Incendies de végétation en Australie

Les incendies de végétation sont fréquents en Australie. Ces feux qui détruisent des forêts ou des zones de brousse constituent un fait inhérent au territoire ; ils sont issus de causes naturelles telles que la foudre ou la sécheresse[1] ou résultent de l'activité humaine, le feu étant utilisé de façon ancestrale par les aborigènes depuis quelque 40 000 ans comme outil de gestion des terres[2] appelé écobuage. Ces feux semblent désormais, intentionnellement ou non, déclenchés par l'homme et son activité[3]. La saison des feux s'étend de juillet à octobre au nord du continent et de janvier à mars au sud.

Vue de la ville de Swifts Creek lors des incendies de végétation australiens de 2006-2007 (en).
Abords de la Big River (en), après les incendies de végétation dans les Alpes victoriennes (en) de 2003.

En 2020, l’Australie n’a toujours pas de registre ni système national de surveillance des incendies adapté (c’est-à-dire offrant des informations précises en temps réel sur l’étendue et l’intensité des feux de brousse)[4] ; les Agences et les gouvernantes des États et des territoires ont des méthodes différentes de suivi des impacts écologiques des feux, mais aussi de leur répartition des animaux, des causes des incendies et les types de végétation de manière disparate (pas de gestion à l’échelle du continent)[4]. Dans le passé, ceci semblait convenir, mais en 2019, après trois ans de sécheresses et de canicules (incluant 3 trois hivers anormalement secs)[5], les australiens ont vu se réaliser un scénario correspondant aux prévisions les plus pessimistes des climatologues[6],[7] (et considérées comme clairement anthropique par un nombre croissant d’experts[8],[9]), les feux de la saison 2019-2020 ont traversé plusieurs frontières d’Etats, avec des intensités et durées jusqu’alors inconnues des populations et des gestionnaires d’incendie[10].

Facteurs prédominants

L'éclosion de foyers est favorisée quand il y a combinaison persistante d'une extrême sécheresse, d'une humidité inférieure à 10 % et de forts vents du nord-ouest ; tous trois sont monnaie courante en Australie. De plus il a été observé depuis l'époque aborigène, que trois espèces de rapaces australiens, le milan noir, le milan siffleur et le faucon bérigora, adoptent un comportement pyromane en emportant des brindilles enflammées pour diffuser le feu dans les zones encore intactes[11],[12],[13] et d'attirer leurs proies.

La plupart de ces foyers sont rapidement maîtrisés ; seule une faible proportion se transforme en méga-incendie d'ampleur nationale. Ces méga-incendies sont hors de contrôle et ne s'arrêtent qu'à la faveur du changement de saison ou par manque de combustible. Le phénomène est tel que le terme « saison des feux » est communément utilisé sur le continent[14].

Méga-feux

Ils sont définis par leurs impacts sociaux, économiques et environnementaux, et touchent particulièrement l'Australie en raison notamment de ses climats chauds et secs.

Les grands incendies de brousse sont régulièrement responsables de pertes humaines, faunistiques, floristiques et économiques.

Par convention ces feux meurtriers sont ainsi nommés d'après le jour de la semaine où ils ont débuté, comme l'incendies du Mercredi des Cendres de 1983 ou les feux de végétation du Samedi noir. Certains d'entre eux se produisent lors de sécheresses ou de canicules, comme celui de 2009 (en), qui a fortement contribué à la force du feu du Samedi noir. Au cours des dernières décennies, les principaux incendies de végétation ont été les incendies du Mercredi des Cendres de 1983, l'incendie du Samedi noir (2009), les incendies de végétation dans les Alpes victoriennes (en) (2003), les incendies de végétation de et les feux de brousse de 2019-2020.

Impacts environnementaux et sociétaux

Lors des méga-feux, ce sont des centaines d'hectares de parcs nationaux ou de plantations dirigées qui s'envolent en fumée en quelques heures seulement, réduisant à néant le biotope et entraînant par conséquent un appauvrissement de la biodiversité animale et végétale.

