Kaija Saariaho

Kaija Anneli Saariaho (née Laakkonen le à Helsinki) est une compositrice finlandaise.

Kaija Saariaho
Kaija Saariaho à la cité de la musique en 2013
Nom de naissance Kaija Anneli Laakkonen
Naissance
Helsinki, Finlande
Activité principale Compositeur
Style Musique contemporaine
Lieux d'activité Paris
Années d'activité Depuis 1982
Collaborations Jean-Baptiste Barrière, Amin Maalouf, Peter Sellars, Anssi Karttunen, Camilla Hoitenga
Formation Académie Sibelius (1976–1981), Hochschule für Musik Freiburg (de), (1982–1983) IRCAM
Maîtres Paavo Heininen, Brian Ferneyhough, Klaus Huber
Conjoint Jean-Baptiste Barrière
Distinctions honorifiques Prix Ars Electronica
Prix Schock (2001)
Grawemeyer Award (2003)
Médaille Pro Finlandia
Site internet http://www.saariaho.org/

Biographie

Kaija Saariaho apprend la musique à partir de l'âge de 6 ans, avec comme instruments le violon, le piano et l'orgue. Elle s'oriente vers l'académie des beaux-arts d'Helsinki pour y étudier la peinture et le dessin, tout en ayant la volonté de devenir compositeur[1]. Elle décide d'étudier sérieusement la musique en 1976, et entre à l'Académie Sibelius de Helsinki, dans la classe de Paavo Heininen. L'enseignement de Heininen est rude, mais Saariaho le reconnaît comme essentiel, lui permettant notamment de lever un blocage sur son expression musicale[1]. Elle participe à des rencontres entre jeunes compositeurs, et forme un groupe qu'ils appellent Korvat auki (oreilles ouvertes en finnois), qui comprend entre autres Magnus Lindberg, Jouni Kaipainen, Esa-Pekka Salonen, Jukka Tiensuu. En 1980, Saariaho se rend à Darmstadt et y découvre l'école spectrale française, en particulier la musique de Tristan Murail et de Gérard Grisey, ce qui a été pour elle une vraie révélation[1]. Elle termine ses études à l'académie Sibelius en 1981.

Elle quitte ensuite la Finlande pour étudier à Fribourg-en-Brisgau, auprès de Brian Ferneyhough et Klaus Huber, pendant deux ans, puis à l'IRCAM à Paris, pour se former à l'informatique musicale. Elle est compositeur en résidence du conservatoire à rayonnement régional de Strasbourg et du Festival Musica en 2005. Elle vit à Paris depuis 1982[2].

Elle est le sujet en 1999 d'un projet collaboratif paneuropéen dans la création d'un cédérom Prisma, centré autour de son œuvre.

Elle est l'auteur de cinq opéras : L'Amour de loin (2000) et Adriana Mater (2006) où la même équipe a collaboré : le librettiste Amin Maalouf, le metteur en scène Peter Sellars et le chef d'orchestre Esa-Pekka Salonen , Émilie (2010) sur un livret d'Amin Maalouf, une mise en scène de François Girard, par l'Opéra national de Lyon dirigé par Kazushi Ōno[2] et Only the sound remains (2016) créé d'après deux pièces de théâtre nô. L'Amour de loin a été décrit par The New York Times comme « Best New Work of the Year 2000 » (meilleure nouvelle œuvre de l'an 2000). Innocence est créé en 2021 au Festival d'Aix-en-Provence.

Langage musical

Kaija Saariaho est très influencée par la musique spectrale. Petals, pour violoncelle solo ou avec électronique, illustre parfaitement cette forme de musique travaillant sur la matière même du son. Nombre de ses pièces utilisent des ressources électroniques en plus des instruments traditionnels, à l'exemple de Nymphéa (Jardin secret III, 1987), pour quatuor à cordes et électronique en direct.

