Jean Staune

Jean Staune, né en 1963[1], est le fondateur de l'Université interdisciplinaire de Paris. Il est un essayiste, chercheur[2] indépendant ouvertement chrétien, ayant cependant œuvré activement pour le dialogue inter-religieux. Métaphysiquement évolutionniste (il existe une puissance et une transcendance qui guident ou prédéterminent l'évolution des espèces), bien qu'ayant pris de nombreuses positions publiques contre le créationnisme, il soutient que l'évolution n'est pas uniquement darwinienne (pour le darwinisme : pas de puissance transcendante, mais hasard ou déterminisme). Jean Staune est ouvertement anti-matérialiste en philosophie comme en sciences. On assimile souvent ses conceptions philosophiques et les conclusions de ses recherches au dessein intelligent (et, à travers celui-ci, à une forme de créationnisme). Bien qu'il réfute ces accusations, il est critiqué en tant que créationniste ou néo-créationniste[3].

Parcours

Jean Staune est titulaire d'un DEUG de mathématiques. Il a obtenu en 1994 le DEA de "Géologie du Quaternaire, Paléontologie humaine et Préhistoire" du Muséum national d'Histoire naturelle avec un mémoire sur la base du crâne des hominidés fossiles sous la direction de Henry de Lumley et le co-encadrement d'Anne Dambricourt-Malassé[4],[5]

Il est le secrétaire général et principal animateur de l’Université interdisciplinaire de Paris (une association loi de 1901 qu'il a créée en 1995), et l'auteur d'ouvrages de synthèse, individuels et collectifs, en philosophie des sciences, dont Notre existence a-t-elle un sens[6] ?

Il a été directeur de la collection Le temps des sciences aux Éditions Fayard[7].

Il est souvent présenté comme philosophe chrétien[4]. Il a donné un cours en 2003 à l'université pontificale grégorienne[8]. Jean Staune est par ailleurs membre créatif du Club de Budapest-France, branche française du Club de Budapest qui fut créé par Ervin Laszlo[réf. nécessaire][9].

Université Interdisciplinaire de Paris

Jean Staune est le cofondateur et secrétaire général de l'association loi de 1901 nommée Université interdisciplinaire de Paris. Comme d'autres universités populaires, l'UIP organise des colloques sur différents thèmes scientifiques et sociétaux.

Depuis sa fondation en 1995, elle a reçu plusieurs centaines d’intervenants, dont vingt Prix Nobel, lors de colloques organisés en collaboration avec l’Unesco, à la Sorbonne ou au Sénat.[réf. nécessaire] Elle soutient également des programmes de recherches internationaux dans plus d’une dizaine de pays et dans plus d’une vingtaine d’universités.[réf. nécessaire]

"Notre existence a-t-elle un sens ?" (2007)

Cet ouvrage comprend cinq parties : I. La question la plus importante qui soit. II. Qu’est-ce que le réel ? III. D’où venons-nous ? Où allons-nous ? IV. Sommes-nous ici par hasard ? V. Qui sommes-nous ?

L'auteur annonce le retour en force du dualisme en sciences, en appuyant notamment son propos sur les travaux de Benjamin Libet sur le cerveau et la conscience.

En quatrième de couverture, l'éditeur indique : "Cet ouvrage est le résultat de près de vingt années de recherches et de rencontres dans de nombreux pays avec des dizaines de personnalités représentant tous les grands domaines scientifiques".

L’astrophysicien Trinh Xuan Thuan estime dans sa préface que « Jean Staune nous a rendu un immense service en réalisant cette superbe synthèse des implications métaphysiques de la science contemporaine ».

Le neurologue Dominique Laplane, indique dans sa postface : « Il faut savoir gré à Jean Staune du travail colossal que représente l’analyse et la collation des données scientifiques diverses et fondamentales sans laquelle il est vain d’essayer de fonder une réflexion moderne sur l’homme ».

Parmi les autres réactions, le philosophe Luc Ferry a dit dans son émission sur LCI du  : « C’est à la fois un formidable livre d’introduction aux sciences contemporaines mais aussi une réflexion sur les rapports de Dieu et la science, un très beau livre ».

