Inondations de 2018 au Japon

Des inondations touchent le Japon début , à la suite de précipitations records dans l'ouest du pays (Shikoku et régions de Chūgoku, Kansai et Chūbu sur Honshū).

Description

Image satellite du typhon Prapiroon le 2 juillet.

Depuis le , des précipitations records amenées par le typhon Prapiroon dissipé le [1] sont enregistrées dans plusieurs préfectures japonaises, principalement celles d'Ehime, Hiroshima, Kyoto, Kōchi, Gifu et Okayama. Les précipitations ont dépassé un mètre en une centaine d'heures dans plusieurs régions, l'agence météorologique du Japon estimant que de tels niveaux ne sont atteints que rarement en plusieurs décennies. Ces précipitations entraînent des crues exceptionnelles, des glissements de terrain et des inondations[2].

Les autorités ordonnent l'évacuation de plus de deux millions de personnes, mais l'instruction n'est pas toujours respectée, les routes étant déjà impraticables[2]. 54 000 pompiers, policiers et militaires ont été dépêchés sur le terrain [3] et plus de 40 hélicoptères sont engagés au dans les opérations de secours[4]. Au , plus de 70 000 personnes sont mobilisés[5].

Selon Takeo Moriwaki, de l'Institut de technologies de Hiroshima, même les experts sont dépassés, car des glissements de terrain se sont produits à des endroits où les risques étaient considérés comme peu probables. L'ampleur du sinistre s'explique aussi par la structure de l'habitat au Japon : les maisons sont en bois, parfois construites à flanc de montagne et donc à la merci des glissements de terrain[6].

Conséquences

Humaines

Le au matin, le bilan officiel fait état de 100 morts selon le Secrétaire général du Cabinet Yoshihide Suga[7] et de dizaines de disparus, alors que la chaîne publique NHK fait état le d'un bilan de 81 morts et 57 disparus[3]. Une centaine d’habitants des régions les plus touchées ont été blessés, d’après l'agence de gestion des incendies et catastrophes naturelles[2]. Au matin du , les autorités annoncent un bilan encore provisoire de 141 morts[5]. Il s'alourdit à 179 morts et 67 disparus le matin du [8], puis à 199 morts le [9]. Trois jours plus tard, le bilan est établi à 212 morts, dont 100 dans la seule préfecture de Hiroshima, le sort de 21 personnes restant incertain[10]. Le , le bilan atteint les 225 morts[11].

Deux millions de personnes devaient être évacuées selon les prévisions au [12], le nombre est monté à cinq millions le . Le , 8 400 sinistrés étaient hébergés dans des refuges des autorités, d'autres ayant été accueillis par des proches[13].

Il s'agit du bilan le plus meurtrier à la suite d'un phénomène météorologique au Japon depuis 1982[14], dépassant les pertes humaines des glissements de terrain d'Hiroshima de 2014[2].

Au , plus de 200 000 foyers sont privés d'eau courante[13].

Économiques

Plusieurs entreprises ont dû suspendre leurs activités temporairement. Mazda a interrompu ses opérations dans deux usines de la zone, les perturbations sur les réseaux de transport ayant bloqué le déplacement de ses ouvriers et empêché les livraisons de pièces détachées. Daihatsu Motor, une filiale de Toyota, a suspendu la production dans quatre usines. L'une des usines de Panasonic dans la préfecture d'Okayama, spécialisée dans la production de caméras professionnelles, a été inondée[15]. Asahi Shuzo, producteur du saké Dassai, a arrêté sa production dans ses deux brasseries de la préfecture de Yamaguchi à la suite d'une panne de courant[16].

Politiques

Le gouvernement est fortement critiqué par l'opposition pour une gestion de crise tardive, la cellule de crise n'ayant été mise en place que le . Le premier ministre japonais Shinzo Abe annule sa visite en Europe pour se rendre sur place le [17]. Il devait notamment être en France pour le défilé militaire du 14 Juillet, et signer l'accord de libre-échange entre le Japon et l'Union européenne à Bruxelles[18], finalement signé à Tokyo.

Polémique

Les experts en gestion des catastrophes pointent du doigt le système d'avertissement japonais. La décision d'émettre ou non des ordres d'évacuation, non contraignants, est confiée à des fonctionnaires locaux n'ayant aucune expérience de gestion des catastrophes. Les autorités locales ont de plus la hantise de dire aux gens de s'en aller pour rien, les poussant à émettre des ordres d'évacuation tardivement[19].

Références

  1. (en) Kristina Pydynowski, « Dozens dead as deadly flooding strikes Japan », sur AccuWeather, (consulté le ).
  2. AFP, « Japon : des pluies torrentielles font des dizaines de morts », Le Monde, (consulté le ).
  3. AFP, Reuters, « Intempéries au Japon : le nombre de victimes ne cesse d'augmenter », Le Figaro, (consulté le ).
  4. (en) Haruka Nuga et Yuri Kageyama, « Death toll climbs to 76 as heavy rains hammer southern Japan », (consulté le ).
  5. (en) « Japan floods: 141 killed after torrential rain and landslides », BBC News, (consulté en ).
  6. « Intempéries au Japon : au moins 100 morts, le premier ministre Abe annule ses voyages », Le Monde, (consulté le ).
  7. AFP, « Intempéries au Japon : au moins 100 morts, difficiles opérations de secours », Libération, (consulté le ).
  8. (en) « Toll in Japan flood disaster rises to 179: Government », sur www.channelnewsasia.com, (consulté le ).
  9. AFP, « Inondations au Japon : un bilan de 199 morts », Le Monde, (consulté le ).
  10. (ja) Tsuchida Akihiko, Matsumoto Mitsuki et Takeda Shinki, « 西日本豪雨:死者212人不明21人 熱中症で搬送相次ぐ » Dans l'Ouest du Japon, une vague de chaleur fait suite à des pluies torrentielles qui ont entraîné la mort de 212 personnes (le sort de 21 autres reste incertain) »], Mainichi Shinbun, (consulté le ).
  11. (ja) « 死者225人と警察庁発表 4千人超が避難続ける », sur Sankei Shinbun, (consulté le ).
  12. « Japon. 81 morts et près de 60 disparus dans les inondations », Ouest-France, (consulté le ).
  13. AFP, « Au Japon, le bilan officiel provisoire des intempéries monte à 156 morts », Le Monde, (consulté le ).
  14. « Désastre au Japon : au moins 179 morts, le Premier ministre auprès des sinistrés< », Le Parisien, (consulté le ).
  15. Yann Rousseau, « Inondations au Japon : Shinzo Abe repousse sa tournée en Europe », La Tribune, (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Shusuke Murai, « Operations suspended at automakers and other firms across western Japan after torrential rain », The Japan Times, (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Au Japon, le bilan des intempéries avoisine désormais les 200 morts », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  18. Régis Arnaud, « Le premier ministre japonais annule sa visite en Europe à cause de pluies meurtrières », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  19. « Au Japon, le bilan des intempéries avoisine désormais les 200 morts », sur LeFigaro.fr, (consulté le ).
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