Léon Gambetta (croiseur cuirassé)

Le Léon Gambetta est un croiseur cuirassé construit pour la Marine française au début du XXe siècle. Navire de tête de la classe du même nom, il est coulé le en mer Adriatique, ce qui constitue pour la marine nationale sa première perte d'un navire durant la Première Guerre mondiale, mais aussi une de ses plus grandes tragédies de son histoire avec la mort de près de 700 marins français[1].

Léon Gambetta

Le Léon Gambetta en 1915
Type Croiseur cuirassé
Classe Léon Gambetta
Histoire
A servi dans  Marine nationale
Chantier naval France Arsenal de Brest
Quille posée
Lancement
Armé
Statut coulé le
Équipage
Équipage 728 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 146,75 mètres
Maître-bau 21,41 mètres
Tirant d'eau 8,05 mètres
Déplacement 12 400 tonnes
Propulsion 3 machines à vapeur (28 chaudières)
Puissance 28 500 ch
Vitesse 22,5 nœuds (41,7 km/h)
Caractéristiques militaires
Armement 2 × 2 canons de 194 mm
6 × 2 canons de 164 mm
4 × 1 canons de 164 mm
24 × 1 canons de 47 mm
2 × 1 canons de 47 mm
2 TLT de 450 mm
Électronique Transmission sans fil
Rayon d'action 6 500 milles marins (12 000 km) à 10 nœuds (19 km/h)

Naufrage

Georg Johannes von Trapp (en) sur le pont du U-5
Lieu du naufrage en 1915 du Léon Gambetta au large des Pouilles.

De 1914 à 1915, basé à Malte, le Léon Gambetta évolue en mer Adriatique, participant au blocus de la Marine austro-hongroise, dans la 2e escadre légère du contre-amiral Victor-Baptistin Senès.

Le , à 00h40, le croiseur Léon Gambetta, commandé par le capitaine de vaisseau André, mais à bord duquel se trouve aussi le contre-amiral Sénès, est torpillé par deux fois par le sous-marin autrichien U-5 (240 tonnes en surface, 32 m de long) entré en service en 1910 commandé par le capitaine de corvette Georg Johannes von Trapp (en) à l’entrée du canal d’Otrante en mer Adriatique à quatorze milles nautiques du cap Santa Maria di Leuca (Pouilles, côte italienne)[2] alors qu'il naviguait à 6 nœuds au nord-nord-est. Les antennes TSF tombent dès les explosions empêchant l’envoi de messages de détresse.

Le navire, venant de Malte, devait protéger les cargos chargés de ravitailler le Monténégro. Le bâtiment prend rapidement de la bande. Un seul canot peut être mis à l’eau ainsi que la vedette de l'amiral mais celle-ci sombre rapidement avec 150 hommes à bord. Le canot est prévu pour 58 hommes, mais 108 marins parviennent à y prendre place, et comme le temps est beau, ils font route aussitôt vers la côte italienne. Il est 2 h. Le canot atteindra miraculeusement le village de Santa Maria vers 8 heures du matin. L’alerte aussitôt donnée, de Tarente et de Brindisi, des torpilleurs se portent sur les lieux du drame. Des 500 hommes qui se trouvaient à l’eau à minuit, ils ne retrouvent que 29 survivants épuisés (soit en tout 137 survivants)[3]. On ne retrouve aucun officier. Le capitaine de vaisseau André, le lieutenant Ballande et l’amiral Senès sont parmi les 684 morts (dont 92 finistériens) parmi les 821 officiers et hommes d’équipage[4].

L’Italie ayant déclaré sa neutralité en août 1914 lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, les autorités italiennes durent brièvement interner les survivants du au selon les termes de la convention de La Haye, même si le gouvernement venait de signer en secret le Pacte de Londres signé le engageant le pays dans la guerre aux côtés des pays de la Triple-Entente dans un délai d'un mois[5].

Un article du journal East Oregonian du (Daily Evening Edition) qui rapportait cette attaque en première page, disait entre autres (traduction de l'anglais) : « Milan, 29 avril. Pratiquement, la totalité du tribord du croiseur français Léon Gambetta a été détruite par la torpille lancée par un sous-marin autrichien, laquelle a envoyé le vaisseau par le fond au large de Otranto. C'est la nouvelle qui nous est parvenue ici avec des détails d'héroïsme des officiers qui se laissèrent couler sur leur vaisseau avec des Vive la France aux lèvres. Au moment même où l'eau se refermait sur eux les cris de Vive la France s'élevèrent des officiers restés sur la passerelle jusqu'au bout. »

Un article du Petit Journal du illustre cet épisode avec un dessin et le texte :« L'équipage dormait quand se produisit le torpillage. En moins de cinq minutes tous les hommes furent rassemblés sur le pont. On lança les chaloupes à la mer, mais l'obscurité était complète; plusieurs embarcations chavirèrent. Le croiseur s'inclinait rapidement, et au bout de dix minutes il s'engloutissait dans les flots. Au moment où le croiseur allait disparaître, les officiers, refusant de chercher à sauver leur vie, se réunirent sur la passerelle et se laissèrent engloutir au cris de "Vive la France". »

Gravure du Petit Journal du 5 mai 1915 : « Comment savent mourir les marins français » Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Note et référence

Bibliographie

  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, notice BnF no FRBNF35734655)
  • Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, éditions Palantines, , 383 p. (ISBN 978-2-35678-056-0)
  • Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. II : 1870-2006, Millau, Rezotel-Maury, (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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