Iambe
En poésie, l’iambe, ou ïambe est un pied composé d’une syllabe brève suivie d’une longue : en scansion, il est donc noté ˘ ¯.
Dans les formes de poésie scandée, comme en grec ou en latin, le pied ne correspond pas habituellement à une syllabe : il est plutôt une unité rythmique, comme le temps en musique. Il peut alors se composer de deux syllabes, une courte suivie d’une longue (ïambe), une longue suivie d’une courte (trochée), voire une longue suivie de deux courtes (dactyle), deux longues (spondée), etc.
En français, l’ïambe est plus difficile à illustrer, car le pied correspond à la syllabe et les syllabes sont assez homogènes (diphtongues brèves, plus de distinction claire entre syllabe brève et longue, peu d'accentuation). L'exemple le plus familier où le pied ne correspond pas à la syllabe est celui du e muet à la fin d'un mot : un pied peut alors être constitué de deux syllabes, ici une longue et une courte (trochée). Si l'on prononce le mot « pieuse » sur un pied de deux syllabes (diérèse), on s'approche d'un ïambe, la première partie ("pi") étant brève et la seconde ("euse") plus longue. Mais une plus claire illustration est encore le mot "ïambe" lui-même, constitué d'une syllabe courte, "i", suivie d'une longue, "ambe".
Dans la poésie française, on n'utilise guère le terme qu'au pluriel, pour désigner des pièces lyriques.
L'anglais utilise fréquemment diphtongues et même triphtongues, distingue clairement syllabes longues et brèves, ainsi que syllabes accentuées ou atones. Les pieds ne correspondent donc pas à une syllabe unique, et la métrique anglaise est très différente de la française. L'accentuation des syllabes est même plus importante que leur longueur, et l’ïambe anglais est constitué d'une syllabe atone suivie d'une accentuée (ceci correspondant souvent, mais pas toujours, à la longueur des syllabes). Voici sans doute l'exemple le plus connu de pentamètre iambique :
- "A horse! A horse! My kingdom for a horse!" (William Shakespeare, Richard III)
L'iambe est depuis son origine associé à la raillerie[1].
Origine
Il trouve son origine dans la poésie grecque antique, où il est le pied de base du trimètre iambique : ce vers, composé de trois paires d’iambes, est souvent employé dans les dialogues des tragédies et des comédies. Dans la poésie latine, le vers correspondant est le sénaire iambique.
Étymologie
Ce mot est issu du grec ἴαμϐος / ḯambos.
L’iambe, ou ïambe
L’iambe, ou ïambe ([jɑ̃b]); les deux orthographes cohabitent[2].
Mètres iambiques
Monomètre iambique
Le monomètre iambique est composé de deux iambes :
˘ - ˘ -
Très court, il est surtout employé dans des exclamations.
Dimètre iambique
˘ - ˘ - | ˘ - ˘ -
Trimètre iambique
˘ - ˘ - ˘ | - ˘ | - ˘ - ˘ -
Ce vers peut être employé seul, par exemple chez les iambographes (Archiloque, Sémonide d'Amorgos, Hipponax), qui fournissent les exemples les plus anciens et les plus purs de trimètre[3]. La rigueur, c'est-à-dire le faible nombre de résolutions (en général, pas plus d'une par vers), est imitée par les épigrammatistes ultérieurs : Léonidas de Tarente, Palladas et Agathias.
Le trimètre iambique est le vers du théâtre. C'est le cas de la comédie (Aristophane, Ménandre), où tous les pieds, à l'exception du dernier, peuvent être remplacés par des vers de trois syllabes. On le trouve également dans le drame satyrique (Le Cyclope, d'Euripide) et dans la tragédie. Dans ce dernier genre, les résolutions (substitutions d'un pied à l'iambe) sont rares chez Eschyle et Sophocle, mais plus fréquente chez Euripide[4].
Articles connexes
Notes et références
- Koster 1936, p. 69
- Jouette (Dictionnaire d’orthographe et d’expression écrite, 6e édition) et Larousse (Petit Larousse illustré 2005, Larousse en ligne) les donnent à égalité ; le Petit Robert donne “ïambe” comme “variante” de “iambe” ; “ïambe s’écrit avec un tréma sur l’i” selon Thomas (Dictionnaire des difficultés de la langue française, 2006) ; le TLFi ne donne que “ïambe” ; le Dictionnaire de l’Académie ne donne que “iambe” dans sa 9e édition, précisant : “S’écrivait aussi Ïambe” (la 8e et la 4e éditions ne donnaient que “ïambe”). En 1553, Ronsard écrivait "iämbe".
Quant à la prononciation, Jouette donne “[yanb]” ; Larousse et Robert, “[jɑ̃b]” ; le TLFi, “[jɑ̃:b]” ; dans sa 4e édition (en 1762), le Dictionnaire de l’Académie précisait, au contraire : “Ce mot est de trois syllabes” - Koster 1936, p. 84
- Koster 1936, p. 81
Bibliographie
- Iambes et poèmes, Auguste Barbier, 1840
- Iambes et poèmes, Auguste Barbier, Paris, Paul Masgana Ed. 1849
- Willem Johann Wolff Koster, Traité de métrique grecque ; suivi d'un Précis de métrique latine, Leyde, Sijthoff, (lire en ligne)
Lien externe
- Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : article sur l’ïambe
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