Tandis que le Cardinal Poupard à l’époque Président du Conseil Pontifical de la Culture a écrit : « Cette riche et vaste argumentation illustre et prolonge avec justesse l’enseignement de Jean Paul II »[réf. souhaitée]

Philippe Deterre, coordinateur du réseau Blaise Pascal, prêtre, directeur de recherche au CNRS en génétique a publié une critique détaillée de cet ouvrage dans la revue Connaître numéro 30 de [10]. Soulignant "les talents de vulgarisateur" de l'auteur, il pointe plusieurs imprécisions notamment sur le Big Bang , une lecture à contresens du mythe de la caverne chez Platon et du darwinisme : « Il me semble ainsi dommage que pour contrer le darwinisme et le matérialisme en général, l’auteur en arrive à le caricaturer ainsi » et aussi : « Les résultats des sciences peuvent certes invalider certaines des significations que nous donnons à la vie, au monde, à l’Univers, mais les sciences n’imposent aucune interprétation, ni celle d’une création, ni celle d’un non-sens, à la question de savoir si notre existence a un sens, ce n’est pas la science qui répondra, ni dans un sens ni dans l’autre ». Philippe Deterre revendique également une lecture différente du monothéisme que celle de J Staune.

Jean Staune a répondu dans le même numéro de cette revue. Il s'appuie sur les travaux de Simon Morris-Conway pour maintenir que le phénomène d'évolution convergente annonce d'ores et déjà une révolution dans les sciences du vivant.

Le philosophe Michel Siggen a également critiqué l’ouvrage dans « Le platonisme scientifique de Jean Staune », revue Nova et Vetera, juillet-août-. Il écrit « la position platonicienne de Bernard d’Espagnat et Jean Staune résulte selon nous d’une grave erreur de méthode. Nous avons déjà vu que Staune ne respectait pas beaucoup la diversité des méthodes en science. Cette erreur de méthode est la même que celle que Platon a faite. Elle consiste en ceci : chez ses auteurs, il y a confusion entre la nature profonde de la réalité et la nature des instruments méthodologiques utilisés pour connaître cette réalité. Staune confond donc l’ordre du réel, l’ordre de l’être, avec l’ordre de la connaissance. » Il écrit par ailleurs sur un autre point « Par conséquent selon notre étude, il n’est pas possible de considérer la thèse de Jean Staune comme relevant explicitement du néo créationnisme, une telle affirmation serait malhonnête intellectuellement. »

Jean Staune a également dirigé deux ouvrages collectifs, Science et quête de sens (Presses de la Renaissance, 2002) et La science, l’homme et le monde (Presses de la Renaissance, 2008), auxquels ont contribué trente-cinq personnalités dont onze Prix Nobel.

Enseignement et conseil en management

À la suite de Margaret Wheatley aux États-Unis et d'Ervin László en Hongrie, Jean Staune a tenté de développer des liens entre science et management, à la fois : chez PSA, Thalès, L’Oréal, Auchan, EDF, GDF ; par l’organisation de colloques réunissant scientifiques et managers ; par ses interventions en tant qu’expert de l’Association progrès du management.

Sa théorie est que les principes du management classique (organisation scientifique du travail) sont calqués sur ceux, réductionnistes mécanistes et déterministe, de la physique classique. Selon lui, la science ayant montré la limite de la validité de ces concepts, les organisations doivent donc appliquer des conceptions nouvelles acceptant l’incertitude, favorisant les réseaux, la créativité, l’initiative individuelle. Abordant le management uniquement par la médiation de la philosophie des sciences, Jean Staune tente de développer une discipline : la philosophie des sciences appliquée au management[11].

Positions politiques

Tout en rejetant fermement l’altermondialisme comme étant illusoire, Jean Staune critique l’"ultra-libéralisme"[12] (Ni Davos, Ni Porto Alègre). Il propose comme alternative des pratiques venant de l’intérieur du capitalisme mais permettant de transformer celui-ci, comme le commerce équitable, le développement durable, le micro-crédit, l’investissement éthique, la notion d'éthique des entreprises.

Rapprochement entre science et religion

Pour Jean Staune, les découvertes scientifiques ont par elles-mêmes des implications philosophiques et métaphysiques, indépendamment de tout présupposé théologique ou religieux. En s’appuyant sur les écrits de Bernard d'Espagnat (qui postule un « réalisme non physique » comme conséquence d’expériences de physique telles que la non-localité), de Trinh Xuan Thuan (portant sur le « réglage fin de l’univers » qui pose – sans y répondre – la question d’un principe créateur), de Roger Penrose (qui affirme que l’esprit humain a un accès direct à un monde platonicien des vérités mathématiques) et de Benjamin Libet (sur la non-identité entre les états neuronaux et mentaux), Jean Staune affirme que les progrès scientifiques donnent une crédibilité nouvelle aux conceptions non matérialistes du monde et de l’homme et convergent avec certaines intuitions de toutes les grandes traditions, monothéistes ou non[13]. Cette conclusion est vivement contestée par des scientifiques et des philosophes qui affirment que la science ne saurait se concevoir hors d’une épistémologie matérialiste (voir Intrusions spiritualistes en sciences et Les matérialistes et leurs détracteurs sous la direction de Jean Dubessy et Guillaume Lecointre).

