Jacobaea vulgaris

Le séneçon de Jacob ou séneçon jacobée ou Jacobée commune[1] (Jacobaea vulgaris) est une espèce de plantes herbacées, vivaces ou bisannuelles, de la famille des Asteraceae, autrefois simplement appelée « jacobée » ou « herbe de saint Jacques ». C'est une plante qui peut contenir plus d'une dizaine d'alcaloïdes pyrrolizidiniques, dont la consommation répétée peut être très toxique pour le foie d'animaux comme les chevaux ou les bovins. Malgré cela, elle est la nourriture presque exclusive de certaines chenilles d'hétérocères comme la Goutte-de-sang.

Originaire d'Europe, elle s'est naturalisée en Amérique du Nord et en Nouvelle-Zélande. Elle peut être très envahissante dans certaines régions (comme en Bretagne) où il faut la contrôler ou la détruire pour entretenir les pâturages.

Description

Le Séneçon jacobée est une plante vivace (hémicryptophyte), à souche courte, fibreuse et dont la tige de 40 cm à 200 cm de haut, se dresse, droite, rameuse au sommet.

Les feuilles ordinairement glabres, profondément pennatipartites, divisées en segments presque égaux, oblongs-obovales, lobés ou crénelés. Les feuilles basales sont lyrées et portées par un pétiole. Elles sont généralement flétries à la floraison. Les supérieures sont à oreillettes embrassantes, sessiles.

Les capitules sont groupés en corymbe ombelliforme. Ils font de 15 à 25 mm de large. L'involucre est formé de folioles tachées de brun. Les fleurs jaunes sont bisexuées ou unisexuées. La plante fleurit en plein été.

Le fruit est un akène avec une aigrette de poils blancs de mm.

Taxinomie

Cette espèce a été décrite en 1791 par Joseph Gärtner.

Son nom scientifique accepté fut longtemps Senecio jacobaea L., mais des travaux, notamment ceux de Pieter Pelser & Ruud Van der Meijden[2] en 2005, tendent à prouver que cette espèce et d'autres font bien partie d'un genre, Jacobaea, distinct de Senecio.

Synonymes

Selon The Plant List (26 octobre 2014)[3] :

  • Senecio jacobaea L.
  • Jacobaea vulgaris subsp. vulgaris,
  • Jacobaea vulgaris var. vulgaris,
  • Senecio flosculosus Jord.,
  • Senecio foliosus Salzm. ex DC.,
  • Senecio jacobaea L.,
  • Senecio jacobaea var. jacobaea,
  • Senecio jacobaea subsp. jacobaea,
  • Senecio jacobaeoides Willk.,
  • Senecio nemorosus Jord.,
  • Senecio praealtus' subsp. foliosus (DC.) Cout

Liste des sous-espèces

Selon NCBI (26 octobre 2014)[4] :

  • sous-espèce Jacobaea vulgaris subsp. dunensis
  • sous-espèce Jacobaea vulgaris subsp. gotlandica
  • sous-espèce Jacobaea vulgaris subsp. vulgaris

Interaction écologique

Les chenilles de certaines espèces d'hétérocères (papillons de nuit) se nourrissent du séneçon de Jacob :

Propriétés

Sénécionine

Le séneçon jacobée peut contenir plus d'une dizaine d'alcaloïdes pyrrolizidiniques, liés de la sénécionine. Les oxydes d'amine de sénécionine sont synthétisés dans la racine puis transportés dans toutes les parties de la plante. Witte et al.[5] ont décrit deux chimiotypes :

  1. le type jacobine est caractérisé par la jacobine et la jacozine et peu ou pas du tout d'érucifoline
  2. le type érucifoline contient de l'érucifoline, de l'acétylérucifoline mais pratiquement pas de jacobine. Les deux chimiotypes ne diffèrent pas en concentration des autres alcaloïdes comme sénécivernine, sénécionine, integerrimine, sénéciphylline. Une autre équipe[6] a défini un troisième chimiotype mixte qui contient de la jacobine et de l'érucifoline en quantités semblables.

La consommation de ces alcaloïdes par les animaux peut conduire à une intoxication qui s'exerce principalement au niveau hépatique : gonflement du foie, nécrose, occlusion veineuse et perte de la fonction hépatique[7].

