Infirmier anesthésiste en France
En France, un infirmier anesthésiste diplômé d'État (IADE) est un infirmier praticien et clinicien spécialisé en anesthésie, réanimation, soins d'urgence et prise en charge de la douleur, garant de la sécurité du patient pendant l'acte opératoire, ainsi que dans des services spécifiques, tels que le service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR) ou les services de réanimation.
Définition
L'infirmier-anesthésiste diplômé d'État (IADE) a un niveau de compétences professionnelles clinique, technique et de soins approfondies. Son expertise couvre les domaines de l'anesthésie, de la réanimation, des urgences intra et extra-hospitalières et de la prise en charge de la douleur. Il accomplit des soins relevant de son rôle propre et de son rôle en collaboration avec les médecins anesthésistes-réanimateurs.L’IADE est seul habilité à pratiquer l’anesthésie et la réanimation per-opératoire en autonomie dans un cadre défini. L’IADE doit composer prioritairement les équipes de service mobile d’urgence et de Réanimation (SMUR). En plus de son exclusivité dans le cadre d’une procédure d’anesthésie, l’IADE est seul habilité à réaliser les transports infirmiers inter hospitaliers de patients réanimatoires (intubés, ventilés et/ou sédatés.)
Historique[1]
En 1960, la spécialité d’infirmier anesthésiste était sanctionnée par un certificat d’aptitude aux fonctions d’aide anesthésiste d’une durée de 18 mois, avant de passer à deux années en 1972. Il est ensuite devenu un infirmier spécialisé en anesthésie et réanimation (ISAR). Finalement, la formation a débouché sur un diplôme d’État, avec la dénomination IADE (infirmier anesthésiste diplômé d'État). Le diplôme d’État d'infirmier anesthésiste confère le grade de master depuis .
- 1947 : les premiers enseignements officiels de l'anesthésie sont dispensés en France, à Paris. Cet enseignement est commun aux médecins et aux infirmiers
- 1949 : un enseignement particulier est délivré aux infirmiers. Cette formation est alors sanctionnée par une attestation de fin d'étude
- 1960 : création d'un certificat d'aptitude aux fonctions d'aide anesthésiste sanctionnant une formation de 18 mois
- 1962 : reconnaissance de cette formation comme spécialité
- 1972 : augmentation de la durée de la formation à 24 mois, prérequis de 3 années d'exercice antérieur
- 1988 : création du certificat d'aptitude aux fonctions d'infirmier spécialisé en anesthésie réanimation (CAFISAR)
- 1991 : création du diplôme d'État d'infirmier anesthésiste et création du corps des IADE
- 2002 : publication de l'arrêté relatif à la formation conduisant au diplôme d'État d'infirmier anesthésiste
- 2012 : refonte de la formation sur une maquette universitaire et publication d'un nouvel arrêté de formation
- 2014 : attribution du grade de Master au diplôme d’État d'infirmier anesthésiste
Formation
Les études sont d'une durée de vingt-quatre mois, organisées en quatre semestres universitaires, à temps plein. Elles comportent, répartis sur l'ensemble de la scolarité, des enseignements théoriques fondamentaux et cliniques, et des enseignements pratiques, répartis en unités d'enseignement[2].
Pour être admis à suivre l'enseignement sanctionné par le diplôme d’état d'infirmier anesthésiste, les candidats doivent :
- être titulaires du diplôme d’État d'infirmier (certificat ou autre titre mentionné à l'article L. 4311-3 ou à l'article L. 4311-12 du code de la santé publique leur permettant d'exercer sans limitation la profession d'infirmier) ;
- justifier de deux années minimum d'exercice, en équivalent temps plein de la profession d'infirmier au 1er janvier de l'année du concours ;
- avoir subi avec succès les épreuves d'admission[3] à la formation préparant au diplôme d’État d'infirmier anesthésiste, organisées par chaque école[4] ;
- avoir acquitté les droits d'inscription (sauf dans les centres d'instruction relevant du ministère de la Défense) ;
- avoir souscrit par convention l'engagement d'acquitter les frais de scolarité fixés par le conseil d'administration de l'organisme gestionnaire (sauf dans les centres d'instruction relevant du ministère de la Défense).
