Jésus chez Marthe et Marie

Jésus chez Marthe et Marie est un tableau peint par Pieter Aertsen en 1552. Cette huile sur bois représente Jésus visitant Marthe et Marie, derrière un premier plan encombré de victuailles et d'objets de la vie quotidienne, ce qui en fait un exemple précoce de nature morte inversée. Elle est conservée au Kunsthistorisches Museum, à Vienne.

Description

La scène narrative à l'arrière-plan représente le Christ chez Marthe et Marie[1], plus précisément le moment où le Christ reproche à Marthe de s'affairer aux tâches matérielles comme la préparation du repas, alors que sa sœur a choisi « la meilleure part », c’est-à-dire les nourritures spirituelles ; un extrait de l'Évangile, en néerlandais, « Maria heeft wtuercoren dat beste deel »[2], est peint sur le linteau de la cheminée ; la référence biblique « luk. 10 » est peinte sur un des carreaux du pavement.

Au premier plan, sont représentés des aliments grandeur nature, dont un gigot de taille imposante, du pain, du beurre piqué d'un œillet sur un plateau, divers objets et ustensiles, un vase de fleurs et une bourse posée sur la porte ouverte d'un coffre, tous éléments composant une nature morte[3].

La signature du peintre, un trident, figure sur un morceau de papier, la date : « 1552 25 Julj » est peinte sous le rebord de la fenêtre, en haut à droite[4].

L'interprétation du tableau est que toutes ces nourritures et ces objets ne peuvent rassasier l’esprit ; seule la parole du Christ est nourrissante[5].

Histoire

Le tableau appartient au XVIIe siècle à la collection de l'archiduc Léopold Guillaume d'Autriche ; gouverneur des Pays-Bas de 1646 à 1656, il constitue à Bruxelles l'une des plus grandes collections artistiques de son époque. En 1659, l'archiduc retourne à Vienne avec sa collection dont la plus grande partie est léguée cette collection à son neveu l'empereur Léopold Ier[6]. Ce n'est pas le cas de Jésus chez Marthe et Marie ; en 1930, le tableau appartient à Albert Figdor à Vienne ; il le vend cette année-là par l'intermédiaire de la galerie J. Goudstikker d'Amsterdam au Kunsthistorisches Museum de Vienne[4].

Références

  1. Évangile selon Luc, 10, 38-42
  2. Marie a choisi la meilleure part.
  3. (de) Johannes Rauchenberger, « Schaufensterstücke oder wunderbare Speise: zu einem Bild in Wien von Pieter Aertsen, 200 Jahre vor Kant » dans Dinge, an sich: Ding, Kunst, Kant und Zeitgenossen, Klagenfurt, Wieser Verlag, 2004.
  4. (en) « Pieter Aertsen. Vanitas Still-life with in the background Christ in the House of Martha and Mary », sur rkd.nl (consulté le )
  5. Ralph Dekoninck, « Image du désir et désir de l’image. Ou comment l’image parvient-elle à se nier », dans Paroles, textes et images. Formes et pouvoirs de l’imaginaire, Montréal, Université du Québec; 2008, p. 255-267.
  6. Devenue propriété impériale, elle constitue au XXIe siècle une partie importante des collections du Kunsthistorisches Museum.

Bibliographie

  • (en) Kenneth M. Craig, « Pars Ergo Marthae Transit: Pieter Aertsen's' Inverted'Paintings of Christ in the House of Martha and Mary », dans Oud Holland - Journal for Art of the Low Countries, vol. 97, n° 1, 1983, p. 25-39.
  • Ralph Dekoninck, « Peinture des vanités ou peinture vaniteuse ? L’invention de la nature morte chez Pieter Aertsen », dans Études Épistémè, n° 22, 2012, Lire en ligne.
  • (en) David Ekserdjian, Still life before still life, New Haven, Yale University Press, 2018 (ISBN 978-0-300-190175), p. 124-125.

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