Jean Tarin

Jean Tarin, sieur de Montbertault, est un érudit et ecclésiastique français, recteur de l'Université de Paris en 1625-1626 et historiographe du roi, né à Beaufort-en-Anjou le , et mort à Paris le [1].

Biographie

Jean Tarin est le fils de Philippe Tarin et de Marie Passineau. Philippe Tarin avait hérité en 1585 de son père, Jacques, une propriété à la Hérissière qu'il a agrandie en achetant la closerie du Tertre en 1596 et 1601. En 1605 il est élève du collège des jésuites de La Flèche. Son père meurt pendant ses études, sa mère se remarie avec un marchand, Charles Babin, qui meurt peu après. Sa mère se remarie avec un marchand-bourgeois de Saint-Pierre du Lac, René de Bougné.

Ses maîtres du collège de La Flèche lui ont proposé d'entrer dans la Compagnie de Jésus, ce qu'il refusé. Il est allé poursuivre ses études à Paris où il a pris le degré de Maître ès arts. Ayant décidé de rester attaché à l'université, il a pris l'habit ecclésiastique. On le retrouve dans un acte d'achat de la ferme de Chérisson, à Bauné, dans lequel il est présenté comme bachelier de théologie présent à Paris.

En 1616 il a prononcé l'éloge funèbre du cardinal de Gondi qu'il a publié sous le titre de Laudatio funebris P. cardinalis de Gondiaco, auctore Joanne Tarino, Andegavensi. Peu après il occupe la chaire de rhétorique du collège d'Harcourt avant d'être élu le principal[2]. Il a été le doyen de la tribu de Tours[3] et le précepteur du président de Thou.

Il a traduit du latin et publié, en 1618, dans un seul ouvrage[4] le Philocalia d'Origène, le De Mundi opificio contra philosophos disputatio[5] de Zacharie, évêque de Mytilène, le De Hominibus Creatione (Sur la création de l'Homme) d'Anastase prêtre du Mont Sinaï.

En 1625, la publication à Rome par le jésuite italien Antonio Santarelli du Tractatus de hœresi, schismate, apostasia, sollicitatione in sacramento pœnitentiœ et de de potestate Summi Pontificis in his delictis puniendis a déplu à l'église gallicane. Jean Tarin, recteur de l'Université de Paris en 1625-1626, a provoqué la condamnation du traité par la Sorbonne, confirmée par le parlement de Paris. Cette condamnation a attiré l'attention de Louis XIII qui lui a écrit le pour le féliciter et lui proposer plusieurs évêchés, en lui conférant la charge de lecteur du roi.

Il a refusé les évêchés et a choisi de se marier à Semur en 1628. Il a eu de son mariage plusieurs enfants qui se sont établis en Bourgogne et en Anjou.

Pendant son rectorat de l'Université de Paris, il a fait un procès contre les professeurs du Collège royal en voulant les soumettre à son autorité et à celle de l'université. Ils ne dépendaient que du roi et du Grand aumônier de France. L'arrêt du Conseil du roi lui a donné tort. Il a défendu les droits de l'université quand il présente une requête contre le contrat passé entre l'évêque du Mans et les jésuites du collège de Clermont pour étendre le collège en annexant le collège du Mans dans les Remontrances présentées au parlement de Paris.

En 1636 il est nommé à la chaire d'éloquence grecque et latine au collège royal de France après la mort de Jean Ruault (1580-1636).

Il a été l'ami de l'abbé de Marolles à la duquel il a traduit du grec les deux premiers chapitres de l' Épître de Saint Paul aux Éphésiens. Gui Patin a fait l'éloge de son savoir : « Plût à Dieu que je susse autant de grec et de latin qu'en savait J. Tarin ! Il savait tout, il était vraiment panepistemon[6], aussi bien qu'Ange Politien ; c'est un abîme de science et un des savants du monde ; je n'ai jamais vu un tel prodige ».

Il a été nommé historiographe de France en 1663.

Notes et références

  1. Cette date de décès est celle donnée par Gui Patin qui lui donne un âge de 80 ans à son décès, ce qui supposerait qu'il soit né en 1586. On trouve aussi 1661 comme année de son décès. Les dates adoptées sont celles indiquées pour "Jean Tarin" sur le site "data BnF".
  2. Henri Louis Bouquet, L'ancien collège d'Harcourt et le lycée Saint-Louis. Notes et documents pour la plupart inédits avec un dessin de G. Rochegrosse et plus de soixante-dix vignettes, sceaux, écussons, plans, vues, portraits, etc., Typographie de MM. Delalain frères, Paris, 1891, p. 260, 267-268, 274, 277, 596 (lire en ligne)
  3. La tribu de Tours a été une des cinq tribus - tribu de Paris, de Sens, de Reims, de Tours et de Bourges - composant la Nation de France de la Faculté des arts de l'université de Paris.
  4. Philocalia Origenis de obscuris sanctae scripturae locis, a SS. PP. Basilio Magno et Gregorio Theologo ex variis Origenis commentariis excerptae. Zachariae Scholastici... de Mundi opificio contra philosophos disputatio Anastasi Presbyteri in Sina monte de hominis ad imaginem... Dei creatione disputatio. Et sententiae de anima: omnia nunc primum graece edita ex bibliotheca regia, opera et studio Jo. Tarini... qui et latina fecit et notis illustravit, Pierre de Forge, Paris, 1618. Le Philicalia d'Origène été réimprimé en 1619 (lire en ligne)
  5. De Officio mundi contra philosophos, aeternitatem ei adscribentes, dialogus, Joanne Tarino interprete, cum ejusdem notis et animadversionibus Casparis Barthii publié en 1655. Ce serait le Ammônios, ou en latin De mundi opificio contra philosophos disputatio.
  6. La praelectio intitulée Panepistemon («L'Omniscient») d'Ange Politien a été prononcée en novembre 1490 comme introduction à son cours inaugural sur l'Éthique à Nicomaque d'Aristote à l'université de Florence (Jean-Marc Mandosio, Un enseignement novateur. Les cours d’Ange Politien à l’université de Florence (1480-1494), p. 33-52, dans Histoire de l'éducation, 2008, no 120, Le cours magistral XVe-XXe siècles).

Annexes

Bibliographie

  • Abbé Claude Pierre Goujet, Mémoire historique et littéraire sur le Collège royal de France, chez Augustin-Martin Lottin, Paris, 1758, tome 2, p. 407-417 (lire en ligne)
  • Supplément au grand dictionnaire historique, généalogique, géographique &c, de Louis Moreri, chez la veuve Mercie, Paris, 1735, p. 352 (lire en ligne)
  • Joseph Denais, Jean Tarin, recteur de l'Université de Paris (1590-1666). Notice biographique d'après divers documents inédits, Dumoulin éditeur, Paris, 1873 (lire en ligne)
  • Henri Louis Bouquet, L'ancien Collège d'Harcourt et le Lycée Saint-Louis, Delalain et Frères, Paris, 1891, p. 260, 266-268, 277 (lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

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