Concours d'entrée
Les épreuves de sélection comprennent :
- une épreuve écrite et anonyme d'admissibilité de deux heures permettant d'évaluer les connaissances professionnelles et scientifiques du candidat en référence au programme de formation du diplôme d'État d'infirmier ainsi que ses capacités rédactionnelles. Sont déclarés admissibles les candidats ayant obtenu à l'épreuve une note supérieure ou égale à la moyenne ;
- une épreuve orale d'admission permettant d'apprécier les capacités du candidat :
- à décliner un raisonnement clinique et à gérer une situation de soins,
- à analyser les compétences développées au cours de son expérience professionnelle,
- à exposer son projet professionnel,
- à suivre la formation.
Cette épreuve consiste en un exposé discussion avec le jury, précédée d'une préparation de durée identique pour tous les candidats. Une note au moins égale à la moyenne est exigée.
Admissions « passerelles »
Peuvent être admis en formation dans la limite de 5 % de la capacité d'accueil de l'école :
- les titulaires du diplôme d’État de sage-femme[5] ;
- les étudiants ayant validé la troisième année du deuxième cycle des études médicales ;
- les titulaires d'un diplôme d’État d'infirmier et d'un diplôme reconnu au grade de Master.
Ces candidats sont dispensés des épreuves d'admission. Ils sont sélectionnés sur dossier et entretien par le jury d'admission.
Ils peuvent être dispensés de la validation d'une partie des unités d'enseignement par le directeur de l'école, après avis du conseil pédagogique. Ces dispenses sont accordées après comparaison entre la formation suivie par les candidats et les unités d'enseignement du diplôme d’État d'infirmier anesthésiste. Des compléments de formation peuvent être proposés par le directeur de l'école après avis du conseil pédagogique en fonction du cursus antérieur du candidat.
Diplôme d’État d'infirmier anesthésiste
Le diplôme d’État d'infirmier anesthésiste s'acquiert par l'obtention des 120 crédits européens correspondant à l'acquisition des 7 compétences du référentiel : 60 crédits européens pour les unités d'enseignement et 60 crédits européens pour la formation pratique en stage[2].
Chaque compétence s'obtient de façon cumulée :
- par la validation de la totalité des unités d'enseignement en relation avec la compétence ;
- par l'acquisition de l'ensemble des éléments de la compétence évalués lors des stages.
La validation des unités d'enseignement est attestée par un jury semestriel. Chaque semestre, le responsable pédagogique et le formateur responsable du suivi pédagogique présentent au jury semestriel les résultats des étudiants afin que celui-ci se prononce sur l'attribution des crédits européens et sur la poursuite du parcours de l'étudiant. Lors du dernier semestre, les résultats sont présentés au jury semestriel, lequel décide de présenter ou non l'étudiant infirmier anesthésiste devant le jury d'attribution du diplôme d’État.
Le grade de Master est conféré au diplôme d'état d'infirmier anesthésiste depuis
Exercice[6]
Compétences
La compétence des infirmiers anesthésistes est définie par des textes réglementaires[7]. Elle procède de son statut d’infirmier diplômé d’État, de l’application des connaissances acquises au cours des formations initiale et continue et de l’expérience résultant de l’exercice professionnel.
L'infirmier anesthésiste dispose de compétences dans le domaine de l’anesthésie-réanimation qui lui permettent de pratiquer l’anesthésie selon une stratégie établie par le médecin anesthésiste-réanimateur avec le patient lors de la consultation d’anesthésie. Dans ce cadre défini, il est habilité à induire, conduire et réverser l’anesthésie des patients qui lui sont confiés. La Réanimation per-opératoire en autonomie consiste au maintien de l’homéostasie, la suppléance des fonctions vitales.
Il peut participer à la prise en charge de tout patient en situation de détresse et particulièrement dans le cadre de l'urgence extra-hospitalière et lors des transports médicalisés. L’IADE est prioritaire pour la composition des équipes SMUR et possède une exclusivité d’exercice pour la réalisation en autonomie des transports Infirmiers inter hospitaliers des patients réanimatoires (intubés et/ou sédatés).
Il a, du fait de ses connaissances, la compétence pour participer à l'éducation du patient et de sa famille et contribuer à la formation des soignants de sa spécialité et autres, notamment au CESU (centre d'enseignement des soins d'urgence) où il peut exercer en tant qu'enseignant.
Secteurs d'activités
En anesthésie
L’approche systémique de l’anesthésie en fait un processus complexe qui commence à la consultation d’anesthésie et se termine à la sortie de la salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI). Le rôle de l’infirmier anesthésiste comporte plusieurs fonctions et activités.