Kaija Saariaho a beaucoup écrit pour le violoncelle, et l'utilise de manière novatrice, en jouant notamment sur la texture de l'instrument grâce à l'électronique et à des techniques de jeu inventives (variations de pression et d'inclinaison de l'archet...). Sa proximité avec le violoncelliste finlandais Anssi Karttunen, qui a créé plusieurs de ses œuvres, a sans doute contribué au développement du travail de Kaija Saariaho sur le violoncelle.

Elle dit elle-même :

« Le violoncelle est mon instrument préféré, c'est du moins ce que je crois parce que j'y reviens régulièrement. Qu'il existe des violoncellistes remarquables qui ont toujours été prêts à coopérer avec moi n'a pu que contribuer à cet état de fait. Kaija Saariaho, Paris 2005 »

Influences extra-musicales

Le cinéma et la littérature sont également des sources d'inspiration pour Saariaho[3]. Le cinéma pour le travail sur le temps, les idées formelles et le traitement du matériau[3]. Elle cite en particulier Andrei Tarkovsky, pour son utilisation du noir et blanc, l'utilisation de poèmes et d'éléments naturels[4]. Le film qui l'a plus inspirée est Stalker[4],[5]. Elle insère dans sa composition Nymphéa le poème d'Arseni Tarkovski présent dans le film[4], et elle ira visiter en 2000 l'usine qui a servi au tournage à Tallin[5]. Elle cite également le film Dans la ville blanche, du réalisateur Alain Tanner[5].

La littérature est plus une forme d'inspiration intuitive, dans laquelle elle ne puise pas d'idées formelles[3]. Plus généralement, la compositrice est souvent inspirée par une émotion ou un sentiment ressenti au contact d'une autre œuvre d'art, un effet visuel ou un parfum[6]. Pour son quatuor Nymphéa, elle est inspirée par Les Nymphéas de Claude Monet, mais aussi par les images visuelles de la forme, de la couleur et de la symétrie de la plante et de ses déformations lors de ses déplacements sur l'eau[6].

Sexisme

Saariaho est claire sur le fait qu'elle ne souhaite pas que son genre soit un sujet et encore moins que son travail soit considéré comme « féminin »[7]. Toutefois, son genre est systématiquement évoqué, en particulier en début de sa carrière, les critiques relevant l'exception féminine dans un environnement très masculin[7]. Son travail avec l'électronique est également moins pris au sérieux[8]. Bien que la Finlande possède un système reconnu comme parmi les plus égalitaires[9],[10], il reste marqué par de grandes figures paternelles, comme Joonas Kokkonen pour la composition, ce qui rend l'identification difficile pour les femmes[10]. Saariaho attribue cela à l'influence de la mythologie finnoise et en particulier à l'identification à un héros masculin comme Väinämöinen[10]. Ces remarques auront tendance à disparaître avec la venue du succès et de la reconnaissance de ses compositions[10]. Toutefois, le chercheur Tim Howell s'étonne du temps qu'il aura fallu pour que cette reconnaissance devienne indépendante de son statut de femme compositeur Finlandaise[9].

Réception critique

À partir du milieu des années 1980, les travaux de Saariaho sont reconnus et critiqués positivement en Europe et aux États-Unis, ce qui lui permet d'obtenir des commandes régulières et importantes[7]. Lichtbogen (1986) est une commande du ministère français de la Culture, Io (1987) une commande de l'IRCAM, Nymphéa (1987) une commande du Lincoln Center, et Stilleben (1987-88) est une commande de la finnish broadcasting company[7]. Elle reçoit ensuite de nombreux prix : Prix Italia (1988), William Hansen Award (1988), Prix Ars Electronica (1989)[7].

