Hoplias aimara

Hoplias aimara, aussi nommé Aymara, est une espèce de poissons d'eau douce de la famille des Erythrinidae, elle-même de l'ordre des Characiformes, qu'on trouve dans les rivières d'Amérique du Sud, particulièrement en Guyane et au Brésil. Parce qu'il est situé parmi les prédateurs dans la chaine alimentaire, il est utilisé comme bioindicateur pour l'évaluation de la pollution générale par le mercure, notamment dan les zones concernées par l'orpaillage légal ou illégal. Dans les régions industrielles et concernées par le risque d'orpaillage, il est recommandé de ne pas le manger[1].

Description

Poisson carnivore diurne et nocturne, il fréquente une majorité de fleuves du bassin amazonien et notamment de Guyane où il était et reste localement l'un des aliments fréquent des populations amérindiennes. Il peut atteindre 1,40 m pour 45 kg. Il se reproduit pendant la saison des pluies de décembre à mars.

Alimentation

Il est piscivore, insectivore et surtout opportuniste.

Toxicologie, écotoxicologie, écoépidémiologie et bioindication

C'est une des espèces qui - comme H. malabaricus - peut fortement bioaccumuler (sous forme de méthylmercure hautement toxique) le mercure rejeté dans la nature par les orpailleurs[2], ou le mercure naturel méthylé dans les colonnes d'eau privée d'oxygène (anoxiques) des barrages hydroélectriques construits en zone tropicale et en amont desquels on n'a pas coupé les arbres (tel que celui du Barrage EDF petit-Saut en Guyane)[1]. En France il fait notamment l'objet un suivi par le laboratoire HYDRECO du barrage de Petit-Saut.

Une étude (2019), basée sur les analyses de 575 poissons, capturés dans 134 différents sites de pêche dans 51 secteurs appartenant à 6 bassins fluviaux guyanais a montré comme contamination moyenne : l'Oyapock (chair contaminée à hauteur de 0,548 mg kg -1 en moyenne), Comté (0,624 mg kg -1), Maroni (0,671 mg kg -1), Approuague (0,684 mg kg-1), Mana (fleuve) (0,675 mg kg-1) et Sinnamary (1,025 mg kg-1). Ces taux moyens ne doivent pas cacher une grande variation spatiale le long de chaque cours d'eau. De faibles contaminations sont observés en amont (0,471 mg kg-1) et parfois en aval (0,424 mg kg-1) des zones pollués par l'orpaillage. De même observe-t-on une dilution estuarienne[1].
Les cartes récentes montrent que l'orpaillage (0,717 mg kg-1) et/ou l'anoxie (eau) (moyenne : 1,029 mg kg-1) sont les contextes où les contaminations sont les plus élevés pour le poisson Aimara[1]. L'extraction de l'or présentant les effets les plus néfastes pour la santé publique et l'anoxie (fréquente dans ces secteur souvent aussi déforestés et rendus turbines par les orpailleurs) aggrave encore la situation en termes de risque d'intoxication par le mercure (Hydrargyrisme)[1]. Ce travail n'a détecté aucune différence notable entre les taux de mercure mesurés en Guyane dans l'aymara de 2005 à 2014, tant en zone vierge qu'en zone d'extraction d'or, mais les taux de mercure varient entre sites d'extraction d'or anciens (0,550 mg kg -1) et actuels (plus contaminants pour le poisson avec en moyenne 0,717 mg kg -1)[1].

Distribution, habitat et écologie

L'Aymara se rencontre sur la majeure partie du nord de l'Amérique du Sud dont dans les pays suivants : le Brésil, la Colombie, le Venezuela, le Guyana, la Guyane Française, le Suriname et l'île de Trinité. En particulier, il se trouve sur la partie médiane et basse de l'Amazonie (incluant les affluents Trombetas, Jari, Tapajós, Xingu y Tocantins) ainsi que sur les fleuves Araguari et Amapá dans l'état de l'Amapá au Brésil ou sur l’Orénoque au Venezuela.

Souvent à l'affut dans les contre-courants des principales rivières et criques, l'Aymara est généralement un prédateur qui chasse en embuscade, mais il peut aussi se nourrir de manière opportuniste d'autre animaux qui tombent dans l'eau comme des invertébrés terrestres.
Des attaques sur des vertébrés de grandes tailles tels que l'homme sont non prouvées. Comme beaucoup d'espèces aquatiques, l'Aymara est principalement actif au lever et coucher du soleil.

Le frai a lieu en début de la saison des pluies (entre décembre et mars). Selon sa taille, la femelle pond de 6000 à 60000 œufs.

Ce poisson est réputé pour la qualité de sa chair, mais aussi pour concentrer la pollution (par le mercure notamment). Il est néanmoins dans certaines régions toujours recherché, ce qui explique, ainsi les populations sont sévèrement réduites dans les régions habitées par l'homme.

Voir aussi

Articles connexes

Références

  1. Maury-Brachet, R., Gentes, S., Dassié, E. P., Feurtet-Mazel, A., Vigouroux, R., Laperche, V., ... & Legeay, A. (2019) Mercury contamination levels in the bioindicator piscivorous fish Hoplias aïmara in French Guiana rivers: mapping for risk assessment. Environmental Science and Pollution Research, 1-13 (résumé).
  2. Durrieu G, Maury-Brachet R, Boudou A. 2005. Golmining and mercurycontamination of the piscivorous fish Hoplias aimara in French Guiana (Amazonbasin). Ecotox. Environ. Saf. 60: 315-323.

Références taxinomiques

  • (fr+en) Référence ITIS : Hoplias aimara (Valenciennes in Cuvier and Valenciennes, 1847) (+ version anglaise)
  • Eschmeyer, William N., ed. 1998. Catalog of Fishes. Special Publication of the Center for Biodiversity Research and Information, num. 1, vol. 1-3. California Academy of Sciences. 2905. (ISBN 0-940228-47-5).
  • Fenner, Robert M.: The Conscientious Marine Aquarist. Neptune City : T.F.H. Publications, 2001.
  • Helfman, G., B. Collette y D. Facey: The diversity of fishes. Blackwell Science, Malden, 1997.
  • Hoese, D.F. 1986: . A M.M. Smith y P.C. Heemstra (eds.) Smiths' sea fishes. Springer-Verlag, 1986.
  • Moyle, P. y J. Cech.: Fishes: An Introduction to Ichthyology, 4e édition, Upper Saddle River, 2000.
  • Nelson, J.: Fishes of the World, 3e édition. John Wiley and Sons, 1994.
  • Wheeler, A.: The World Encyclopedia of Fishes, 2ème édition, Macdonald, 1985.
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