Jaune de cobalt
Le jaune de cobalt est un pigment jaune vif, vendu aussi sous le nom d’auréoline ou de jaune auréolin.
Jaune de cobalt | |
Identification | |
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Nom UICPA | Hexanitritocobaltate (III) de potassium dihydraté |
Synonymes |
C.I. Pigment Yellow 40 |
No CAS | |
No ECHA | 100.034.018 |
No CE | 237-435-2 |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule | CoK3N6O12 [Isomères] K3[Co(NO2)6].H2O |
Masse molaire[1] | 452,2611 ± 0,0051 g/mol Co 13,03 %, K 25,94 %, N 18,58 %, O 42,45 %, |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Composition
Le jaune de cobalt (Colour Index PY40) a été produit pour la première fois en 1831 par le chimiste allemand Nicolaus Wolfgang Fischer (1782-1850). En 1852, indépendamment selon toute apparence, le chimiste français Édouard Saint-Evre publia un rapport détaillé sur sa fabrication, et suggéra son emploi comme pigment pour les beaux-arts[2]. Il s'agit d'un composé de nitrite de cobalt K3[Co(NO2)6].H2O Il précipite lors de la réaction :
CoCl2 + KNO2 + CH3COOH → K3[Co(NO2)6]
Nuance
Au XIXe siècle, Michel-Eugène Chevreul a entrepris de repérer les couleurs entre elles et par rapport aux raies de Fraunhofer. Il cote le « Jaune de cobalt préparé par M. Saint-Evre, en poudre non tassée » 4 orangé-jaune 10 ton[3]. Cependant, dans son article de 1852, Saint-Evre écrivait « ce corps (…) est d'un jaune éclatant ; sa nuance est tellement vive, qu'il constitue le type du jaune dans le cercle de M. Chevreul[4] », ce qui le place deux nuances plus loin de l'orangé.
Pour Petit, Roire et Valot la nuance, à la lumière du jour, du pigment jaune de cobalt est T=12.6-12.7[5], devenant plus rouge à la lumière des lampes à incandescence. Cette nuance, comme celle donnée par Chevreul, correspond bien au nom (auréoline évoque doré) et les mêmes auteurs remarquent : « On a fait dire à Blockx[6] (sans préciser lequel — père ? fils ? — et l'auteur de cet article n'a pu trouver les originaux) : — « L'auréoline est le seul pigment qui puisse remplacer le jaune indien et la laque de gaude, dont l'instabilité est connue » » (PRV1).
La photographie sur le site d'un marchand de pigments présente cette couleur[7].
Chez les marchands de couleurs, on trouve 242 auréoline[8] ; 559 auréoline[9] ; 016 auréoline[10].
Pigment
Le jaune de cobalt ne fut pas vendu comme pigment avant 1850, et ne trouva un usage général que comme couleur d'aquarelle, comme « auréolin primevère » de Winsor & Newton, en 1889[11]. D'autres produits ont été vendus sous le nom d'« auréolin » ou « auréoline »[12].
Le jaune de cobalt possède un faible pouvoir colorant qui le rend peu économique (comme tous les pigments de cobalt, il s'agit d'un pigment cher). Il est plus éteint que le jaune de cadmium ou un jaune citron mais il est facile à utiliser en mélange. Il donne des tons verts rompus, peu propres mais proches de la nature et donc parfaits pour les paysages.
Malgré sa teinte très belle, l'auréoline est délaissé au profit de pigments jaunes moins toxiques et plus performants (isoindolinones, benzimidazolones). Sa tenue à la lumière a fait l'objet de controverses (PRV1).
Voir aussi
Bibliographie
- Philip Ball (trad. Jacques Bonnet), Histoire vivante des couleurs : 5000 ans de peinture racontée par les pigments [« Bright Earth: The Invention of Colour »], Paris, Hazan, , p. 233
- Jean Petit, Jacques Roire et Henri Valot, Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer, t. 1, Puteaux, EREC, , p. 292
Articles connexes
Références
- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Ball 2010 ; Édouard Saint-Evre, « Recherches sur une combinaison nouvelle du cobalt », Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, Paris, (lire en ligne).
- Michel-Eugène Chevreul, « Moyen de nommer et de définir les couleurs », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 33, , p. 190, 258 (lire en ligne). Couleur calculée par interpolation des valeurs L*a*b pour 5 orangé, tangent à D côté E, et jaune, à 1/8 de D. Correction pour éclairant soleil direct 4880K. Longueur d'onde dominante 582 nm, pureté colorimétrique maximale (90,7%), clarté L* = 0.524 (Y = .205), éclairant D55. (hab=77°, a*=15,7, b*=68,2) Conversion en valeurs sRGB.
- Saint-Evre 1852, p. 533.
- Teinte selon AFNOR X08-010, équivalent à Munsell Y. Teinte CIE L*a*b*, illuminant D65 L*= 86.5, a*=9.90, b*90. Couleur non représentable sur les écrans sRGB, calculée avec une chromaticité réduite, avec le même angle de teinte (hab=83,72°, L*=81.6, a*=9.173, b*=83.39).
- Les Blockx sont des marchands de couleur belges, dont l'un est auteur d'un Compendium, manuel technique destiné aux peintres, publié en 1880.
- « Jaune de cobalt », sur kremer-pigmente.com (consulté le ). Cette couleur correspond à CIE L*a*b* 87,3, -6,54, 87,04 (hab 94,3°).
- PY150 (complexe azoïque de nickel), « Rembrandt aquarelle nuancier », sur royaltalens.com (consulté le ).
- PY40, « huiles extra-fine Sennelier », sur magasinsennelier.com (consulté le ).
- PY40 « Artist's Water Colour », sur winsornewton.com (consulté le ).
- Ball 2010 ; vers 1862 d'après Winsor & Newton, Le livre des couleurs à l'huile, (lire en ligne)
- « Jaune d'Auréoline — Nom d'une matière colorante obtenue par un mélange d'hypochlorite de soude et de fluorescéine, précipité par un acide ; remplacée aujourd'hui par un Jaune de Cobalt » — Henri Dauthenay, Répertoire de couleurs pour aider à la détermination des couleurs des fleurs, des feuillages et des fruits : publié par la Société française des chrysanthémistes et René Oberthür ; avec la collaboration principale de Henri Dauthenay, et celle de MM. Julien Mouillefert, C. Harman Payne, Max Leichtlin, N. Severi et Miguel Cortès, vol. 1, Paris, Librairie horticole, (lire en ligne), p. 22. L’auréoline de Robare était, vers 1869, un colorant pour les cheveux (« Moniteur de la coiffure », sur gallica.bnf.fr) ; il s'agit d'eau oxygénée (Arthur Bolles Lee et Louis Félix Henneguy, Traité des méthodes techniques de l'anatomie microscopique, Paris, (lire en ligne)). Un jaune de primuline a été commercialisé sous le nom d'auréoline (M.E. Trautmann, « Les matières colorantes sulfurées », Le Moniteur scientifique, (lire en ligne)).
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