Kostia Konstantinoff

Kostia Konstantinoff[1], (en russe : Костя Константинов), né le à Odessa et mort le près de Port Deposit, Maryland), est un compositeur, pianiste et chef d’orchestre russe.

Biographie

Konstantinoff émigre à 18 ans pour rejoindre son frère aîné à Constantinople, puis à Berlin et à Paris où se terminent ses études musicales. Il est lui-même quelque temps professeur de piano au conservatoire russe de Paris.

Sa véritable carrière débute par des concerts et des soirées de bienfaisance où il accompagne les interprètes de chansons russes et tziganes (N. Poliakova, Iza Kremer, A.V. Valentinov, M.A. Spiridovitch, E. Skokan, etc.) et assure la direction d’orchestre dans les spectacles du théâtre populaire russe (1930), de l’opéra A. Dolinov (1931), de l’opéra russe du prince Alekseï Tsereteli (1941). Il est en le soliste du Concerto n° 1 de Tchaïkovski enregistré avec l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire dirigé par Charles Munch. Le , il interprète le Concerto en la de Liszt sous la direction de Gustave Cloëz.

Les œuvres de Kostia Konstantinoff ont été exécutées à Paris au festival de la musique russe au Théâtre des Champs-Élysées (1932). Il a dirigé l’Orchestre symphonique de Paris lors de l’exécution de son poème symphonique Stade (Jeux olympiques en 1933). Il est l’auteur de la musique des ballets Sport, Le Conte du bouleau pour le ballet de Boris Kniaseff (1930), Souvenirs de Vienne (1933), Port Saïd pour le ballet russe de L. Voïtsekhhovski, Carnaval (1936), Les Finances (1937). Il est aussi l’auteur de la suite pour deux pianos Maloniana (exécutée avec le concours de Lazare-Lévy sous la direction d’Alfred Cortot - 1931). Il a écrit la musique pour le spectacle Hamlet pour le théâtre Anton Tchekhov (en tournée à Paris en 1931) et celle de l’opérette Don Philippe créée en 1943 au Théâtre Pigalle.

Chef de l’Orchestre de Paris[2] pendant l’Occupation, il devient suspect auprès des autorités allemandes, qui se rendent compte qu'il est juif (il fait l'objet d'une rare demande de dispense de port de l'étoile jaune présentée par le maréchal Pétain). Il ne sera pas inquiété[3].

Sa carrière internationale reprend en 1946 avec des concerts à Londres, Vienne, Copenhague puis sur le continent américain. Différents projets de ballets l’attendent à New York, où il compte s’installer à son retour d’Amérique latine, mais un accident d’avion met fin le [4] à une carrière jusque-là prometteuse. Il a 43 ans.