La faune forestière subit une forte mortalité et celle qui survit perd son territoire, son habitat et tout l'écosystème qui régissait sa présence. Une partie de cet écosystème s'est adaptée au régime spécifique des feux, telle des coléoptères d'Australie qui y survivent très bien. La flore peut également, à l'image de la flore de type méditerranéenne, se servir de l'incendie pour recoloniser l'espace brûlé. L'acacia s'est ainsi adapté et se sert de la chaleur fournie pour faire germer sa graine[2].Mais leur extension sera limitée par l'apparition d'espèces invasives. De plus la disparition de la micro faune est désastreuse pour l'avenir de ces végétaux. Dans les forêts qui jouxtent les espaces brûlés, la forte température et les fumées causent des problèmes de photosynthèse et de toxicité pour les animaux. La disparition de l'eau est un autre facteur désastreux qui peut faire mourir des millions d'animaux. Mais la pire des conséquences est la réaction en chaîne qui s'installe lorsque les arbres détruits par le feu s'effondrent. En effet, cette chute ouvre certaines parties de la forêt aux rayons brûlants du soleil qui assèchent la végétation et provoquent une accumulation trop importante de combustibles ce qui, par la suite, provoque un fort risque d'incendie. De plus, l'énorme quantité de dioxyde de carbone dégagée lors de la combustion participe encore un peu plus au réchauffement climatique[15].

Les feux ont des conséquences multiples sur la société. L'immensité du territoire australien permet à de nombreux feux d'avoir un caractère peu létal pour l'homme. Le feu a davantage de conséquences sanitaires, écologiques, psychologiques, matérielles et économiques. Outre les indemnités gouvernementales et le coût assuranciel, les feux impactent la filière bois-papier/cellulose. Les plantations (d'eucalyptus, surtout) subissent les mêmes dommages qu'en Méditerranée à ceci près que les espèces cultivées en Australie ne sont pas adaptées au feu. [15].

Prévention et politique de lutte contre l'incendie

L'Australie a mis en place des programmes de gestion des feux en quatre phases : 1/ Aménagement des terres par brûlage dirigé et installation de coupe-feux 2/ Gestion des bâtiments par l'adaptation des stratégies urbaines 3/ Sensibilisation de la communauté par l'édition de brochures informatives 4/ Avertissement de danger du feu par la création d'un système d'évaluation du danger et des risques[1].

A des fins de coordination interservices[1], le gouvernement a mis en place des bureaux d'étude et d'archivage de ces méga-feux afin d'en tirer le plus de leçons possible et améliorer les méthodes d'intervention[16]. L'étude de ces feux a un caractère internationale par le biais d'organismes tels que la FAO, le PNUE, l'OMS ou encore l'OMM[17].

Il existe notamment un désaccord concernant les eaux qui doivent être utilisées pour éteindre les feux : eau douce ou eau de mer, cette dernière étant plus disponible mais pouvant affecter l'environnement en raison de la présence de sel élevée qu'elle contient (le Chlore du sel réagit chimiquement avec la matière organique en train de brûler pour produire des dioxines). Ainsi, les Verts ne veulent pas que soit utilisée de l’eau de mer pour arroser, mais de l’eau douce pour protéger l’environnement, ce qui pose problème puisque les pompiers manquent d’eau douce. »[18].

Principaux incendies de végétation en Australie

Depuis 1851, les incendies de végétation en Australie ont fait environ 800 morts et des dégâts estimés à 1,6 milliard de dollars australiens[19]. En termes de coûts, ils arrivent en cinquième position après les sécheresses, les tempêtes, la grêle et les cyclones tropicaux[20].

Au vu de l’analyse des 19 années données satellitaires (disponible début aout 2020) : les «feux extrêmes» de 2019-2020 ont, en termes de surface concernées, touchés 24% moins de surface de terrain que selon les premières évaluations faites par l’Etat central australien (Cf. Tâches imbrûlées dans les périmètres d’incendies), mais néanmoins, pour le biome tempéré des eucalyptus « rien de semblable n'a été observé depuis au moins le milieu du XIXe siècle », éclipsant même pour le sud de l'Australie et la Tasmanie « les pires scénarios conçus pour préparer les agences et les communautés » selon David Bowman & al. [4]

Barème et avertissements sur les risques d’incendie

En 2009, un standard d'évaluation des dangers d'incendie : Fire Danger Rating (FDR) a été adopté par tous les États australiens. Pendant la saison des incendies le Bureau of Meteorology (BOM) fournit des prévisions météorologiques pour les risques d'incendies et en considérant les conditions à venir, notamment la température, l'humidité relative, la vitesse du vent et la sécheresse de la végétation, et les autorités déterminent les dangers relatifs au feu en donnant une note quotidienne appropriée, qui fait office de barème. Cette note se trouve à l'entrée des parcs nationaux et sur les routes.

