Karl Gebhardt

Karl Gebhardt ( - ) était un médecin nazi, le médecin personnel de Heinrich Himmler et l'un des principaux coordinateurs et auteurs des expériences médicales sur les prisonniers des camps de concentration de Ravensbrück et d'Auschwitz.

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Karl Gebhardt
Karl Gebhardt en 1943
Naissance
Haag in Oberbayern
Décès
Landsberg am Lech
Nationalité  Allemand
Profession
Médecin
Portrait de Gebhardt pendant son procès à Nuremberg

Biographie

Gebhardt est né à Haag in Oberbayern, en Bavière. En 1919 il commence ses études en médecine à Munich ; il est habilité en 1935 et l'année suivante devient professeur associé à Berlin. Dès 1937 il enseigne la chirurgie orthopédique.

Sa carrière au sein du parti nazi commence quand il adhère au Parti national-socialiste des travailleurs allemands le . Il rejoint la Schutzstaffel (SS) deux ans plus tard et devient médecin en chef du sanatorium de Hohenlychen dans l'Uckermark, une clinique pour patients atteints de tuberculose qu'il transforme en clinique orthopédique ; plus tard, pendant la guerre, celle-ci devient à son tour un hôpital pour la Waffen-SS. En 1938 on le nomme médecin personnel de Heinrich Himmler.

Il occupera plusieurs postes : directeur médical des Jeux olympiques (1936), professeur de chirurgie à l'université de Berlin (1937), clinicien en chef de la SS (1943)[1].

Gebhardt aura les grades de Gruppenführer dans la SS et de Generalmajor dans la Waffen-SS.

Les ayant ordonnées ou les ayant faites lui-même, il est directement responsable de la plupart des expériences chirurgicales sur des prisonniers des camps de concentration, particulièrement au quartier des femmes à Ravensbrück[2] (qui était près de Hohenlychen), ainsi qu'à Auschwitz. Il dirige particulièrement les tests des sulfamides[1]. Il travaille avec Herta Oberheuser. Il était le médecin traitant de Heydrich. Aussi après la mort de Heydrich par gangrène gazeuse à la suite de l'attentat de partisans tchèques et slovaques en [3], Gebhardt fut la cible de nombreuses critiques : c'était un adepte de la chirurgie traditionnelle qui consiste à amputer un membre infecté, et on lui reprochait de ne pas avoir utilisé les sulfamides, traitement récent. Il est alors responsable d'« essais thérapeutiques » chargés de prouver l'insuffisance d'un traitement par sulfamides pour traiter des plaies de guerre[3].

Pendant la guerre, il occupe quelque temps la présidence de la Croix-Rouge allemande.

Gebhardt traite Albert Speer au début 1944 pour fatigue et un genou gonflé. Il tue presque son patient et est remplacé par un autre médecin. Himmler voyait Speer comme un rival.

Il opère également du genou, en , l'ancien ministre français de Vichy Jean Bichelonne[4], qui meurt quelques jours plus tard d'une embolie pulmonaire. Cet épisode est cité dans D'un château l'autre, de Louis-Ferdinand Céline.

Il se réfugie quelques jours au Führerbunker lors des derniers jours de la bataille de Berlin. Joseph et Magda Goebbels y arrivent le avec leurs enfants. Gebhardt, en tant que président de la Croix-Rouge, parle à Goebbels de la possibilité de quitter Berlin avec les enfants ; celui-ci refusera et les enfants seront empoisonnés par leur mère quelques jours plus tard. Gebhardt lui-même quitte le Führerbunker le .

Après la guerre, Gebhardt est l'un des vingt-trois accusés du procès des médecins, tenu devant le tribunal militaire international de Nuremberg. Déclaré coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, il est condamné à mort le . Il est pendu à la prison de Landsberg, dans sa Bavière natale, le .

Bibliographie

  • (de) Freya Klier ; Die Kaninchen von Ravensbrück. Droemer-Knaur, Munich 1995, (ISBN 3426771624)
  • (de) Alexander Mitscherlich, u.a. (Hrsg.) ; Medizin ohne Menschlichkeit. Fischer, Francfort-sur-le-Main. 1997, (ISBN 3596220033)
  • (de) Peter Witte, u.a. ; Der Dienstkalender Heinrich Himmlers 1941/42. Hans Christians Verlag, Hambourg 1999 (ISBN 376721329X)

Notes et références

  1. Historia, n°361bis, Médecins SS
  2. Moorehead, Caroline, 1944- ... (trad. de l'anglais), Un train en hiver, Paris, Pocket, dl 2016, 541 p. (ISBN 978-2-266-25872-2, OCLC 956704490, lire en ligne)
  3. Bernhard Strebel (trad. Odile Demange, préf. Germaine Tillion), Ravensbrück : un complexe concentrationnaire, Paris, Fayard, , 764 p. (ISBN 978-2-213-62423-5, OCLC 62260538), p. 240-241
  4. Jean-Paul Cointet, Sigmaringen : une France en Allemagne, septembre 1944-avril 1945, Paris, Tempus, , 462 p. (ISBN 978-2-262-03300-2), p. 188.

Article connexe

Liens externes

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