Toxicité

Le séneçon jacobée est toxique pour les humains.

Il l'est également pour les équins et bovins, mais il est consommable en petites quantités par les ovins et plus encore par les caprins qui les consomment volontiers en vert (chez lesquels il pourrait avoir un effet vermifuge).

Sa toxicité est due à son contenu en alcaloïdes pyrrolizidiniques, toxiques pour le foie de certains animaux. Tant que la plante pousse et fleurit, il y a peu de risque pour les chevaux, les vaches, les chèvres et les moutons. La plante a un goût amer et n'est généralement pas consommée ; toutefois des chevaux semblent consommer spécifiquement les sommités fleuries lorsqu'ils en ont l'occasion, peut-être pour se vermifuger. Le séneçon jacobée est très dangereux conservé dans le foin. Une fois coupé la plante perd son arôme typique, sa couleur et son goût. Les chevaux ne peuvent plus la reconnaître. Après la coupe le poison reste actif et il est donc conseillé de ne plus utiliser le restant de la botte de foin. Les herbivores mangent ainsi dans leur ration quotidienne de foin ses substances toxiques (les alcaloïdes). Toutes les parties de la plante de séneçon contiennent des substances toxiques. Ce sont les alcaloïdes dits pyrrolizidiniques. Les maréchaux anglais des XVII et XVIII siècles sont souvent cités pour avoir utilisé cette plante ou ses sucs pour vermifuger les chevaux. Les symptômes de la maladie : Le poison est absorbé dans l'intestin. Par la suite, le corps tente de convertir les toxines dans le foie en substances moins toxiques. Toutefois, ce procédé conduit à une substance toxique, même plus. Cela détruit les cellules du foie. Une intoxication par le séneçon s'exécute très lentement. Le foie finira par arrêter de fonctionner. Les animaux empoisonnés tombent gravement malades : ils sont léthargiques, perdent du poids, ont de la diarrhée et n'ont pas d'appétit, boivent beaucoup et ont des symptômes qui sont semblables à un coup de soleil. Le séneçon attaque le cœur et le système nerveux central et provoque un manque de coordination, un manque d'appétit et des mouvements agités. Il n'existe aucun remède contre l'empoisonnement au séneçon. Les animaux empoisonnés sont condamnés. Les animaux tombent malades après des mois, voire des années, parce que le poison s'accumule lentement dans le foie. Les vaches et les chevaux développent une maladie chronique du foie quand ils ingèrent du séneçon à hauteur de 5 à 10 % de leur poids corporel.

Le lait de vache ou de chèvre ayant consommé du séneçon jacobée peut être faiblement contaminé par des alcaloïdes pyrrolizidiniques.

De même le miel provenant des abeilles butinant sur les zones densément couvertes de Sèneçon de Jacob peut contenir des traces d'alcaloïdes pyrrolizidiniques mais les quantités sont si infimes qu'elles sont jugées non préoccupantes[8].

Symbolique

La fleur du séneçon de Jacob est l'emblème végétal de l'île de Man[9].

Notes et références

  1. INPN, « acobaea vulgaris Gaertn., 1791 », sur inpn.mnhn.fr (consulté le )
  2. (en) Pieter B.Pelser, Barbara Gravendeel, and Ruud Van der Meijden, « Phylogeny reconstruction in the gap between too little and too much divergence : the closest relatives of Senecio jacobaea (Asteraceae) according to DNA sequences and AFLPs », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 29,
  3. The Plant List, consulté le 26 octobre 2014
  4. NCBI, consulté le 26 octobre 2014
  5. (en) Witte, L., Ernst, L., Adam, H., Hartmann, T., « Chemotypes of two pyrrolizidine alkaloid-containing Senecio species », Phytochemistry, vol. 31, , p. 559-565
  6. (en) Mirka Macel,Klaas Vrieling, Peter G.L. Klinkhamer, « Variation in pyrrolizidine alkaloid patterns of Senecio jacobaea », Phytochemistry, vol. 65,
  7. Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes médicinales, 4e éd., revue et augmentée, Paris, Tec & Doc - Éditions médicales internationales, , 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8)
  8. honey
  9. (en) Isle of Man Government - National Flower

Liens externes

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