Jean Deschamps (architecte)

Jean Deschamps, Johannes de Campis, est un architecte du XIIIe siècle, né en 1218 en Picardie et mort à la fin du XIIIe siècle à Narbonne, peut-être en 1295[1], dont le nom est lié aux constructions religieuses du sud de la Loire.

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Biographie

Il aurait contribué à l'implantation du gothique septentrional dans le Midi. À partir de l'inscription relevée par Jean Dufraisse au XVIIIe siècle, on a pu lui attribuer la construction de la cathédrale de Clermont qu'il a commencée en 1248.

Il a puisé dans le répertoire du gothique septentrional en réalisant une synthèse originale dont Alain Erlande-Brandenburg a signalé les variations dans les édifices qui lui ont été attribués. Il semble connaître le chevet de la cathédrale de Beauvais, les chapelles rayonnantes de la cathédrale de Cambrai, le système d'évacuation des eaux de la basilique de Saint-Denis, les portails de la cathédrale Notre-Dame de Paris[2].

Les recherches dans les archives ont fait apparaître un Jean Deschamps ou des maîtres d'œuvre portant ce nom dans la réalisation de plusieurs édifices de cette époque. En particulier un Jean Deschamps intervenant pour la construction du chevet de la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne en 1286. À partir des recherches dans les archives, Eugène Viollet-le-Duc a construit une légende autour de ce personnage. La critique de cette légende a amené à attribuer à toute une famille d’architectes les autres édifices auquel est lié le nom de Deschamps, assez courant :

  • Jean Deschamps à Narbonne (attesté en 1286, éventuellement le même que précédemment)
  • Jean et Bertrand à Bordeaux (avant 1309 et en 1320)
  • Guillaume à Rodez (1355)
  • Pierre à Clermont (mentionné en 1357 comme décédé), qui serait le fils ou le petit-fils de Jean Deschamps[3].

On peut aussi présumer de leur présence pour d’autres cathédrales telles que celles de Toulouse ou Limoges.

Jean Deschamps a été inhumé devant le portail nord de la cathédrale de Clermont d'après Jean Dufraisse, un chroniqueur du XVIIIe siècle qui a rapporté l'inscription du tombeau aujourd'hui disparue : « Memoria sit quod Magister Johannes de Campis incepit hanc Ecclesiam anno Domini millesimo ducentisimo quadragesimo octavo, qui jacet cum uxore sua et liberis eorum in tumulo inciso ante valvas Beatæ Mariæ Gratiæ. Haec memoria fuit extracta de quodam lapide qui est intra dictum tumulum scripto literis in plumbo gaforatis anno Domini millesimo quadringentisimo[4] » (À la mémoire de maître Jean Deschamps, qui commença cette église en l'année du Seigneur 1248, et qui gît avec Marie, sa femme, et ses enfants dans la tombe, devant la porte à double battant de l'église de la Sainte Vierge).

Notes et références

  1. Voir : Bernard Oudin. La date de 1295 est liée à la citation de Jean Deschamps à la cathédrale de Narbonne à cette date, mais on ne sait pas s'il s'agit de la même personne. Bernard Oudin le fait mourir à Narbonne, mais une inscription relevée au XVIIIe siècle indique qu'il a été inhumé devant le portail nord de la cathédrale de Clermont.
  2. Dieter Kimpel, Robert Suckale, L'architecture gothique en France 1130-1270, Flammarion, Paris, 1990, (ISBN 2-08-010970-7), p. 456-457
  3. Anne Courtillé, La Cathédrale de Clermont, Editions Créer, , 239 p., p. 44-46
  4. Jean Dufraisse, L'origine des églises de France prouvée par la succession de ses évêques, chez Étienne Michallet, Paris, 1688, p. 505 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Charles Bauchal, Nouveau Dictionnaire biographique et critique des architectes français, Librairie générale de l'architecture et des travaux publics, Paris, 1887, p. 178 (lire en ligne)
  • Anne Courtillé, La cathédrale de Clermont, Créer, Nonette, 1994, (ISBN 2-902894-94-5), p. 44-45 (aperçu)
  • Alain Erlande-Brandenburg, « Deschamps Jean (2e moitié du XIIIe siècle », dans Dictionnaire des architectes, Encyclopædia Universalis, Albin Michel, Paris, 1999, (ISBN 2-226-10952-8), p. 211-212
  • Frédérique Constantini, « Jean Deschamps », dans sous la direction de Pascale Charron et Jean-Marie Guillouët, Dictionnaire d'histoire de l'art du Moyen Âge occidental, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, (ISBN 978-2-221-10325-8), p. 489
  • Christian Freigang, « Jean Deschamps et le Midi », Bulletin Monumental, 149-III, 1991, p. 265-298 (lire en ligne).
  • Bernard Oudin, Dictionnaire des architectes, Paris, Seghers, , 666 p., p. 137
  • Raymond Ray, L’Art gothique du Midi de la France, Paris, H. Laurens, 1934.
  • Thierry Soulard, « Jean Deschamps et sa descendance : les cathédrales de Clermont, Bordeaux et Limoges », Materiam superabat opus, Hommage à Alain Erlande-Brandenburg, dir. Agnès Bos, Xavier Dectot, Jean-Michel Leniaud, Philippe Plagnieux, Paris, École nationale des Chartes - Réunion des Musées Nationaux, 2006, 453 p., p. 359-367. (ISBN 9782711850235)

Articles connexes

Liens externes

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