Henri d'Arbois de Jubainville

Marie-Henri d'Arbois de Jubainville, né à Nancy le et mort à Paris (14e) le [1], est un historien, archiviste et celtologue français.

Biographie

Fils d'un avocat, Henri d'Arbois de Jubainville naît le à Nancy, où il est élevé au séminaire. Il se destine d'abord à l'état ecclésiastique, mais abandonne rapidement cette voie et entreprend, à l'image de son père, des études de droit. Il entre enfin en 1847 à l'École royale des chartes, dont il sort premier de sa promotion en 1850 avec une thèse intitulée Recherches sur la minorité et ses effets dans la France coutumière au Moyen Âge[2].

Devenu archiviste paléographe, il est directeur des archives de l'Aube de 1852 jusqu'à sa retraite en 1880. En 1882, il devient le premier titulaire de la chaire de langue et littérature celtiques au Collège de France, où lui succédera Joseph Loth.

Henri d'Arbois de Jubainville devient membre résidant de la Société nationale des antiquaires de France en 1882, ainsi que de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1884, ayant pour parrains Alexandre Bertrand et Gaston Paris. Cette dernière institution le désigne, en 1896, pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'École nationale des chartes[2].

Les -iacum gallo-romains

Henri d'Arbois de Jubainville est en particulier à l'origine de l'explication, aujourd'hui bien connue, des toponymes gallo-romains en -(i)acum, théorie qu'il expose dans ses Recherches sur l'origine de la propriété foncière et des noms de lieux habités en France. Dans ces toponymes, il voit exclusivement des appellations formées sur des noms de propriétaires fonciers, explication reprise entre autres par Auguste Longnon puis Albert Dauzat et Marie-Thérèse Morlet. Il semble admis désormais que les noms de lieux en -(i)acum peuvent également être formés sur des noms communs, comme c'était le cas en gaulois où le suffixe -acon n'avait qu'une valeur adjectivale[3]. Ce changement relatif d'optique, initié par Marc Bloch, fut développé par Michel Roblin dans sa thèse de doctorat sur le terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque[4].

Jugement postérieur

Si les travaux de d'Arbois de Jubainville permettent une meilleure connaissance en France des textes mythologiques celtiques, leur esprit et leur méthode sont empreints, selon Christian-Joseph Guyonvarc'h, de leur époque[5]. Ils sont notamment « entachés de positivisme et d'historicisme »[6].

Principales publications

  • Voyage paléographique dans le département de l'Aube, Troyes, Paris : Bouquot, Durant, Dumoulin, 1855, disponible en ligne.
  • Histoire des ducs et comtes de Champagne depuis le VIe siècle jusqu'à la fin du XIe, 8 vols. (1859-69)
  • Répertoire archéologique du département de l'Aube rédigé sous les auspices de la Société d'agriculture, sciences et belles-lettres du département..., Paris, imprimerie impériale, 1861.
  • Étude sur la déclinaison des noms propres dans la langue franque à l'époque mérovingienne (1870)
  • Les Premiers Habitants d'Europe (1877),
    • avec une reprise et une seconde édition en 2 volumes (1889 ; 1894)
  • Les Intendants de Champagne (1880)
  • Les Noms gaulois chez César et Hirtius De bello gallico (1891, sur Wikisource)
  • Recherches sur l'origine de la propriété foncière et des noms de lieux habités en France (période celtique et période romaine), avec la collaboration de Georges Dottin, éd. Ernest Thorin, Paris, 1890 ; in-8°, XXXI-703 p.
  • L'Épopée celtique en Irlande (1892). Traduit en anglais sous le titre Irish Mythological Cycle par R. I. Best.
  • Études de droit celtique (1895) avec la collaboration de Paul Collinet.
  • Les Principaux Auteurs de l'Antiquité à consulter sur l'histoire des Celtes (1902)
  • Cours de littérature celtique (collectif, 12 volumes, 1883-1902)
    • Sur Wikisource :
    • tome 1 , Introduction à l'étude de la littérature celtique, 1883
    • tome 2, Le cycle mythologique irlandais et la mythologie celtique, 1884
    • tome 3, Les Mabinogion, contes gallois, trad. Joseph Loth, t. 1, 1889
    • tome 4, Les Mabinogion, contes gallois, trad. Joseph Loth, t. 2 (1889)
    • tome 5 , L'épopée celtique en Irlande
    • tome 6 , La civilisation des Celtes et celle de l'épopée homérique
    • tome 7  : Études sur le droit celtique, 1895
    • tome 8  : Études sur le droit celtique, 1895
    • tome 9, , Introduction au 'Livre noir de Carmarthen et aux vieux poèmes gallois. Tome premier : La métrique galloise depuis les plus anciens textes jusqu'à nos jours. (par Joseph Loth), 1900
    • tome 10, , La métrique galloise du IXe à la fin du XIVe siècle. Première partie : Laisses et strophes ; Cynghanedd vocalique (par Joseph Loth), 1901
    • tome 11, , La métrique galloise du IXe à la fin du XIVe siècle. Deuxième partie : Cynghanedd consonantique ; rythme ; métrique bretonne-armoricaine, cornique, irlandaise : origines et traits caractéristiques de la métrique celtique, par Joseph Loth, 1902
    • tome 12 , Principaux auteurs de l'Antiquité à consulter sur l'histoire des Celtes depuis les temps les plus anciens jusqu'au règne de Théodose Ier. Essai chronologique, 1902.
    • Sur Projet Gutenberg (epub, kindle...) : tome 2.

Odonymie

Annexes

Bibliographie

  • Edmond Pottier, Émile Levasseur, René Cagnat, Paul Durrieu, « Nécrologie — Henri d'Arbois de Jubainville », in Bibliothèque de l'école des chartes, 1910, tome 71, p. 204-215.
  • Gérard Taverdet, « Les théories de d’Arbois de Jubainville en France au début du XXe siècle » in Actes du Congrès ICOS (Pise 2005), p. 801 et suiv.

Références

  1. Geneanet.
  2. Edmond Pottier, Émile Levasseur, René Cagnat, Paul Durrieu, « Nécrologie — Henri d'Arbois de Jubainville », in Bibliothèque de l'école des chartes, 1910, tome 71, p. 204-215.
  3. Voir en particulier Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2001, passim.
  4. Michel Roblin, Le terroir de Paris aux époques gallo-romaine et franque : peuplement et défrichement dans la Civitas des Parisii (Seine, Seine-et-Oise), préface de M. Albert Grenier, éd. A. et J. Picard, Paris, 1951, 387 p.; rééd. A. et J. Picard, Paris, 1971, 491 p. — Thèse soutenue à l’Université de Paris.
  5. La Razzia des vaches de Cooley, récit celtique irlandais traduit de l'irlandais, présenté et annoté par Christian-J. Guyonvarc'h, Gallimard, coll. « L'Aube des Peuples », Paris, 1994 (ISBN 2-07-073898-1), p.7
  6. C.-J. Guyonvarc'h, ibid, p.9

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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