Il est membre du Réseau Blaise Pascal qui regroupe les scientifiques francophones intéressés par ce thème.

Engagement dans le christianisme

Baptisé orthodoxe, Jean Staune s’est converti au catholicisme[14]. Il a contribué à la création et au développement du projet « Science Technologie et Quête Ontologique » avec le Conseil Pontifical de la Culture et plusieurs universités pontificales. Il a aussi contribué au développement de la partie scientifique du « Projet Nouveau Regard » créé par Dom Gérard Lafond, 4e abbé de l’Abbaye Bénédictine de Wisques. Il est aussi intervenu sur le thème « Science et foi » pour les communautés bénédictines des monastères de Ganagobie, Kergonan et Sainte Marie des deux montagnes et Saint Benoît du Lac (Canada) et pour des adolescents hors des cours de catéchisme.

Dialogue inter-religieux

Éviter le « choc des civilisations » est pour Jean Staune un objectif essentiel, d’où son implication dans des programmes concernant l’islam et l’orthodoxie, sa collaboration avec l’Église orthodoxe roumaine ou des sites musulmans. Son action actuelle s’étend au dialogue avec l’hindouisme et le taoïsme à travers divers voyages en Inde et en Chine.

Il a entre autres été récemment le concepteur et le coorganisateur du colloque Science, cultures et avenir de l’humanité. La connaissance, la spiritualité et l’action peuvent-elles changer le monde ?, organisé par Centre d’Études Al-Jazeera qui a donné lieu à une importante diffusion sur des chaines du groupe Al Jazeera entre le Prix Nobel de chimie juif américain Roald Hoffmann et des musulmans particulièrement engagés dans la critique du fondamentalisme comme Éric Geoffroy et Nidhal Guessoum. L’ouvrage de Nidhal Guessoum « Réconcilier l'islam et la science moderne : L'esprit d'Averroès » est d’ailleurs le premier publié dans la nouvelle collection que Jean Staune dirige aux Presses de la Renaissance « Science et quête de sens ». Cet ouvrage constitue une critique particulièrement forte venant de l’intérieur de la communauté musulmane des positions de Harun Yahya et du créationnisme dans l’islam.

Critique du darwinisme

Selon Cyrille Baudoin, Olivier Brosseau et Cédric Gimoult, Jean Staune et son association UIP contestent la validité de la théorie contemporaine de l'évolution des espèces[15].

Dès 1991, il publie dans le Figaro Magazine un dossier dans lequel est mise en cause la théorie de l'évolution sur la base de la stabilité du coelocanthe[16]. Se revendiquant l'héritier d’une tradition française de mise en doute de la possibilité d’expliquer l’évolution de la vie uniquement par des mécanismes darwiniens (initiée entre autres par le zoologiste Pierre-Paul Grassé), Jean Staune, dans des écrits et des conférences, argumente en faveur de théories alternatives au darwinisme[17], inspirées d'une vision téléologique ou finaliste parfois proche des idées de Teilhard de Chardin, du zoologiste Remy Chauvin ou du mathématicien et généticien Marcel-Paul Schützenberger[réf. nécessaire].

Les théories de l’évolution qu’il vulgarise ont en commun de rejeter le caractère exclusif du modèle néodarwinien pour expliquer la transformation de l'organisation interne des espèces, car elle ne correspondrait pas à l’adaptation d'une espèce à un changement de l'environnement par voie de la sélection naturelle, d'une part, ni à un cumul d'erreurs de copies génétiques, d'autre part. Le néo-darwinisme n'expliquerait pas la macro-évolution ou l'émergence des plans d'organisation (pattern en anglais). Jean Staune diffuse entre autres les travaux de la paléoanthropologue Anne Dambricourt-Malassé, chercheur au CNRS détachée au Muséum national d'Histoire naturelle, sur les origines de la lignée humaine développés dans un documentaire scientifique de Discovery Channel « Homo sapiens – the Inside Story (version française : « Une nouvelle histoire de l'homme ») » et ceux des biologistes Rosine Chandebois (Pour en finir avec le darwinisme), et Michael Denton (L’Évolution a-t-elle un sens?).