Partitions de Kostia Konstantinoff

Partitions répertoriées au département de la musique de la BNF

Deux pièces pour piano, 1929
  • I – Prélude
  • II – Bagatelle
Chant et piano[5]
  • Torches, 1932
  • Alerte, 1937
  • Bar, 1937
  • Boite à musique, 1937
  • Cargo, 1937
  • Chant des bûcherons, 1937
  • Chapelle, 1937
  • Finale-Troïka, 1937
  • Idylle-Troïka, 1937
  • Maquette du château, 1937
  • Messe de minuit, 1937
  • Mort de Grégor, 1937
  • Musique chinoise A., 937
  • Musique chinoise B., 1937
  • Réception, 1937
  • Retour la nuit, 1937
  • Sentinelles, 1937
  • Sonnailles, 1937
  • Les souliers de Stassik, 1937
  • Stassik court, 1937
Piano seul
  • Carte de Pologne, 1937
  • Départ Troïka, matin, 1937
  • Jenny Holte, 1937
  • Lutte, 1937
  • L’orage, 1937
  • Pas d’Ivan, 1937
  • Synthèse, 1937
  • Traîneaux, 1937
  • Troïka (générique), 1937
Chant et piano[5]
  • A la rescousse, 1937
  • Héros, 1937
  • Idylle, 1937
  • Incendie-Idylle, 1937
  • Le juge, 1937
  • Musique indienne, 1937
  • L’ours et les petits chiens, 1937
  • Piège, 1937
  • Poursuite, 1937
Autres
  • Légende du bouleau, ballade symphonique pour piano et orchestre (réduction pour deux pianos), 1935
  • Vienne, partition d’orchestre, 1935
  • Vienne, réduction pour deux pianos, 1937
  • Concerto pour violon et orchestre (réduction pour violon et piano), 1936
  • Capriccio d’après Goya (partition d’orchestre), 1941
  • Élégie (pour piano), 1941
  • Élégie (pour orchestre avec piano conducteur), 1941
  • Élégie (transcription pour violon par l’auteur avec acc. de piano), 1942
  • Piccoli (partition d'orchestre), 1941
  • Largo extrait de Piccoli (piano seul), 1941
  • Largo extrait de Piccoli (transcription pour violon par l’auteur avec acc. de piano), 1942
  • Berceuse pour Pouska (piano seul), 1941
  • Id. pour violon (avec acc. de piano), 1941
  • Id. pour petit orchestre, 1942
  • Polka miniature (pour piano), 1942
  • Finances-Bourse (partition d’orchestre), 1942
  • Gavotte extrait de la petite suite (piano seul), 1941
  • Gavotte extrait de la petite suite (transcription pour violon et piano par l’auteur), 1942
  • Turandot ballet (partition d’orchestre), 1941
  • Danse tartare de Turandot (piano seul), 1942
  • Don Philippe, opérette lyrique, 1943
  • Don Philippe, suite de valses pour piano seul, 1943

Autres partitions

Un certain nombre de partitions manuscrites et imprimées furent tout à fait par hasard récupérées vers 1970 dans un placard mural partiellement protégé de l'humidité, dans un petit manoir aujourd'hui disparu, autrefois connu sous le nom de château de Malvirade, situé dans un parc actuellement loti, à côté de la D813, et partiellement détruit par un incendie, à Fauguerolles. Ce fonds, comprenant également quelques correspondances ainsi que l'opuscule cité en annexe, est toujours détenu par la personne ayant fait cette découverte surprenante. Parmi ces manuscrits, on notera la présence de partitions, style caf'conc', au nom de Stanove, qui semble être un pseudo du compositeur (ainsi qu'une localité ukrainienne).

Notes et références

Annexes

Nécrologie de Nina Berberova dans  « La Pensée russe » du

"Décès de K. Konstantinoff

Plein de talent, d’énergie, de vie et de force créatrice, « Kostia » Konstantinoff,  homme gai, aimable, qui allait avoir  44 ans, compositeur, pianiste-virtuose, chef d’orchestre a péri dans une terrible catastrophe aérienne, qui a eu lieu  à New York le à 18 h 30. L’avion qui se dirigeait apparemment vers le Guatemala s’est élevé dans les airs avec à son bord 53 passagers. Entre New York et Miami, le moteur s’est soudain arrêté en plein vol et l’appareil s’est écrasé au sol. Il n’y a pas eu de survivants, tous sont morts brûlés.

A quoi bon ? Quel sens cela peut-il avoir ? A qui cette mort profite-t-elle ? Tout avait été donné à cet homme avec une rare générosité : la santé, l’apparence physique, un grand amour pour la vie qui, ces dernières années, l’avait tellement gâté.  Konstantinoff se trouvait au faîte de la réussite. Tout lui souriait : l’amour, la création, la gloire.

Il était né à Odessa et s’y était lié d’amitié dans son enfance avec Kataïev, Olesha et le défunt poète E. Bagritski. Après avoir souffert de la faim dans sa jeunesse, il avait conquis non seulement l’Europe, mais aussi les deux Amériques. Au cours des deux dernières années, il avait presque passé tout son temps en avion de Vienne à Stockholm ou de Zürich à Londres pour donner des concerts jusqu’à ce printemps où, le 1er avril, il est parti pour Buenos-Aires et de là au Mexique, au Venezuela et enfin, à New-York.

