Khalida Toumi

Khalida Toumi (en arabe : خليدة تومي), anciennement Khalida Messaoudi (خليدة مسعودي), née le à Aïn Bessem dans l'actuelle wilaya de Bouira (Algérie), est une féministe et femme politique algérienne.

Pour les articles homonymes, voir Toumi (homonymie).

Khalida Toumi

Khalida Toumi en 2012.
Fonctions
Ministre algérienne de la Culture[N 1]

(11 ans, 11 mois et 1 jour)
Président Abdelaziz Bouteflika
Gouvernement Benflis III
Ouyahia III, IV et V
Belkhadem I et II
Ouyahia VI, VII, VIII et IX
Sellal I et II
Prédécesseur Mohamed Abbou
Successeur Nadia Labidi
Députée

(4 ans, 1 mois et 5 jours)
Élection 5 juin 1997
Circonscription Circonscription de la wilaya d'Alger
Groupe politique RCD
Biographie
Nom de naissance Khalida Toumi
Date de naissance
Lieu de naissance Aïn Bessem (Algérie)
Nationalité Algérienne
Parti politique OST (1980-1990)
RCD (1990-2001)
Diplômé de École normale supérieure d'Alger

Elle a été la ministre de la Culture de l'Algérie de 2002 à 2014.

En 2019, dans le contexte du Hirak, elle est placée en détention provisoire.

Biographie

Enfance et études

Khalida Messaoudi, est née le à Aïn Bessem dans une famille d'origine kabyle[1]. Après des études primaires, elle suit au début des années 1970 ses études moyennes au CEG Aïn Bessem. Elle est licenciée en mathématiques et diplômée de l'École normale supérieure d'Alger.

Carrière professorale

Elle est professeur de mathématiques dans trois lycées d'Alger jusqu'en 1993[2].

Militantisme

Alors qu'elle est étudiante, en 1980, elle est membre de l'Organisation socialiste des travailleurs (OST)[3], qui deviendra plus tard le Parti des Travailleurs et participe dans le cadre de ce parti clandestin à sa Commission des femmes, qui mène, notamment par le biais de la lutte syndicale, des actions pour « l'accès des femmes travailleuses » à des droits similaires à ceux des hommes et dont certains des membres se retrouveront à militer aux côtés du Collectif indépendant des femmes qui s'est constitué en 1980 publiquement à l'université d'Alger pour lutter contre les avant-projets du Code de la famille qui sera promulgué en 1984, contre l'interdiction de sortie du territoire des femmes non accompagnées par un parent et pour les libertés démocratiques, culturelles et linguistiques.

En tant que membre de la Commission des femmes de l'OST, Khalida Messaoudi Toumi participe en 1985 à la modification du nom de cette commission en « Association pour l'égalité devant la loi entre les femmes et les hommes » (qui reste une déclaration d'intention, la liberté d'association, et donc la déclaration en tant que telle ne sera légale en Algérie qu'en 1989).

Après la légalisation en 1989 de l'Association pour l'égalité devant la loi (APEL), à la suite de conflits de pouvoir entre la présidente, Louisa Hanoune et Khalida Messaoudi Toumi, une scission a lieu qui aboutit en 1990 à la création d'une nouvelle structure : l'« Association indépendante pour le triomphe des droits des femmes », dont Khalida Messaoudi Toumi devient présidente avant de rejoindre le Rassemblement pour la culture et la démocratie de Saïd Sadi.

Toujours en tant que membre de l'OST, aux côtés de Mustapha ben Mohamed, futur président du PT (Parti des Travailleurs, ex-OST), Khalida Messaoudi Toumi participe au mouvement qui se fait connaître en 1990 sous le nom de « Ligue algérienne de Défense des Droits de l'Homme », présidée par l'avocat Omar Menouar, un proche de Louisa Hanoune.

En 1992, elle milite contre la création d'un État algérien islamique, grâce à la création de la section féminine du « Comité national pour la sauvegarde de l'Algérie ». Elle rejoint la même année le Conseil consultatif national[3]. Ses positions féministes lui valent des menaces de mort par le Groupe islamique armé (GIA)[1],[4],[5].

Carrière politique

Khalida Toumi avec le président Bouteflika à Tlemcen.