Ses succès lui permettent de continuer à bénéficier d'une allocation de l'État Finlandais jusqu'en 1992[7]

Décorations

Prix et distinctions

Quelques œuvres

  • Yellows pour percussions (1981)
  • Verblendungen pour ensemble (1984)
  • Jardin secret I pour bande (1985)
  • Lichtbogen pour ensemble (1986)
  • Jardin secret II pour clavecin et bande (1986)
  • Io pour ensemble et électronique (1987)
  • Nymphéa pour quatuor à cordes et électronique (1987)
  • Stilleben pièce radiophonique (1988)
  • Petals pour violoncelle et électronique (1988)
  • Oi Kuu pour clarinette basse et violoncelle (1990)
  • Du cristal... à la fumée pour grand orchestre (1990)
  • Amers pour violoncelle, ensemble et électronique (1992)
  • NoaNoa pour flûte et électronique (1992)
  • Près pour violoncelle et électronique (1992)
  • Six Japanese Gardens pour percussion et électronique (1993)
  • Solar pour ensemble (1994)
  • Folia pour contrebasse et électronique (1995)
  • Graal théâtre concerto pour violon et orchestre (1995)
  • Château de l'âme pour soprano, orchestre et chœur (1996)
  • Lonh pour voix et électronique (1996)
  • Spins and Spells pour flûte et violoncelle (1997)
  • Oltra Mar pour orchestre et chœur (1999)
  • L'Amour de loin opéra (2000)
  • Sept Papillons pour violoncelle seul (2000)
  • Nymphea Reflection pour orchestre (2001)
  • Quatre Instants pour orchestre et soprano
  • Orion pour orchestre (2002)
  • Adriana Mater opéra (2005)
  • La Passion de Simone oratorio d'après la vie de Simone Weil (2006)
  • Notes on Light concerto pour violoncelle et orchestre (2006)
  • Terra Memoria pour quatuor à cordes (2006)
  • Mirage pour soprano, violoncelle et orchestre (2007)
  • Émilie, opéra (2010)
  • D'OM LE VRAI SENS, concerto pour clarinette (2010)
  • Nocturne pour violon seul, à la mémoire de Witold Lutoslawski
  • Forty Heartbeats, œuvre de 3 minutes ; création française par l'ONDIF en
  • Maan varjot [Ombres de la terre], pour orgue et orchestre, création européenne par l'Orchestre National de Lyon le .
  • Trans, pour harpe et orchestre (2015)
  • Only the Sound Remains, donné en création mondiale à l’Opéra d’Amsterdam en
  • Innocence, opéra (2021).

Bibliographie

  • Kaija Saariaho et Stéphane Roth, Le Passage des frontières : écrits sur la musique, Paris, Éditions MF, coll. « Répercussions », (ISBN 978-2-915794-53-3 et 2-915794-53-7)
  • Les Cahiers de l'Ircam, Compositeurs d'aujourd'hui : Kaija Saariaho, Paris, Éditions du Centre Pompidou, , 94 p. (ISBN 2-85850-800-3). .
  • (en) Pirkko Moisala, Kaija Saariaho, Urbana, University of Illinois Press, , 130 p. (ISBN 978-0-252-03277-6). 
  • Éric Tissier, Être compositeur, être compositrice en France au 21e siècle, Paris, L'Harmattan, , 353 p. (ISBN 978-2-296-10835-6 et 2-296-10835-0, lire en ligne)
  • (en) Tim Howell, Jon Hargreaves et Michael Rofe, Kaija Saariaho, Visions, Narratives, Dialogues, Farnham, Ashgate, , 225 p. (ISBN 978-1-4094-2116-0, lire en ligne). 

Notes et références

  1. Cahiers de l'IRCAM (1994), p. 7-9
  2. "Emilie" sombre à l'Opéra de Lyon dans Le Monde du 3 mars 2010
  3. Cahiers de l'IRCAM 1994, p. 19
  4. Cahiers de l'IRCAM 1994, p. 20
  5. Moisala 2009, p. 59
  6. Moisala 2009, p. 58
  7. Moisala 2009, p. 16
  8. Moisala 2009, p. 14
  9. Howell 2011, p. xxi
  10. Moisala 2009, p. 17
  11. Moisala 2009, p. 15
  12. (en) Silicon Valby, « Kaija Saariaho, Léonie Sonning Prize 2011 »,
  13. Tom Service, « A guide to Kaija Saariaho's music », The Guardian, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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