Hussein Dey
Hussein Dey ou Hussein Pacha, né en 1764 à Urla[1], en Anatolie, dans l'empire ottoman, et mort en 1838 à Alexandrie, dans le Piémont-Sardaigne, est le dernier dey d'Alger de 1818 à 1830.
Hussein Dey (ar) الداي حسين (tr) Hüseyin Paşa | |
Hussein Dey, gravure de Victor Duruy (1864). | |
Titre | |
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Dey d'Alger | |
– (12 ans, 4 mois et 4 jours) |
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Prédécesseur | Ali ben Ahmed |
Successeur | Abdication |
Khodjet al-khil (ministre) | |
– | |
Biographie | |
Nom de naissance | Hüseyin bin Hüseyin |
Date de naissance | 1764-1765 |
Lieu de naissance | Smyrne ou Urla (Empire ottoman) |
Origine | Turc |
Date de décès | |
Lieu de décès | Alexandrie (Piémont-Sardaigne) |
Conjoint | Lella Fatma bent Hassan-Pacha |
Enfants | Amina Hanem El Hadj Omar Nafissa Hanim Une autre fille |
Famille | Caid Ismael (gendre) Hadida Caid Ismael (petite-fille) Hassan-Pacha (beau-père) Ibrahim Agha (gendre) Saleh Bey (gendre) |
Profession | Sultan |
Religion | Islam |
Dey d'Alger | |
Biographie
Vie privée
Il épouse la princesse Lella Fatma (sœur de Lella Khdawedj el amia)[2]. De cette union naîtront plusieurs enfants :
Dont la fille Hadida Caid Ismael ou sœur Aurelia est décédée en 1929 en Italie à la tête de l'orphelinat de San Giuseppe, Cascano, Caserte au nord de Naples[5].
Dey d'Alger
Hussein succède à Ali Khodja, en . Il prend quelques mesures libérales destinées à rassurer les Européens comme la libération de certains otages ou la liberté de culte vis-à-vis des Juifs[10].
Affaire de l'éventail
Dans une tentative d'accroître sa popularité parmi le peuple français, Charles X chercha à renforcer le sentiment patriotique et détourna le regard de sa politique intérieure en « luttant contre le dey »[11]. Cela a finalement conduit à la conquête française de l'Algérie.
Dans les années 1790, la France avait contracté l'achat de blé pour l'armée française auprès de deux marchands juifs d'Alger, M. Bacri et Boushnak, et était en retard pour les payer. Ces marchands avaient eux-mêmes des dettes envers le Dey et se prétendaient incapables de payer ces dettes jusqu'à ce que la France paye les siennes. Le dey avait négocié sans succès avec le consul de France, Pierre Deval, pour remédier à cette situation, et il soupçonna Deval de collaborer avec les marchands contre lui, surtout quand le gouvernement français ne fit aucune provision pour rembourser les marchands en 1820. Alexandre, le neveu de Deval, consul à Bône, a plus tard irrité le dey en fortifiant les entrepôts français à Bône et La Calle, contre les termes d'accords antérieurs[12].
Après une réunion contentieuse au cours de laquelle Deval refusa de donner des réponses satisfaisantes le , le Dey frappa Deval avec un chasse-mouches[13]. Charles X usa de ce reproche contre son représentant diplomatique, pour exiger d'abord des excuses de la part du dey, et ensuite lancer un blocus contre le port d'Alger. Quand le Dey répondit à la demande d'envoyer un ambassadeur en France pour résoudre l'incident, en tirant des canons vers l'un des navires du blocus, les Français décidèrent que des mesures plus énergiques étaient nécessaires[14].
Invasion d'Alger (juin 1830)
Le , trente-quatre mille soldats français débarquent à Sidi Ferruch et entrent à Alger le . Hussein Dey bataille avec les forces françaises pendant cinq jours mais il n'a pas la force de les arrêter, après une campagne de trois semaines contre les forces de la régence d'Alger. Hussein Dey accepte de se rendre en échange de sa liberté et de l'offre de conserver sa fortune personnelle. Ceci marque la fin de la régence d'Alger et le début de la domination française en Algérie.