Classement des risques[21],[22]
Catégorie Index danger feu
Catastrophique / Alerte rouge Forêt 100+ Brousse 150+
Extrême Forêt 75–100 Brousse 100–150
Sévère Forêt 50–75 Brousse 50–100
Très haut 25–50
Haut 12–25
Bas à modéré 0–12

Liste des incendies de végétation majeurs

Tableau des principaux incendies de végétation en Australie (par ordre chronologique)
Feu Lieu Superficie brûlée
(1 ha ≈ 2,5 acres)
Date Morts Propriétés endommagées
Jeudi noir (en)Victoria≈ 5 millions d'hectares (ha)~12environ 1 million de moutons et des milliers de têtes de bétail[23],[24].
Mardi rouge (en)Victoria260 000 ha122 000 édifices[24].
Incendies de végétation de 1926 (en)Victoriajanvier - 601 000[25],[26].
Vendredi noir (en)Victoria2 millions ha, avec un maximum le 713 700
Incendies de végétation de 1944 (en)Victoria~1 million ha au 15–20environ 500 maisons[24].
Incendies de végétation de 1951-1952VictoriaÉté 1951–1952au moins 10[27]
Dimanche noir (en)Australie-Méridionale2
Incendies de végétation de 1961 en Australie-Occidentale (en)Australie-Occidentale1 800 000 hajanvier-0160 maisons[28].
Incendies de végétation de 1962Victoria14–32450 maisons[25].
Incendie de végétation de Chatsbury (en)Nouvelle-Galles du Sud5–359 maisons.
Feux de Tasmanie de 1967 (en)Tasmanie~264 000 ha621 293 maisons[24].
Incendies de forêt des Monts DandenongVictoria1 920 ha53 maisons et 10 autres bâtiments.
Incendie de végétation de 1969Victoria23230 maisons[25].
Feux de brousse de 1974-1975Australie117 000 000 haété 1974-19753[29],[30]
Incendies de végétation des districts ouestVictoria103 000 ha4116 maisons et 340 bâtiments.
Incendies de végétation d'Australie-Occidentale de 1978Australie-Occidentale114 000 ha26 bâtiments.
Incendie de végétation de Sydney de 1979Sydney et environs528 maisons détruites et 20 endommagées[31].
Incendie de végétation de 1980 à WaterfallWaterfall (en), Nouvelle-Galles du Sud>1 million ha5 pompiers14 maisons[32].
Incendies du Mercredi des Cendres de 1983Australie-Méridionale et Victoria418 000 ha75environ 2 400 maisons.
Incendie de végétation du Central VictoriaVictoria50 800 ha3plus de 180 maisons.
Feux de 1994 de la côte Est (en)Nouvelle-Galles du Sud400 000 ha[33]4225 maisons.
Incendie de végétation de WoorolooAustralie-Occidentale10 500 ha016 maisons, centre pénitentiaire.
Incendie de forêt de DandenongsVictoria400341 maisons[34].
Incendie de végétation de LithgowNouvelle-Galles du Sud2[34]
Feux de forêt de Perth et de la région du Sud-OuestAustralie-Occidentale23 000 ha2 (21 blessés)1 maison.
Feux de végétation de Linton (en)Victoria5
Noël noir (en)Nouvelle-Galles du Sud300 000 ha0121 maisons.
Feux de végétation de 2003 à Canberra (en)Canberra160 000 ha[24]18–4presque 500 maisons[34].
Incendies alpins de végétation de l'Est du Victoria (en)Victoriaplus de 1,3 million ha341 maisons.
Incendie de TenterdenAustralie-Occidentale20 000 ha2Cultures, propriétés et bétail.
Feux de végétation de la péninsule Eyre (en)Australie-Méridionale145 000 ha10–993 maisons
Incendies de végétation de 2006 sur la côte centraleCentral Coast, Nouvelle-Galles du SudJour de l'an 2006
Jail Break Inn fire (en)Junee, Nouvelle-Galles du Sud30 000 ha[35]Jour de l'an 20060environ 20 000 têtes de bétail, 7 maisons, 7 moissonneuse-batteuses et quatre cabanons. Environ 1 500 km de clôtures endommagées[36].
Incendies de végétation de 2005 à VictoriaVictoria160 000 ha457 maisons, 359 bâtiments agricoles[37].