En , plusieurs articles dans le hors-série du Nouvel Observateur intitulé La Bible contre Darwin ont fait état des travaux de Jean Staune, les décrivant comme une version française du dessein intelligent, théorie qui a une importante notoriété aux États-Unis et qui subit actuellement de nombreux démentis du monde scientifique. Sur ce sujet, sa position y était décrite comme faisant partie d’« une dérive créationniste » en France. Ce thème a également été développé dans un article[18] du journal Le Monde qui considère qu'il évite de prononcer le nom de Dieu, mais sa dialectique parfaitement rodée sous-entend en permanence sa possibilité. Ses conférences confinent au show de prédicateur, maniant les concepts scientifiques à la place des textes religieux et son objectif semble se limiter à tenter d'instiller le soupçon de l'existence de Dieu. Guillaume Lecointre voit dans le nouveau paradigme défendu par Staune « la résurgence de la théologie naturelle de William Paley au début du XIXe siècle ». Staune a répondu à cet article[19] en affirmant qu’il « soutient avec la plus grande force la théorie de l’évolution (le fait que tous les êtres vivants aient un ancêtre commun) et [je] dénonce le créationnisme (la conception selon laquelle les êtres vivants auraient été créés séparément) dans toutes ses interventions et écrits sur ce sujet ».

Ouvrages

  • L'Intelligence collective, clé du monde de demain, Editions de l'Observatoire, Paris, 2019
  • Explorateurs de l'invisible, Guy Trédaniel, 2018
  • Les clés du futur. Réinventer ensemble la société, l'économie et la science, Préface de Jacques Attali, Plon, Paris, 2015
  • La science en otage. Comment certains industriels, écologistes, fondamentalistes et matérialistes nous manipulent, Presses de la Renaissance, Paris, 2010
  • Au-delà de Darwin. Pour une autre vision de la vie, Jacqueline Chambon Éditions, 2009
  • Notre existence a-t-elle un sens ? Une enquête scientifique et philosophique, Presses de la Renaissance, 2007 - rééd. Fayard, 2017
  • Jean Staune (dir.), Science et quête de sens, Presses de la Renaissance, 2005
    Textes de Christian de Duve, Trinh Xuan Thuan, Bernard d'Espagnat, Charles Townes, Ahmed Zewail, William Phillips, Jean Kovalevsky et d'autres.
  • Jean Staune (dir.), L'Homme face à la science, Criterion, 1992
    Textes de Hubert Reeves, Ilya Prigogine, René Lenoir, Jacques Arsac et d'autres.
  • Michael Behe, La Boîte Noire de Darwin - Intelligent Design, dans la collection Science et Quête de Sens sous la direction de Jean Staune, Presses de la Renaissance, 2009
    Préface de Pierre Perrier (conseil scientifique de l'UIP)
  • Lucien Daly (auteur), Pierre Perrier (postface), Jean Staune (préface) Dieu, les miracles et la science, Tatamis, 350p. 2012

Débats et controverses

Notes et références

  1. Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de la BnF
  2. « M. Jean Staune n'est pas chercheur » in Darwin et "Avatar" : une réponse à Jean Staune, Jean-Baptiste André et Nicolas Baumard, par Vincent Fleury, Le monde, Idée, 2010
  3. Marie-Laure Théodule, "Faut-il dialoguer avec les créationnistes ?", La Recherche daté du 10 mai 2010 ."Ainsi en France, l’université interdisciplinaire de Paris et son secrétaire général Jean Staune organisent des conférences à tendance créationniste même s’ils s’en défendent."
  4. Cyrille Baudouin, Enquête sur les créationnismes. Réseaux, stratégies et objectifs politiques : Réseaux, stratégies et objectifs politiques, Humensis, (ISBN 978-2-7011-8633-7, lire en ligne)
  5. Anne Dambricourt Malassé, Habilitation à Diriger des Recherches : listes des étudiants co-encadrés, Université de Technologie de Compiègne,
  6. Jean Staune, Au-delà de Darwin. Pour une autre vision de la vie, Jacqueline Chambon Éditions, , p. 221-222
  7. STOQ - Università Gregoriana
  8. « Les membres - Club de Budapest France », sur www.clubdebudapest.org (consulté le )
  9. Deterre Philippe, « Critique du livre de Jean Staune et réponse de Jean Staune », connaitre, , p. 53-70 (evry.catholique.fr/IMG/pdf/connaitre_30.pdf)
  10. La philosophie des sciences appliquée au management
  11. Ni Davos, Ni Porto Alegre
  12. http://www.staune.fr/spip.php?page=article_pdf&id_article=97
  13. Jean Staune et la religion
  14. Cédric GRIMOULT, Créationnismes. Mirages et contrevérités : Mirages et contrevérités, CNRS, , 220 p. (ISBN 978-2-271-07573-4, lire en ligne)
  15. « L'Université Interdisciplinaire de Paris - Afis - Association française pour l'information scientifique », sur www.pseudo-sciences.org (consulté le )
  16. http://philnet.org/rbp/IMG/doc/JeanSTAUNE_evolution_mars07.doc
  17. Michel Alberganti, "Le jeu de masques du néocréationnisme français", Le Monde daté du 2 septembre 2006 .
  18. Le Monde daté du 14 septembre 2006.

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