Jacob-Isaac Segal

J. I. Segal (en yiddish : י.י. סיגאַל, Yud Yud Segal) (1896-1954), de son nom de naissance Yaakov Yitzchak Skolar, était un poète et journaliste yiddish de nationalité canadienne. Pionnier dans la création de revues littéraires canadiennes en langue yiddish, il est considéré comme l'une des figures de proue du modernisme littéraire yiddishophone au Canada[1]. D'après ses commentateurs, sa lyrique mêle la nostalgie de la culture judaïque des villages de son enfance et un modernisme juif ancré dans sa ville d'adoption, Montréal[2],[3].

Jacob-Isaac Segal

י.י. סיגאַל

Nom de naissance Yaakov Yitzchak Skolar
Naissance
Solokovitz, Podolie (aujourd'hui en Ukraine)
Décès
Montréal, Québec, Canada
Famille
Esther Segal (sœur)
Auteur
Langue d’écriture Yiddish

Vie et écrits

J. I. Segal, de son vrai nom Yaakov Yitschak Skolar, naît le 3 août 1896 à Solokovitz, une municipalité alors située dans l'Empire de Russie. Il est le deuxième plus jeune d'une famille hassidique de sept enfants. À la suite de la mort de son père Aaron Ber à l'âge de 48 ans, et alors que Yaakov n'a que trois ans, sa famille est soudainement confrontée à la pauvreté chronique. Avec le reste de sa famille, il déménage alors à Koretz, où vivent les parents de la mère de Yaakov, "riches bourgeois bien installés dans le commerce", comme le résume Pierre Anctil[4]. Le grand-père de Yaakov, David Perlmutter, joue alors un rôle ambivalent dans l'éducation du jeune homme. D'une part, Yaakov sera profondément inspiré par les goûts esthétiques et la sensibilité religieuse hassidique de son grand-parent. D'autre part, cependant, Perlmutter refuse de contribuer financièrement à l'éducation de ses petits-enfants, et c'est donc la mère de Yaakov qui inscrira celui-ci à un heder.

Les biographes du poète soulignent que c'est durant ces années passées à l'école juive que s'est développée la fibre littéraire de Yaakov, qui retient déjà, à cette époque, l'attention d'un de ses professeurs en raison de la beauté des vers qu'il avait composés[4].

En 1911, alors qu'il n'est encore qu'un jeune homme, Segal émigre à Montréal, au Canada[3]. Avec sa famille, il s'installe dans le quartier du Mile-End et devient tailleur dans un atelier de confection du Boulevard Saint-Laurent[4].

Une première période d'activité littéraire en yiddish commence pour le poète, comme l'explique Pierre Anctil avec lyrisme :

"Peu à peu, Segal émergea de l'actualité littéraire yiddish de Montréal, mais jamais dans le dessein manifeste d'y figurer en soi. Autant Segal fut timide et effacé sur la scène artistique, autant son oeuvre fit éclosion aux yeux de ses contemporains, porteuse de promesses éclatantes et d'un flot ininterrompu d'images. En 1921, il fonde à Montréal la revue littéraire Niouansn (Nuances), puis en 1922, avec ses amis A. Almi et A. S. Shkolnikov, il lance Epokhe (Époque) qui ne connaîtra qu'un seul numéro. En 1922-23 [...], il publie la revue Royerd, puis en 1925, le périodique littéraire Kanade (Canada)."[4]

Sur un plan personnel, durant les années 1923-1928, Segal et sa famille quittent Montréal pour s'installer à New York. En 1928, à la suite de la mort de sa fille Tsharna, le poète revient à Montréal, où commence une nouvelle phase dans sa carrière :

"Segal entame la rédaction de recueils de poésie de plus en plus volumineux, le plus souvent financés par des comités de soutien communautaire montréalais, dont Lirik en 1930, Mayn Nigoun en 1934 (Ma Chanson), Sefer Yiddisg en 1950 et Letste Lider (Derniers poèmes) parus de manière postume en 1955. En 1945, Segal se méritait le prix Lamed pour Lider oun Loybn (Poèmes et louanges), considéré par un jury américain comme l'oeuvre poétique la plus méritoire en langue yiddish parue cette année-là."[4]

Par ailleurs, Segal enseigne la langue et la littérature yiddish dans le réseau scolaire juif privé de la ville, et notamment à la Yiddishe Folks Shule (l'École juive populaire)[4].

En 1941, après avoir publié fréquemment dans le principal journal yiddish de Montréal Keneder Adler, il prend également en charge, en collaboration avec le poète et essayiste Melech Ravitch, la section littéraire du journal[5].

Il décède le 7 mars 1954 et est enterré au cimetière Baron de Hirsch.

Poème

Voici une traduction du poème Farnarcht (Crépuscule), rendu très librement en français par Pierre Anctil :

"Et à un moment, à un moment

es-tu à moi venu à la lumière du crépuscule,

Dieu.


Contre la surface de mes fenêtres brillait

la dernière heure dorée du jour.

Dans toutes les pièces

dans tous les racoins

tu t'es promené.


Comme un aïeul tu t'es assis

appuyé sur ta canne.


Et contre les veines de ta main

et contre les rides de ton front

et contre la tête de vipère sur le pommeau de ta canne,

se consuma la dernière heure rougeâtre du jour.


À des milliers de personnes s'ouvre la rue

toutes apparentées les unes aux autres .

Et moi, le dernier de leurs soucis

le plus isolé aux jours de fêtes.


Terne et sombre

s'offre le pas de ma porte.

Mon chat patiemment contemple les jours

certains ensoleillés, d'autres enneigés,

et jette un coup d'oeil vers le Messie."[4]


Liens externes

Références

  1. (en) Rebecca Margolis, Jewish Roots, Canadian Soil: Yiddish Cultural Life in Montreal, 1905-1945, McGill-Queen's Press - MQUP, (ISBN 978-0-7735-3812-2, lire en ligne)
  2. (en) « Musée du Montréal juif », sur mimj.ca (consulté le )
  3. (en) Pierre Anctil, Jacob Isaac Segal: A Montreal Yiddish Poet and His Milieu, University of Ottawa Press, (ISBN 978-0-7766-2573-7, lire en ligne)
  4. Pierre Anctil, Jacob Isaac Segal, Poèmes Yiddish, Montréal, Éditions du Noroît, (ISBN 2-89018-242-8), p. 14
  5. (en) « Musée du Montréal juif », sur mimj.ca (consulté le )
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