Incendies de végétation du mont Lubra (en)Victoria184 0002
Incendie de végétation de Pulletop (en)Wagga Wagga, Nouvelle-Galles du Sud9 00002 500 moutons et 6 têtes de bétail, 3 véhicules, 2 bâtiments, environ 50 km de clôtures.
Incendie de la Great DividesVictoria1 048 000 ha151 maisons
Incendies de végétation australiens de 2006-2007 (en)
Feu de forêt de DwellingupAustralie-Occidentale12 000 ha016
Incendie de végétation de Kangaroo Island (en)Australie-Méridionale95 000 ha6 au 1
Parc national Boorabbin (en)Australie-Occidentale40 000 ha3Lignes à haute tension, fermeture de la Great Eastern Highway pendant 2 semaines.
Incendies de végétation du Victoria de 2009Victoriaplus de 450 000 ha173[38]plus de 2 029 maisons et 2 000 autres structures.
Incendie de végétation de ToodyayAustralie-Occidentaleplus de 3 000 ha038
Incendie de végétation du Lake CliftonAustralie-Occidentaleplus de 2 000 ha010 maisons.
Feu de forêt de Roleystone KelmscottAustralie-Occidentaleplus de 1 500 ha6 au 072 maisons détruites, 32 endommagées. Effondrement du pont de Buckingham sur la Brookton Highway (en).
Feu de broussailles et forêts de Margaret RiverAustralie-Occidentale4 000 ha034 maisons détruites, comprenant la Wallcliffe House (en)[39].
Feux de savanne de CarnarvonAustralie-Occidentaleplus de 800 000 ha - 011 baux pastoraux (clôtures, irrigation, points d'eau, fourrage).
Incendies de végétation de Tasmanie en 2013 (en)Tasmanieplus de 20 000 ha1Au moins 170 bâtiments.
Incendie de végétation de WarrumbungleNouvelle-Galles du Sud54 000 ha0Au moins 53 maisons, 118 hangars, du bétail et de la machinerie agricole[40].
Feux de brousse de 2013 en Nouvelle-Galles du SudNouvelle-Galles du Sudplus de 100 000 ha - 1 (infarctus)au moins 248 édifices[41], 109 endommagés à Springwood, Winmalee et Yellow Rock (Nouvelle-Galles du Sud, Blue Mountains) (en)[42],[43].
Incendie de végétation de Sampson Flat (en)Australie-Méridionale20 000 ha - 027 maisons, 140 dépendances
Feu de forêt de O'Sullivan de 2015 à NorthcliffeAustralie-Occidentale98 923 ha - fin 02 habitations, 5 abris agricoles et des milliers d'hectares de forêt de production (karri et jarrah) ou de parcs nationaux.
Feu de forêt de Lower Hotham de 2015 à BoddingtonAustralie-Occidentale52 373 ha01 habitation, 1 hangar agricole, 1 pont et des milliers d'hectares de forêt de production (jarrah) ou de parcs nationaux
Feux de broussailles de 2015 à EsperanceAustralie-OccidentalePlus de 200 000 haOctobre - 4Une dizaine d'habitations et de bâtiments communaux (Scaddan), 15 000 têtes de bétail, 5 réserves naturelles et une grande partie du parc national de Cap Aride.
Perth Hills bushfire complex - Solus GroupAustralie-Occidentale10 016 ha15 au 0Forêt de production de jarrah et parc naturel.
Incendie de la Pinède (en)Australie-MéridionalePlus de 85 000 ha - 2470+ bâtiments
Feu de forêt de Murray Road de 2016 à Waroona et Harvey[44]Australie-Occidentale69 165 ha2181 habitations et des milliers d'hectares de réserve (Lane Poole) et de forêt de production (jarrah).
Feux de brousse de 2019-2020Australie
Nouvelle-Galles du Sud
20 000 000 ha - 332 500 bâtiments ont été touchés, dont 1 300 habitations, et plus d'un milliard d'animaux ont péri.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bushfires in Australia » (voir la liste des auteurs).
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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