Exil
Le [15], Hussein Dey quitte Alger avec sa famille[16] : son épouse légitime, Fatma, fille de Sidi Hassan Pacha, et trois concubines, son frère et son neveu, trois de ses filles dont deux sont mariées (les deux gendres, Ibrahim Agha et Kaid Ismaël sont respectivement commandant des troupes et ministre de la marine). Il emmène aussi sa suite, un total de 110 personnes des deux sexes (dont son économe, son trésorier, des janissaires et ses esclaves et eunuques). Hussein réclame 30 000 sequins (270 000 fr) comme étant sa pleine propriété, disant qu'il les a laissés à la Casbah. Le comte de Bourmont ordonne aussitôt de les lui remettre et l'autorise à enlever les armes, meubles, étoffes et tapisseries qu'il désire conserver. Hussein Dey et sa suite embarquent sur le navire français Jeanne d'Arc et arrivent à Naples le [17]. Sa demande de permission de vivre en France ayant été refusée par Charles X, il s'installe à Naples[18]. Le , il se fixe à Livourne et y demeure trois ans avant de repartir en 1833 pour la ville italienne d'Alexandria, où il meurt en 1838.
Héritage
Une commune de la wilaya d'Alger ainsi que son district sont nommés en son hommage. L'équipe de foot Nasr Athletic Hussein Dey y est basée.
Notes et références
- Stephen d'Estry, Histoire d'Alger : de son territoire et de ses habitants, ..., Mame, , 384 p. (lire en ligne), p. 211
- Henri Klein, Les feuillets D'Alger - Villa Yusuf, Comité vieil Alger, (lire en ligne), p. 239
- Cour D'appel d'Alger, Journal de la jurisprudence de la Cour impériale d'Alger ["puis" de la Cour d'appel d'Alger et de législation algérienne], Alger, (lire en ligne), p.238
- (en) Bayle St. John, Two Years' Residence in a Levantine Family, Chapman and Hall, , 298 p. (lire en ligne), p.188
- (it) Annali della missione raccolta trimestrale, Collegio Alberoni, (lire en ligne)
- Gustave Mercier, Corpus des inscriptions arabes et turques de l'Algérie. II, Département de Constantine. Fascicule 4, Paris, (lire en ligne), p.237
- Noureddine Amara, « Les nationalités d’Amîna Hanım. Une pétition d’hérédité à la France (1896-1830) », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, (lire en ligne)
- Klein Henri, Feuillets d'El-Djezaïr, volume 2, 1910, Le Vieil Alger et l'occupation militaire française avec vues, plans et coupes, p.50-51
- « ANOM archives nationales »
- Comment l'Algérie devint française (1830-1848) de Georges Fleury
- (en) L. Carl Brown, Salah Zaimeche, Keith Sutton et Abdel Kader Chanderli, « Algeria », History, (lire en ligne)
- Abun-Nasr, Jamil. A history of the Maghrib in the Islamic period, p. 249
- Lettre du 19 décembre 1827 du dey Hussein au grand Vizir (archives du gouvernement turc) citée par Jeannine Verdès-Leroux, article « Coup d'éventail (1827) », dans L'Algérie et la France, Robert Laffont 2009, (ISBN 978-2-221-10946-5), p. 246.
- Abun-Nasr, p. 250
- Gazette nationale ou le Moniteur universel, Paris, (lire en ligne), p.810
- Bajot (M., Louis-Marie), Annales maritimes et coloniales: publiées avec l'approbation du ministre de la marine et des colonies, Paris, Imprimerie royale, , 424 p. (lire en ligne), p.8
- Eugène Plantet, Correspondance des Deys d'Alger avec la cour de France 1579-1833 - tome second - 1700-1833, Paris, Felix Alcan, , 641 p. (lire en ligne), p.569
- Eugène Léonard Guernier, L'Encyclopédie coloniale et maritime, Encyclopédie coloniale et maritime, (lire en ligne), p. 74
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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