Activité de soins en anesthésie
La composition de l’équipe d’anesthésie, son importance numérique, la répartition des rôles, la plus ou moins grande autonomie de l’infirmier anesthésiste dans le déroulement de l’acte est déterminée par le niveau de complexité de l’intervention projetée, le degré de gravité de la pathologie et l’état antérieur du patient. Toutes ces données sont évaluées par le médecin anesthésiste-réanimateur au cours de la consultation d’anesthésie et mentionnée par lui dans le dossier d'anesthésie du patient.
Préparation du site d’anesthésie
L’infirmier anesthésiste prépare le site d’anesthésie dont il est responsable. Il remplit le registre de traçabilité. Il prépare les médicaments nécessaires à l’anesthésie en fonction de l’acte chirurgical et de l’évaluation de l’état du patient faite par le médecin lors de la consultation d’anesthésie.
Accueil du patient
L’infirmier anesthésiste accueille le patient à son arrivée au bloc opératoire ou en site d’investigation. Il lui permet d’exprimer ses besoins fondamentaux. Il l’informe sur ses actions. Il répond à ses interrogations et favorise une moindre angoisse. Il veille au confort physique et psychologique du patient. L’infirmier anesthésiste respecte les procédures de contrôle de l’identité du patient et de la concordance avec les éléments du dossier en vigueur dans le service. Il pratique ensuite l’anesthésie (induction, entretien, réversion)au regard de l’ensemble de ces éléments et de la stratégie anesthésique déterminée par le médecin anesthésiste avec le patient.Il procède à l’évaluation des éléments cliniques et techniques pour la mise en œuvre de sa mission, si l’état du patient a évolué depuis l’examen médical et si cela est le cas, il en réfère au médecin anesthésiste réanimateur.
Période anesthésique
L’infirmier anesthésiste peut, à condition qu'un médecin anesthésiste-réanimateur puisse intervenir à tout moment, procéder à l’induction d’une anesthésie générale, en assurer la surveillance et l’entretien et le prévenir de la survenue de toute anomalie. Quelles que soient les circonstances, il doit porter assistance à personne en danger, sans s'exposer inutilement.
Anesthésies locorégionales
L’infirmier anesthésiste participe à la réalisation des anesthésies locorégionales. Il possède la connaissance du matériel, de la pharmacologie des produits utilisés, de la surveillance, du dépistage et du traitement des complications éventuelles et ceci quelle que soit la technique. Il est habilité à pratiquer les réinjections dans les différents dispositifs. L’infirmier anesthésiste peut, à l’initiative exclusive du médecin anesthésiste-réanimateur et à condition que celui-ci puisse intervenir à tout moment, pratiquer une anesthésie locorégionale. Il doit en avoir auparavant validé la pratique et en posséder la maîtrise.
Analgésie obstétricale
L’infirmier anesthésiste assure la surveillance et l’entretien de l’analgésie obstétricale en salle de naissance. Après que le médecin anesthésiste réanimateur a posé l’indication et mis en place le dispositif, l’infirmier anesthésiste est le seul infirmier habilité à en assurer la surveillance et la continuité.
Règles générales
L’anesthésie implique la présence continue auprès du patient de l’infirmier anesthésiste qui y participe. Il contrôle les réponses physiologiques et éventuellement psychologiques, interprète et utilise les données obtenues par les systèmes de surveillance invasifs et non invasifs. Il opère les corrections pour maintenir ou améliorer l’état physiologique du patient. Il enregistre immédiatement et de manière précise toute information pertinente sur la feuille de suivi du patient. L’infirmier anesthésiste à la fin de l’intervention informe le médecin anesthésiste réanimateur de l’état du patient. Il apprécie l’état physiologique et éventuellement psychologique du patient et transmet l’ensemble des données au personnel approprié en salle de surveillance post-interventionnelle.
En salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI)
Il assure en SSPI les actes relevant des techniques d’anesthésie. La présence d’au moins un infirmier anesthésiste par SSPI est souhaitable. L’infirmier anesthésiste qui accompagne le malade venant du bloc opératoire ou de la salle d’investigation s’assure d’un relais à compétence appropriée à l’état du patient. L’infirmier anesthésiste de bloc accompagnant le patient fait une transmission détaillée à un(e) infirmier(e) spécialisé(e) ou pas, il participe à l’installation du malade et contrôle avant son départ ses paramètres respiratoires et hémodynamiques, son état de conscience et son niveau de douleur.
