Kormantin

Kormantin était un fort anglais construit par la Guinea Company, à l'extrême ouest du Ghana actuel, non loin de la frontière de la Côte d'Ivoire, sur la Côte de l'Or, qui devient bien vite celle des esclaves, une partie d'entre eux étant appelé dans la Caraïbe, en particulier en Jamaïque, Kormantin car ils venaient de ce lieu[1].

Kormantin.
État actuel du fort.

Le lieu avait d'abord été ignoré par les Portugais puis les Hollandais, malgré une offre que leur fit en 1624 un chef africain local pour commercer[1]. Construit en 1631 par les Anglais, d'abord sous forme de baraquement, puis de fort avec ses geôles, il fut récupéré en 1665 par les Hollandais, qui le rebaptisèrent fort Amsterdam et le conservèrent jusqu'en 1807. C'était un important centre de détention pour des milliers d'esclaves, avant leur départ pour les colonies[2].

La Guinea Company, compagnie commerciale anglaise fondée en 1618 pour le commerce sur les côtes d'Afrique, dirigée en 1625 par Nicholas Crisp, possédait un autre fort sur la Gold Coast à Komenda (Ghana), du nom d'une ville minière d'Europe de l'Est, et une quinzaine de bateaux[3] Le bénéfice tiré des importations d'or à Londres par cette compagnie a représenté 500 000 livres sterling dans les 11 à 12 ans qui ont suivi l'année 1632.

En 1640, le fort est victime d'un incendie. Il est reconstruit et aménagé avec de la ventilation car il servait à parquer les esclaves[4]. « On considère Kormantin comme le premier ouvrage conçu pour la traite négrière. Jusque-là, rien n'était prévu dans les forts » : en 1646, un capitaine amenant des esclaves de la Côte des Esclaves à Elmina refusa de les débarquer faute d'équipements permettant de les accueillir[4].

La Guinea Company fut mise en cause par le parlement britannique. En , le capitaine John Lad arriva sur le navire Our Lady, et embarqua une cargaison de 100 esclaves à Winneba en . Il fut embauché par la Biemba Company, qui en 1648 s'empare du fort de Kormantin[5], aux dépens de la Guinea Company. En 1650, la Biemba Company a acquis un nouveau fort sur le site actuel d'Accra, qu'elle abandonna trois ans après, pour une raison inconnue[5].

En 1657, le fort est repris par la Compagnie anglaise des Indes orientales[6]. Ensuite, un peu avant la restauration anglaise de 1660[7], le fort avait été récupéré par des colons suédois, qui se servirent de l'or qu'ils y trouvèrent pour payer la rançon permettant de libérer l'un des leurs puis fuirent la région[8]. De 1660 à 1665 le fort fut repris par les anglais, qui en furent chassés par une attaque à grande échelle lancée en 1665 par l'amiral Michiel de Ruyter, amiral chef de la flotte hollandaise[8].

Fondée en 1661, juste après la restauration britannique de 1660, la compagnie des aventuriers d'Afrique a construit trois autres forts sur cette côte ghanéenne, à Anashan, Winneba et Accra et repris celui de château Carolusburg, alias fort de Cape Coast aux Danois[9]. C'est en raison cette vaste offensive anglaise dans le secteur, entre 1661 et 1664, avec la prise aux Hollandais des forts ghanéens de Morée et Takoradi, puis d'Anomabu et Egya, ainsi que celui de Gorée, plus au nord[8], que les Hollandais s'attaqueront aux colonies anglaises du Suriname et s'empareront de Kormantin, le plus grand fort anglais.

Chronologie

Références

  1. The Historical encyclopedia of world slavery, par Junius P. Rodriguez, page 195
  2. Les villes précoloniales d'Afrique noire, par Ogunsola John Igue, page 101
  3. http://www.danbyrnes.com.au/business/business13.html
  4. Puy-Denis 1994, p. 66.
  5. Ghanaian pidgin English in its West African context, par Magnus Huber, page 33
  6. Spreading the word: the issue of diffusion among the Atlantic Creoles, par Magnus Huber et Mikael Parkvall
  7. Puy-Denis 1994, p. 68.
  8. Puy-Denis 1994, p. 70.
  9. Puy-Denis 1994.
  10. Robin Blackburn, The Making of New World Slavery: From the Baroque to the Modern, 1492-1800, Verso World History Series, 2010 608 p. (ISBN 978-1844676316)

Bibliographie

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