Il était venu chez moi pour la première fois il y a un peu plus d’un an. Le poète Georges Raïevski l’avait amené. Nous avions beaucoup débattu du livret du « Cavalier d’Airain », opéra qu’il voulait composer. Nous nous sommes enflammés tous les trois pour cette idée. Au bout de trois mois, Raïevski et moi avions déjà terminé dans leurs grandes lignes les deux premiers tableaux. Konstantinoff nous pressait. Le plan général lui plaisait. Mais il terminait au même moment son ballet « Le Veau d’or » (pour le théâtre de Copenhague) et il composait des  romances sur les paroles de Pouchkine.

Sa capacité de travail était stupéfiante. Il avait en lui tant de vie que, lorsqu’il avait grimpé l’escalier quatre à quatre et entrait dans une pièce, il l’emplissait tout entière. Il s’asseyait au piano, commençait à jouer des thèmes de son « Veau d’or», racontait, donnait libre cours à son imagination…

Sa fiancée, la danseuse Marianne Ivanoff  (« étoile » de l’ Opéra de Paris), très jeune beauté, était partie en Argentine avant lui. Elle l’attendait avec une amie à Miami. Il appartient à d’autres de décrire les qualités musicales de Konstantinoff. J’ai simplement voulu, à l’annonce de son décès, tracer le portrait de cet homme exceptionnellement talentueux et doué pour le bonheur.

Il était chez moi la veille de son départ. « Vous n’avez pas peur de prendre l’avion ? » lui avais-je demandé. « Pas question de traîner trois semaines sur un paquebot ! » fut sa réponse. « Et où pourra-t-on vous trouver ? » « Reconquista, 611, Buenos Aires », répondit-il. Cette « rue des conquérants » devait être son quartier général pour toute la durée de son séjour en Amérique. Il était lui-même de la race des conquérants.

Nina Berberova."

La revue illustrée L’Élite internationale à Paris de , numéro franco-russe[6], comporte un court article sur Kostia Konstantinoff accompagné de son portrait (dessin à la plume) par Paul Colin :

« K. KONSTANTINOFF : Le jeune compositeur russe bien connu, est né à Odessa en 1903. Après avoir terminé ses études en Russie, il joue un peu partout en Europe. Puis il se rend à Berlin et prend les conseils d'Egon Petri, l'un des meilleurs élèves de Busoni. Puis il vient à Paris. Les Maîtres Alfred Cortot et Lazare-Lévy s'intéressent à lui comme pianiste dès son arrivée et avec Thomas de Hartmann (en) il travaille la composition. En 1931, à l'Opéra-Comique, on donne la représentation de ses deux ballets Sport et La Légende du Bouleau, qui fut une soirée magnifique. En juin 1932, une autre soirée de ses œuvres, dirigées par Hans Weisbach, obtint un succès triomphal, aux Champs-Élysées. Même immense succès en juillet 1932 aux Champs-Elysées pour son ballet Légende du Bouleau. Depuis, en Allemagne, en Suède, à Paris, ses œuvres sont toujours bien accueillies et le 12 février dernier, à la Salle Pleyel, l'Orchestre Symphonique de Paris avait inscrit son tableau symphonique Stadion au programme du concert donné pour la commémoration de la mort de Wagner. Le succès fut considérable. Il sera bientôt joué à la Radio de Paris et ces temps-ci dans deux ou trois autres Sociétés symphoniques de Paris. Ce jeune compositeur, au talent à la fois fort et plein de charme, appartient à la culture franco-allemande ; il continue la lignée des grands Russes et sa musique, tout en étant moderne, reste fidèlement attachée à la beauté des vieilles traditions. A son talent de composition, il joint celui de pianiste virtuose et de chef d'orchestre. »

Notes

  1. Ou encore Constantin de Konstantinoff, Karol Konstantinoff… Il utilisa aussi le nom de Schneider sous l'Occupation. Son vrai nom était Constantin Borissovitch Schraiber, écrit Schreiber en français.
  2. Sans lien avec l'actuel ; c'était un satellite de Radio-Paris.
  3. Voir sur etoilejaune-anniversaire.
  4. Cf. gendisasters.com et books.google.fr.
  5. Paroles de J. Haël et A. Deguil.
  6. Vendu au bénéfice du Comité central de patronage de la jeunesse universitaire russe à l’étranger ; directeurs : Eugène Efimovsky et Jean Kahane.

Voir aussi

Articles connexes

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