L’infirmier anesthésiste de SSPI doit être exclusivement affecté à ce site et ne le quitter que si une personne de compétence identique le remplace. En tant qu'infirmier responsable de soins généraux, il doit assurer l'ensemble des soins requis par les patients. En l’absence de médecin anesthésiste-réanimateur permanent de SSPI, l’infirmier anesthésiste fait appel, en cas de survenue d’anomalie, de préférence au médecin anesthésiste-réanimateur responsable de l’anesthésie.
Face à une urgence vitale, l’infirmier anesthésiste est tenu de mettre en œuvre sans attendre les gestes d’urgence et de survie relevant de sa compétence. Il contribue à l’élaboration de protocoles couvrant ces situations. Il rédige un compte rendu de son intervention destiné au cadre d’anesthésie et au chef de service, et tient informés les médecins de l’unité.
En services d'urgence médicale (SMUR / SSSM / SAU)
De par sa formation théorique et pratique, l’infirmier anesthésiste acquiert les connaissances et la maîtrise des gestes d’urgence et de réanimation. Il participe à l’accueil hospitalier des urgences en assurant des permanences sur place ou par astreintes à domicile.
En SMUR (Service mobile d'urgence et de réanimation), l’infirmier anesthésiste assure la maintenance, l’opérationnalité des matériels et la qualité de l’équipement de l’ambulance. Il accomplit, sous la responsabilité du médecin responsable de l’intervention, les soins et les techniques de réanimation et la mise en condition du patient. Il assure la surveillance pendant le transport. Ses connaissances des techniques d’anesthésie lui permettent de participer à la prise en charge des patients sédatés. Il participe à la liaison avec la régulation du SAMU (Service d'Aide Médicale d'Urgence). Il participe aux plans de secours en cas de catastrophe dans ou hors de son district d’affectation et éventuellement à l’étranger.
Il est à noter que l'article R.4311-12 du Décret n° 2004-802 du relatif aux parties IV et V (dispositions réglementaires) du code de la santé publique et modifiant certaines dispositions de ce code, stipule que « Les transports sanitaires mentionnés à l'article R. 4311-10 sont réalisés en priorité par l'infirmier ou l'infirmière anesthésiste diplômé d’État.»
En réanimation
Certains services de réanimation comptent parmi leur effectif un infirmier anesthésiste. L’infirmier anesthésiste apporte un complément de compétence et peut répondre aux situations d'urgence. Il occupe une fonction de référent pour les soins avancés. Il contribue à la formation des personnels soignants. Il initie l'élaboration de protocoles, de référentiels de soins. Il développe des procédures d'assurance qualité. Il est habilité à assurer le transport intra-hospitalier des malades présentant de lourdes pathologies.
Notes et références
- (en) « Historique des IADE », sur Syndicat National des Infirmiers Anesthesistes (SNIA) (consulté le )
- (en) « referentiel de formation », sur Syndicat National des Infirmiers Anesthesistes (SNIA) (consulté le )
- « Concours IADE - conseils, dates de concours infirmier anesthésiste », sur Infirmiers.com (consulté le )
- « France - Dates concours IADE et liste des établissements », sur Infirmiers.com (consulté le )
- Arrêté du 11 mars 2013 relatif au régime des études en vue du diplôme d'Etat de sage-femme (lire en ligne)
- « Référentiel d'activités IADE », sur http://www.snia.net, (consulté le )
- Article R.4311-12 du Décret no 2004-802 du 29 juillet 2004 relatif aux parties IV et V (dispositions règlementaires) du code de la santé publique, publié au J.O no 183 du 8 août 2004 page 37087 texte no 37086
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004 relatif aux parties IV et V (dispositions règlementaires) du code de la santé publique
- Arrêté du 23 juillet 2012 relatif à la formation conduisant au diplôme d’État d’infirmier anesthésiste
- Site internet du syndicat national des infirmiers anesthésistes (S.N.I.A)
- Site internet du Comité d'Entente des Écoles d'Infirmiers Anesthésistes Diplômés d'État (C.E.E.I.A.D.E.)
- Site internet de la Société Française des Infirmiers Anesthésistes (SOFIA)
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