Anoxie (eau)

En écologie et hydrobiologie, l'anoxie est une diminution de l'oxygène dissous ou présent et biodisponible dans le milieu (sol, sédiment, eau, atmosphère..).

Pour les articles homonymes, voir Anoxie.

L'anoxie favorise le développement de bactéries anaérobies ou semi-anaérobies dont certaines peuvent émettre du méthane, des toxines ou être responsables de maladies mortelles (botulisme par exemple).

En modifiant les populations bactériennes et vivantes du sol ou du sédiment, l'anoxie modifie aussi la chimie du sol ou du sédiment (qui devient généralement foncé, voire noir)[1], avec des variations selon la profondeur[2] et le type de milieu.

Effets chez l'animal

Chez les animaux (aquatiques et terrestres), l'anoxie se traduit par une souffrance tissulaire suivie de la mort par asphyxie.
Certains organismes y réagissent en amorçant des processus de survie (fuite des zones les plus pauvres en oxygène, recherche d'oxygène dans l'air en surface pour les espèces mobiles). D'autres comme les moules ferment leurs coquilles, mais meurent si le choc anoxique dure trop longtemps.

En présence de certains toxiques qui empêchent l'utilisation par les cellules de l'oxygène dissous dans le sang ou dans les fluides corporels, des animaux peuvent mourir asphyxiés par anoxie interne alors que le taux d'oxygène de l'eau est normal. C'est par exemple le cas lors de pollutions par du cyanure, parfois importantes en aval de certaines mines (mine d'or en particulier).`

L'anoxie de l'eau et plus encore du sédiment aquatique est un facteur très aggravant de la contamination de la chaine alimentaire par le mercure (qui dans ce contexte est méthylé en méthyl-mercure, beaucoup plus toxique et beaucoup plus bioassimilable que le mercure métallique[3]. Ainsi une étude récente (2019) a montré qu'en Guyane c'est dans les zones anoxiques et concernées par l'orpaillage ou les séquelles mercurielle de l'orpaillage que le taux de mercure les plus élevés sont trouvés dans la chair du poisson Aimara (une espèces couramment utilisée comme bioindicateur de la contamination mercurielle du Réseau trophique)[3].

En pédologie

Ce terme d'anoxie est également utilisé en pédologie pour désigner le manque total d'oxygène d'un sol.

En géologie

En géologie, l'anoxie décrit le manque de dioxygène dans le milieu marin, exacerbé lors de crises récurrentes appelées événements anoxiques océaniques.

Durant les centaines de millions d'années précédentes, le taux d'oxygène de l'air semble être toujours resté relativement élevées mais les océans sont bien plus vulnérables à l'anoxie que l'atmosphère ; et ils ont vécu plusieurs crises anoxiques globale (parfois associées à des crises d'extinction d'espèces et à des perturbations importantes du cycle du carbone)[4]. Ces crises correspondent à des accumulations géologiques de schistes sombres et riches en matières organiques[4]. Ces crises semblent être favorisées par les climats chauds. Une crise mondiale d'anoxie océanique prend habituellement des milliers d'années pour se développer. Selon Andrew J. Watson[5] (2016) les concentrations d'oxygène océanique actuellement en déclin dans l'océan laisse penser qu'une telle crise pourrait être à nouveau en préparation[4].

Écologie aquatique et océanographie

Illustration de l'importance de la salinité dans certains phénomènes d'hypoxie, puis d'anoxie.

Ce terme désigne également l'état de l'eau, totalement dépourvue d'oxygène, dans des couches d'eau, marines ou lacustres. En l'absence de courant, les eaux anoxiques et les eaux oxygénées ne se mélangent pas et la limite entre celles-ci constitue la chimiocline.

Les milieux aquatiques plus restreints et moins stables comme les étangs peuvent être sujets à des périodes d'anoxie, éventuellement provoquées par leur eutrophisation ou dystrophisation par surabondance de nitrates ou phosphates, généralement d'origine agricole ou humaine (eaux usées non épurées). En mer ou dans certains estuaires on parle de « zones mortes » (dead zones) pour décrire de telles zones.
Une forte diminution du taux d'oxygène de l'eau (« crise anoxique »), même brève, peut tuer un grand nombre d'espèces animales.

De fortes pluies d'orage estivaux peuvent aussi être source d'apport brutaux de matières organiques et de toxiques (via le ruissellement) vers les canaux. L'anoxie induite peut pour partie expliquer des mortalités importantes et brutales de poissons, induites par le ruissellement de la pluie sur des surfaces imperméabilisées et chargées en polluants.

Ces phénomènes d'anoxie peuvent se développer par crises, qualifiées de malaïgues dans le sud de la France, le terme, issu du provençal, signifiant « mauvaise eau ». Particulièrement connues dans l'Étang de Thau, l'anoxie s'accompagnant d'une production d'hydrogène sulfuré rend les eaux d'une couleur blanc laiteux[6].

Anoxie et traitement des eaux

L'anoxie peut être volontairement provoquée au cours de procédés de traitement des eaux, comme dans les bassins à boue activée de certaines stations d'épuration, où le manque d'oxygène dissous force certaines bactéries à utiliser pour leur respiration l'oxygène des ions nitrates (NO3-) dissous dans l'eau, contribuant ainsi à la dénitrification de l'eau qui ne se produit que quand le taux d'oxygène dissous est inférieur à mg/l ou à 10 % de la saturation (qui dépend de la température).
Certaines bactéries (dites dénitrifiantes) décomposent ainsi les molécules de nitrates, le transformant ceux-ci en diazote qui rejoint l'atmosphère.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Billon, G., Ouddane, B., Laureyns, J., Boughriet, A., 2003. Analytical and thermodynamic approaches to the mineralogical and compositional studies on anoxic sediments. J. Soil Sed. 3, 180–187.
  2. Billon, G., Ouddane, B., Recourt, P., Boughriet, A., 2002. Depth variability and some geochemical characteristics of Fe, Mn, Ca, Mg, Sr, S, P, Cd and Zn in anoxic sediments from Authie Bay (northern France). Estuar. Coast. Shelf Sci. 55, 167– 181.
  3. Maury-Brachet, R., Gentes, S., Dassié, E. P., Feurtet-Mazel, A., Vigouroux, R., Laperche, V., ... & Legeay, A. (2019) Mercury contamination levels in the bioindicator piscivorous fish Hoplias aïmara in French Guiana rivers: mapping for risk assessment. Environmental Science and Pollution Research, 1-13 (résumé)
  4. Andrew J. Watson (2016) Oceans on the edge of anoxia ; Science 23 décembre 2016 : Vol. 354, no 6319, pp. 1529-1530 DOI: 10.1126/science.aaj2321
  5. du College of Life and Environmental Sciences, de l'Université d'Exeter, à Exeter au Royaume-Uni
  6. Les malaïgues, Ifremer
  • Portail de l’écologie
  • Portail de l’eau
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.