Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,... »

Partant des images physiques et physiologues et de la métaphore corporelle, le poète surréaliste va bien au-delà, avec sa magie des mots presque contradictoires, défiant les lois de la logique et de la physique[4]. Les associations surréalistes enrichissent ainsi les images : « auréole du temps », « feuilles de jour », « mousses de rosée », « sourires parfumés », « parfums éclos », « couvée d'aurores », « paille des astres »[5]

La construction et le rythme du poème assurent son unité, par les juxtapositions, compléments de nom, épithètes, et les hémistiches se répondant ou se poursuivant d'un vers à l'autre[6].

L'ensemble converge vers le dernier vers « Et tout mon sang coule dans leurs regards », où les yeux de la femme aimée, dont le regard est séducteur au premier vers puis protecteur et maternel, deviennent les miroirs et réceptacles du sang, du principe vital du poète[6],[7].

Notes et références

  1. Arana 2015.
  2. Ondo 2014, p. 298.
  3. Mansfield 2012, p. 56.
  4. Stamelman 2010, p. 92.
  5. Mansfield 2012, p. 56-57.
  6. Mansfield 2012, p. 57.
  7. Stamelman 2010, p. 91, 93-94.

Bibliographie

  • Albert Mingelgrün, L'évolution esthétique de Paul Éluard, L'Âge d'homme, (ISBN 2825129461 et 9782825129463), p. 99-100 [extraits en ligne].
  • Eric Mansfield, L'École du regard dans Les Yeux d'Elsa d'Aragon et dans Les Yeux fertiles d'Eluard, Publibook, (ISBN 2748390156 et 9782748390155), p. 56-57 [extraits en ligne].
  • (en) Richard Stamelman, « Paul Éluard, “La courbe de tes yeux...” », dans Hugues Azérad, Peter Collier, Twentieth-Century French Poetry: A Critical Anthology, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0521886422 et 9780521886420), p. 90-97 [extraits en ligne].
  • (en) « The Curve of Your Eyes », dans R. Victoria Arana, Encyclopedia of World Poetry, 1900 to Present, New York, (ISBN 978-1-4381-4072-8).
  • Marina Ondo, La Peinture dans la poésie du XXe siècle, t. 1, Connaissances et Savoirs, (ISBN 2753902399 et 9782753902398), p. 297-300.

Voir aussi

Articles connexes

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