Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville

Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville, également écrit Danville, est un géographe et cartographe français, né le à Paris (France) où il est mort le .

Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville : Troisième partie de la carte d’Asie, contenant la Sibérie, et quelques autres parties de la Tartarie (1753)
Bourguignon d'Anville : Amérique Septentrionale (1746)

Il est le frère de l'artiste Hubert-François Gravelot, graveur et illustrateur célèbre, qui réalisa un grand nombre des cartouches de ses cartes.

Biographie

Fils d'un tailleur parisien, JB Bourguignon a bénéficié d'une éducation de qualité, notamment au Collège des Quatre-Nations. Nommé géographe du roi à 21 ans en 1718, il était aussi lié avec la famille du Duc d'Orléans qui l'a soutenu "pendant près de quarante ans" [1] et qu'il initia au dessin de cartes géographiques. JB d'Anville produisit 211 cartes, considérées comme les meilleures de son époque. Leur précision, basée sur les découvertes les plus récentes, révolutionna la cartographie. Parmi les plus importantes[2] se trouvent les cartes de la Chine (1735) dressées pour accompagner la Description de la Chine de Jean-Baptiste Du Halde, qui restèrent la référence jusqu’au XIXe siècle, de l’Italie (1743), de l’Afrique (1749), de l’Asie (1751) et de l’Inde (1752).

Il publia un Atlas général en 1737, des atlas historiques et de nombreux écrits sur la géographie et la météorologie anciennes. Il a également collaboré à l’Encyclopédie.

Il fut élu à l'Académie des Sciences de Saint Petersbourg en 1748, en France à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1754 et à l’Académie des sciences en 1773.

D’Anville fut l’un des savants en désaccord avec Newton, arguant que la Terre était ovoïde (en forme d'œuf) et non aplatie aux pôles[3].

Jean-Denis Barbié du Bocage fut l'un de ses élèves.

JB. d'Anville a épousé une fille de Herbert de Hauteclair, Procureur d'Alençon, Trésorier et Conseiller du Roi, avec qui il était lié. Ce mariage l'amena à séjourner régulièrement au château de la Chevallerie (Arçonnay, Sarthe)[4].

Collection de cartes

En plus des cartes dont il était l’auteur, d’Anville avait constitué une abondante collection de documents cartographiques, tant gravés que manuscrits, la plus complète et la plus précieuse, selon Bon-Joseph Dacier, qui ait peut-être jamais existé. De son vivant, elle avait été enrichie de multiples donations faites par des savants, des collectionneurs et des voyageurs de tout pays. Il avait songé dès 1772 à céder cette collection au roi, mais ce n’est qu’en 1779 que l’affaire fut réglée. Lorsque survint la mort de d’Anville, plus riche d’honneurs que d’argent, la collection passa du Louvre, où il logeait, à Versailles, où Jean-Denis Barbié du Bocage poursuivit l’inventaire qui faisait tant défaut depuis que la collection appartenait au roi et qu’il acheva en 1828. Louis-Charles-Joseph de Manne, conservateur-administrateur de la Bibliothèque du Roi, qui avait hérité les fonds de d'Anville et tous ses papiers, donna en 1802 une notice des ouvrages du géographe. Les œuvres de d'Anville devaient contenir 6 volumes accompagnés de cartes dessinées par le géographe mais l’édition fut interrompue par la mort de M. de Manne en 1832 et seuls 2 volumes furent publiés en 1834 par sa veuve et son fils.

La collection passa ensuite au ministère des Affaires étrangères avant de venir, en 1924, enrichir les collections du département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France. Le récolement entrepris alors par Charles Du Bus permit de constater la perte ou le vol de certaines cartes manuscrites survenus pendant le séjour de la collection chez les diplomates, de sorte qu’elle renferme aujourd’hui près de 10 500 cartes de toute région et de toute époque depuis les premières éditions de la Géographie de Ptolémée jusqu'aux années 1770-1780. Marcel Destombes a retrouvé au département des Estampes et de la Photographie trente-quatre plans manuscrits de villes chinoises utilisées par d’Anville pour ses plans de la Description du P. Du Halde et acquise par la Bibliothèque du roi en 1763 (BNF, Estampes, Vol. mat. 11).

