L'Œuvre au noir

L'Œuvre au noir est un roman de Marguerite Yourcenar, paru le .

Pour l’article homonyme, voir L'Œuvre au noir (film).

L'Œuvre au noir

« Le Laboratoire de l'alchimiste » dans Amphitheatrum sapientiae aeternae d'Heinrich Khunrath (1595)

Auteur Marguerite Yourcenar
Genre Roman historique
Éditeur éditions Gallimard
Collection Blanche
Date de parution
Nombre de pages 338
ISBN 2070274373

Dès l'année de sa parution, il connaît un grand succès public ; le prix Femina lui est décerné par un vote à l'unanimité du jury.

Roman

Titre

L'expression « œuvre au noir » désigne en alchimie la première des trois phases dont l'accomplissement est nécessaire pour achever le magnum opus. En effet, selon la tradition, l'alchimiste doit successivement mener à bien l'œuvre au noir, au blanc, et enfin au rouge afin de pouvoir accomplir la transmutation du plomb en or, d'obtenir la pierre philosophale ou de produire la panacée.

Yourcenar commente ainsi à ce sujet :

« La formule « L'Œuvre au noir », donnée comme titre au présent livre, désigne dans les traités alchimiques la phase de séparation et de dissolution de la substance qui était, dit-on, la part la plus difficile du Grand Œuvre. On discute encore si cette expression s'appliquait à d'audacieuses expériences sur la matière elle-même ou s'entendait symboliquement des épreuves de l'esprit se libérant des routines et des préjugés. Sans doute a-t-elle signifié tour à tour ou à la fois l'un et l'autre[1]. »

Histoire

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Incarnation, à bien des titres, de l'humaniste, Zénon Ligre, homme de la Renaissance, à la fois clerc, philosophe, médecin et alchimiste, a beaucoup appris au cours d'une vie errante. Ses activités scientifiques, ses publications ainsi que son esprit critique indisposent l'Église. Réfugié à Bruges sous un faux nom, il sera enfermé dans une prison de l'Inquisition où il mettra fin à sa vie pour acquérir quelque chose de bien plus grand : la divinité.

Le récit se compose de trois parties :

  • La vie errante
  • La vie immobile
  • La prison

Zénon symbolise l'homme qui cherche mais ne peut taire la vérité au milieu de ses contemporains dont seuls certains le comprennent. Il y perdra sa liberté, puis sa vie. Sa vie errante et sa fin (refus de rétractation) ne sont pas sans rapport avec celle de Giordano Bruno. Ce personnage est également inspiré de penseurs du XVIe siècle persécutés par les autorités religieuses comme Paracelse, Michel Servet, Copernic, Étienne Dolet ou Tommaso Campanella. Plusieurs affirmations de Zénon proviennent, selon Marguerite Yourcenar, des Cahiers de Léonard de Vinci[2].

Portée de l'œuvre

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L'Œuvre au Noir peut être vu comme le pendant « Renaissance » des Mémoires d'Hadrien, le roman le plus célèbre de Marguerite Yourcenar. Ces deux romans ont en effet comme point commun de présenter les réflexions de deux hommes, bien qu'assez différents, sur leur époque, sur le monde tel qu'ils l'ont connu.

À la différence d'Hadrien, Zénon n'est pas un homme de pouvoir et évolue au sein d'une société où ceux qui prônent la liberté d'expression ou de pensée courent de grands risques. Ses nombreuses expériences (le roman raconte sa vie depuis sa naissance — bâtard de la sœur d'un riche négociant de Bruges — jusqu'à sa mort en prison), motivées par une sagesse et une ouverture d'esprit peu communes pour l'époque, le mèneront à s'intéresser à des sujets fort divers : la médecine (approfondissant l'anatomie, pratiquant des dissections), l'alchimie, les voyages (à travers l'Europe et l'Afrique du Nord), etc. Toutefois, il se heurte partout à un monde cruel où règne l'obscurantisme, où la peine de mort est facilement appliquée et où le danger est permanent.

De ses multiples rencontres avec les hommes les plus divers, Zénon retire des réflexions sur la société, l'organisation politique, les religions et leurs réformes. Ses expériences scientifiques lui apportent l'intuition du fabuleux monde de connaissances à venir ; de ses discussions avec les rares personnes capables de le comprendre (le prieur, son cousin) viennent sa tolérance et sa capacité à s'enrichir de l'autre. Hélas, tout ceci est trop audacieux pour son époque et un tel personnage ne peut qu'irriter et inquiéter les pouvoirs en place.

Une des forces du roman est de ne pas avoir caricaturé le pouvoir en présentant les hautes autorités de l'époque comme forcément cyniques et corrompues. Les chapitres sur l'emprisonnement et le procès de Zénon sont, à ce titre, symptomatiques car ils constituent un échange entre deux mondes irréconciliables.

Certains épisodes du roman sont devenus célèbres : les événements précédant la naissance de Zénon, le siège de la ville de Münster et le « munzerisme » (dissidence de l'anabaptisme[3]), la « conversation à Innsbruck » entre Zénon et son cousin Henri-Maximilien, les dialogues avec le prieur des Cordeliers, les dunes de la mer du Nord, la prison, la fin de Zénon.

Adaptation

Notes et références

  1. Note de l'auteur accompagnant le roman.
  2. « Note de l'auteur » (édition Gallimard Folio, 1983, pp. 456-458).
  3. Les derniers mois du « règne » de Jean de Leyde et la prise de la ville par l'évêque catholique sont racontés dans le roman.

Voir aussi

Bibliographie

  • Anne Berthelot, L’Œuvre au noir. Marguerite Yourcenar, Paris, Nathan (« Balises »), 1993 (OCLC 495933474).
  • Anne-Yvonne Julien, L’Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, Paris, Gallimard (« Foliothèque »), 1993.
  • Geneviève Spencer-Noël, Zénon ou le thème de l’alchimie dans L’Œuvre au noir, Paris, Nizet, 1981.

Article connexe

Liens externes

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