Ajjers
Les Ajjers ou Kel Ajjer (parfois Azgar, Azdjer) sont une confédération touareg dont le territoire est situé à cheval entre l'Algérie et la Libye, dans l'est du Sahara algérien et l'Ouest libyen. Leur capitale est traditionnellement Ghât et dans une moindre mesure Oubari. Ils parlent le tamasheq, une variante de la langue des berbères.
Territoire
Le territoire des Kel Ajjer couvre le département d’Illizi, dans sa partie algérienne, et Oubari, du côté libyen. Ce territoire fut pendant l’Antiquité le berceau de la civilisation des Garamantes[1].
Organisation
Jusqu'à la colonisation, tout l’Ajjer était sous l’autorité d’un seul amenokal (chef)[1].
Le dernier, In Gueddazen ag Kalala, de la chefferie des Ourâghen (ou Uraghen, Oreighen), parvient au pouvoir en 1886[1]. Toutefois, avec l'apparition de la frontière entre la Libye et l'Algérie en 1916, la chefferie traditionnelle s'est scindée en deux branches pour s'adapter à cette réalité, même si elles se réfèrent au même ascendant, Mohamed ag Ti-n-Akerbas, fondateur de la chefferie Ouraghen au XVIIe siècle[2].
Les Imanghassaten n'ont jamais accepté la domination des Ouraghen et ont quitté le centre de l’Ajjer, à savoir la région de Ghât, pour aller s’installer au Fezzan, provoquant une scission au sein de la chefferie[1].
Finalement, la chefferie des Touaregs Kel Ajjer a éclaté en quatre groupes[1] :
- le groupe d'Oubari ;
- le groupe de Ghât, constitué du clan des Ouraghen et de ses tributaires[1] ;
- le groupe de Targa, constitué du clan des Imanghasaten et de ses tributaires, habitant la région du Fezzan[1] ;
- le groupe algérien.
Ainsi la confédération des Touaregs Kel Ajjer compte notamment deux chefferies touarègues, en concurrence en Libye : les Imanghasaten et les Ouraghen[1].
Relation avec les autres tribus
Les Kel Ajjer ont noué des alliances pour la sécurisation de voies caravanières, surtout avec les groupes qui leur sont voisins.
Les groupes arabophones des Isinaouen, qui habitent au nord de Ghât et au sud de Djebel Nefoussa, étaient liés par une parenté à plaisanterie avec les Kel Ajjer, spécialement avec les Ourâghen, dont ils louaient les chameaux à l’époque de caravanes commerciales transsahariennes[1].
Les Touaregs Kel Ajjer sont traditionnellement en relation avec les Toubous et ont renouvelé, en 2003, le traité d’amitié qui les liait à eux[1].
Pour renforcer leur émancipation des Ouraghen, les Imanghassaten nouèrent des alliances politiques avec des groupes arabophones rivaux de ces derniers, à comment par les tribus arabes de Zintan, qui habitent le Djebel Nefoussa[1].
Histoire
Régime de Kadhafi
Les Touaregs libyens ne s’opposèrent pas au régime des comités révolutionnaires instaurés par le colonel Kadhafi après sa prise du pouvoir en 1969[1].
Au contraire, profitant de politique de Kadhafi, qui fit des alliances tribales un pilier important de son système politique, ils maintinrent la position privilégiée qu'ils avaient acquise au sein des institutions de l'État du temps de la monarchie[1].
Ce faisant, Kadhafi renforça la concurrence chez les Touaregs libyens entre la branche de Ghât et celle de Targa[1].
Les Ouraghen, avec leurs alliés arabes Magarha et Oulad Souleymane, soutinrent le régime de Kadhafi[1].
Notes et références
- Dida Badi, « Les Touaregs et le conflit en Libye », Dynamiques Internationales, no 12, (ISSN 2105-2646, lire en ligne)
- Dida Badi, « Les relations des Etats aux Touaregs : Le cas de l'Algérie et de la Libye », Note de l'Ifri, (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- (de) Hans Joachim Stühler, Soziale Schichtung und gesellschaftlicher Wandel bei den Ajjer-Twareg in Südostalgerien, Steiner, Wiesbaden, 1978, 162 p. (ISBN 978-3-515-02745-8)
- Gabriel Gardel, Les Touareg Ajjer, Éditions Baconnier, Alger, 1961, 388 p.
- Alain Sèbe et Roger-Louis Bianchini, En pays touareg : images choisies des Touaregs Kel-Ahaggar et Kel-Ajjer, A. Sèbe, Vidauban, 1994, 191 p. (ISBN 978-2-903156-09-1)
Articles connexes
Liens externes
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