Plaque de la rue Danville, à Paris, en mémoire du géographe

Hommages

Jean-Baptiste d'Anville figure sur un tableau contemporain d'Anicet Lemonnier (au Château de Malmaison), représentant les encyclopédistes dans le salon de Mme Geoffrin, en compagnie de Mme Du Deffand et de Julie de Lespinasse.

Une statue de JB. d'Anville figure parmi les hommes illustres sur la façade de l'hôtel de ville de Paris du côté de la rue de Rivoli. Une autre version se trouve au château de la Chevallerie, qui était sa résidence de campagne, avec la dédicace suivante: "Johanni Baptistae d'Anville, primo Ludovici XV regis geographo, hoc monumentum ejusdem apud parisias statuae ad exemplar pietatis necnon orati animi pignus nepotes exegerunt".

Le village de Danville au Québec tient son nom de Danville, Vermont[5]. Cette localité avait été nommée ainsi en l'honneur de Jean-Baptiste d'Anville.

Le cratère lunaire Anville, la ville de Danville au Québec et celle homonyme dans le Vermont, ainsi que la rue Danville dans le 14e arrondissement de Paris, ont été nommés en son honneur

Cartes et plans

Le département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France[6] propose dans les pages du serveur Gallica[7] les cartes géographiques et les plans de villes représentant l’ensemble du territoire de la France métropolitaine, dont des documents de géographie ecclésiastique, militaire, fiscale et administrative, des cartes de côtes, de rivières, de routes et de forêts, assemblés par d’Anville, certains autographes. Le bel ensemble des plans de villes permet d’étudier le monde urbain, les fortifications et l’embellissement des villes au XVIIIe siècle. L’on a joint, dans un souci de cohérence, les deux séries de la Carte de France de Cassini : l’édition complète, coloriée, présentée à l’Assemblée nationale en 1790 et la seconde édition de 1815. En plus des cartes représentant la géographie de la France, du Piémont, de la Savoie et de l’Île de Corse, le visiteur trouvera une série de cartes cosmographiques, des mappemondes, des cartes de voyages et des cartes générales de l’Europe.

Un programme de recherches sur trois années a été inauguré en 2010 au département des Cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France.

Notes et références

  1. Mémoire de M.d'Anville inséré dans le 14ème volume de l'Histoire ancienne de M.Rollin
  2. Cédric Gras, L'hiver aux trousses : Voyage en Russie d'Extrême-Orient, Paris, Gallimard, , 267 p. (ISBN 978-2-07-046794-5), « Le liman »
  3. Proposition d'une mesure de la terre, Paris, Chaubert, 1735
  4. Documents de famille
  5. « Danville (Sainte-Anne) », sur www.originis.ca (consulté le )
  6. d'Anville à la Bibliothèque nationale de France
  7. d'Anville sur Gallica

Annexes

Bibliographie

  • Lucile Haguet, Catherine Hoffman, Une carrière géographique au siècle des Lumières: Jean Baptiste d'Anville, ouvrage collectif, Bibliothèque Nationale de France/Oxford University, 2018
  • M. d'Anville, Géographe ordinaire du Roi, Proposition d'une mesure de la terre, dont il résulte une diminution considérable de sa circonférence par les parallèles, chez Chaubert, quai des Augustins, 1735.
  • Nicolas de Condorcet, Éloge de M. d'Anville, dans Histoire de l'Académie royale des sciences - Année 1782, Imprimerie royale, Paris, 1785, p. 69-77 (lire en ligne)
  • Charles Du Bus, « Les collections d’Anville à la Bibliothèque nationale », dans Bulletin de la Société de géographie, 1926, tome XLI, p. 93-145.
  • M. Prévost, article Anville dans Dictionnaire de biographie française, Paris, tome III, 1939, col. 84-86.
  • Edwige Archier, article « Anville », dans Lexikon zur geschichte der Kartographe, Wien, 1986, tome 1er, p. 18-21.

Articles connexes

Liens externes

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