Khalida Toumi participe à la création du « Mouvement pour la République » (MPR). Elle en est alors la vice-présidente. Élue députée du Rassemblement pour la culture et la démocratie en 1997[1], elle en est vice-présidente, chargée de la question des femmes. En 2000, elle devient chef parlementaire du parti. Elle démissionne de ce poste en 2001. Elle est exclue du RCD la même année, pour un désaccord sur la ligne de conduite du parti[1].

Elle devient ministre de la Communication et de la Culture en 2002[6], ainsi que porte-parole du gouvernement d'Ali Benflis. Elle est ministre de la Culture à partir d', dans le gouvernement d'Ahmed Ouyahia. Elle participe notamment au renouveau du secteur de l’édition en soutenant le festival du livre d'Alger, fait restaurer des théâtres régionaux et aide à la relance de la production cinématographique. Son ministère est cependant la cible de critiques, notamment de collusion avec le système politique corrompu[5]. C'est aussi sous son autorité qu'avait été interdit, dans un premier temps, Les Mensonges de Dieu, de Mohamed Benchicou[7] ; interdiction administrative puisque le ministère avait refusé d'octroyer au roman un numéro d'ISBN ; mais la ministre avait fini par se rétracter laborieusement à la suite d'une campagne de presse internationale. Elle quitte le gouvernement en , remplacée par Nadia Labidi, enseignante à l'université d'Alger[6].

Fin 2015, elle est une des signataires d'une lettre ouverte à Abdelaziz Bouteflika s'inquiétant de l'état du pays et mettant en doute la capacité du chef de l'État à diriger le pays[8],[2].

Arrestation

Le , dans le contexte des manifestations de 2019 en Algérie, elle est renvoyée devant la Cour suprême. Elle est inculpée pour « dilapidation de l'argent public, abus de fonction et octroi d'avantages indus à autrui ». Le juge d'instruction auprès la Cour suprême ordonne sa mise en détention provisoire, et elle est incarcérée dans la foulée à la prison d'El-Harrach[9],[10]. Pour Marianne, les poursuites contre cette féministe – tout comme celles contre la trotskiste Louisa Hanoune – constituent une manœuvre du nouvel homme fort du pays, le général Ahmed Gaïd Salah, afin de contenter les milieux islamo-conservateurs en vue de la prochaine élection présidentielle[5].

Le 5 août 2020, la chambre d'accusation de la Cour suprême confirme, malgré le départ de Gaïd Salah et la tenue de l'élection présidentielle, le maintien en détention préventive de Toumi. L'avocat de Khalida Toumi annonce qu'il va demander l'intervention du président Abdelmadjid Tebboune[11].

Distinctions

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Notes et références

Notes

  1. Ministre de la Communication et de la Culture et porte-parole du gouvernement jusqu'au 19 avril 2004

Références

  1. Alice Schwarzer, Ma famille algérienne, Humensis, (lire en ligne), « Rencontre avec Khalida Toumi et la moujahedda Zohra Drif »
  2. Farid Alilat, « Algérie : Khalida Toumi, rebelle… in extremis », Jeune Afrique, (lire en ligne)
  3. « Khalida Toumi à la tête du Centre culturel algérien à Paris », Réflexions, (lire en ligne)
  4. Ricarda Bienbeck, Maroua El Naggare,, Ute Fendler et Mechthild Gilzmer, Transformations: Changements et renouveaux dans la littérature et le cinéma au Maghreb depuis 1990, Akademische Verlagsgemeinschaft München AVM, (lire en ligne)
  5. Martine Gozlan, « La pasionaria au cachot », Marianne, semaine du 15 au 21 novembre 2019, p. 20.
  6. Rédaction du Monde et AFP, « En Algérie, le président Bouteflika nomme son gouvernement », Le Monde, (lire en ligne)
  7. Florence Beaugé, « Alger censure, avant sa parution, un livre "infamant" de Mohamed Benchicou », Le Monde, (lire en ligne)
  8. Charlotte Bozonnet, « Dix-neuf personnalités s’inquiètent de l’état de l’Algérie », Le Monde, (lire en ligne)
  9. https://www.tsa-algerie.com/alerte-khalida-toumi-placee-en-detention-provisoire/
  10. « Algérie : Khalida Toumi, ex-ministre de la Culture, placée en détention provisoire – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  11. Rania Hamdi, « Algérie : une ancienne ministre de Bouteflika demande à Tebboune de lui rendre sa liberté », Jeune Afrique, (lire en ligne)
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