Julie d'Andurain

Julie d’Andurain (née en ) est une historienne française, spécialiste de la période coloniale et de l'histoire des conflits aux XIXe – XXIe siècles, plus particulièrement en Afrique et dans le monde arabe

Elle est professeur à l'université de Lorraine à Metz.

Biographie

Issue d'une ancienne famille du Pays basque, Julie d’Andurain est née en . Petite-fille de Marga d’Andurain (1893-1948), dont les aventures en Orient ont marqué les chroniques de l’entre-deux-guerres[1], elle est aussi la fille cadette de Jacques d’Andurain (1916-2016), engagé précocement dans la Résistance[2] auprès de Pierre Georges (dit le « colonel Fabien ») avant qu’il ne rejoigne le mouvement Libération-Sud [3].

Carrière

École militaire.

Agrégée et docteur en histoire de l'université Paris-Sorbonne, elle a d'abord été enseignante dans le secondaire, puis chargée de cours à la Sorbonne en histoire du monde arabe contemporain (2007 à 2017), et détachée comme enseignant-chercheur à l’École militaire à Paris (2010-2017).

Elle est, en 2020, professeur des universités, rattachée scientifiquement au Centre de recherche universitaire lorrain d'histoire (CRULH)[4] et au centre Roland Mousnier (laboratoire de Paris-Sorbonne)[5].

Activités de recherche

Julie d'Andurain est membre du bureau de la Société française d’histoire d’outre-mer[6], qui publie chaque année deux numéros d’Outre-Mers. Revue d’histoire ; membre du bureau de Guerres mondiales et conflits contemporains et de celui de la Revue historique des armées[7].

Elle a publié trois ouvrages, co-dirigé deux études collectives sur la Première Guerre mondiale, et rédigé de très nombreux articles scientifiques[4] traitant à la fois des questions de guerre et/ou d'histoire impériale. Dans le milieu militaire comme à l'Université, Julie d'Andurain plaide aujourd'hui pour une meilleure synergie entre les milieux militaire et universitaire dans la recherche sur les conflits. Elle milite pour la création de formations qui puissent réunir ces deux mondes, à l'instar des War Studies britanniques[7],[8].

Apport à l'histoire : le moment colonial

Le général Gouraud aux Dardanelles, 1915.

En 1999, au centre des archives diplomatiques du Quai d’Orsay, Julie d'Andurain apprend que les archives privées du général Gouraud viennent d'être déposées[9]. Ce fonds représente près de 200 cartons d’archives, dont 14 000 photographies. Il est à l'origine de son diplôme d'étude approfondies (DEA)[10], puis des recherches pour sa thèse[11].

Capture de Samory, heurt des impérialismes

La capture de Samory, octobre 1898.
Troupes de marine.

Julie d'Andurain soutient sa thèse en 2009 : Le général Gouraud, un colonial dans la Grande Guerre[12].

En 2012, elle publie un ouvrage sur le premier temps de la carrière d'Henri Gouraud, alors capitaine, quand il opérait en Afrique : La capture de Samory (1898). L'achèvement de la conquête de l'Afrique de l'Ouest[13].

Ce travail fait le point sur l'apport archivistique du fonds Gouraud[14] - au regard du travail de recherche d'Yves Person[15] - et sur le contexte historique ayant entraîné l’affrontement des empires : les empires africains des Toucouleurs et de Samory d’une part, et les empires coloniaux français et britanniques d’autre part.

Polémique concernant le génocide des Tutsis du Rwanda

En avril 2019, elle rejoint la Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi (1990-1994)[16]. En novembre 2020, une polémique a lieu dans le milieu des historiens français sur une possible partialité de Julie d'Andurain sur cette thématique, après que des médias ont exhumé des écrits favorables au rôle de l’armée française dans le cadre de l'opération Turquoise et décrivant le génocide comme des « massacres » croisés. Peu après, Vincent Duclert, le président de la commission, déclare que Julie d'Andurain s'est « mise en retrait » de la commission le 25 août 2020, soit avant la polémique[17].

Publications

Ouvrages

  • La capture de Samory, 1898 : l'achèvement de la conquête de l'Afrique de l'Ouest, Soteca, Saint-Cloud, 2012.
  • Henri Gouraud, photographies d'Afrique et d'Orient, trésors des archives du Quai d'Orsay, Éditions Pierre de Taillac, Paris, 2016.
  • Colonialisme ou impérialisme ? Le parti colonial en pensée et en action, Hémisphères éditions Zellige, Paris, 2017.

Décorations et distinctions

Le 17 mai 2019, elle est élue membre titulaire de la seconde section de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer[19].

Notes et références

Notes

    Références

    1. Julie d'Andurain, «Marga d'Andurain (1893-1948), une occidentale d'avant-garde en Orient», Les clés du Moyen-Orient (en ligne), 18 janvier 2012.
    2. Cf. Marc Fineltin, fiche Jacques d'Andurain, Mémoire et espoirs de la Résistance, Les Amis de la Fondation de la Résistance.
    3. "Jacques d'Andurain" - voir les travaux de Laurent Douzou sur le mouvement Libération-Sud. La désobéissance, histoire du Mouvement Libération-sud, Éditions Odile Jacob, Paris, 1995.
    4. CRULH, notice Julie d'Andurain.
    5. « Le CRM », sur les membres du CRM et leurs publications, (consulté le ).
    6. SFHOM, Société française d'histoire d'outre-mer
    7. Notice Julie d'Andurain, CRULH, Centre de recherche universitaire lorrain d'histoire.
    8. Séminaire : Sorbonne War Studies.
    9. Répertoire numérique détaillé des archives d'Henri Gouraud (1867-1946).
    10. Julie d'Andurain, sous la dir. de Daniel Rivet, Les Archives privées du général Gouraud, DEA, 2002.
    11. Julie d'Andurain, sous la dir. de Jacques Frémeaux, Le Général Gouraud dans la Grande Guerre, doctorat d'histoire, Paris-Sorbonne, 2009.
    12. Thèses.fr.
    13. Dominique Guillemin, «Julie d’Andurain, La capture de Samory (1898). L’achèvement de la conquête de l’Afrique de l’Ouest», Revue historique des armées, n° 271, 2013, p. 134.
    14. Julie d'Andurain, La capture de Samory et l'achèvement de la conquête de l'Afrique de l'Ouest, Saint-Cloud, SOTECA, 2012, 208 p.
    15. Yves Person, Samori, une révolution dyula, Dakar, IFAN, 1968 ; Voir aussi Charles Becker et alii, Yves Person, un historien de l’Afrique engagé dans son temps, Paris, IMAF-Karthala, 2015.
    16. Pierre Firtion, « La France et le génocide des Tutsis: la commission d'historiens à pied d’œuvre », sur rfi.fr, (consulté le )
    17. « Génocide au Rwanda : une historienne controversée se retire de la commission sur le rôle de la France », sur jeuneafrique.com, (consulté le )
    18. « Académiciens », sur Académie des sciences dʼoutre-mer (consulté le )

    Liens externes

    • Portail des universités françaises
    • Portail de l’historiographie
    • Portail du monde colonial
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.