Hang

Le hang (prononciation allemande : [haŋ][1] ; pluriel : hanghang[2]) est un instrument de musique acoustique de la famille des idiophones inventé par Felix Rohner et Sabina Schärer à Berne en Suisse en 2000[3]. Le hang est un volume lenticulaire creux composé de deux coupelles métalliques embouties. La partie haute de l'instrument s'appelle le « ding », elle est constituée d'une note fondamentale et de sept ou huit notes l'entourant. La partie basse, « gu » est une surface lisse dotée d'un trou en son centre[4].

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Hang

libre hang intégral (2010).

Classification Idiophone
Famille Instrument de percussion

Le hang est très proche du handpan[5],[6] et, par antonomase, le mot « hang » est souvent utilisé à tort pour désigner l'ensemble des handpans alors qu'il s'agit d'une marque déposée de l'entreprise PANArt[7].

Origine

Le duo Hang Massive.

La démarche créatrice s'initie en 1976, lorsque Felix Rhohner, alors enseignant, entend pour la première fois le son du steel drum. Il s'essaie immédiatement à la construction de cet instrument : « J'ai été bouleversé par l'énergie et la liberté qui s'en dégageaient. Dans ces îles, c'est un symbole d'indépendance et d'unité, devenu populaire avec l'abolition de l'esclavage. Le lendemain, j'ai essayé d'en fabriquer un avec de vieux bidons[8]. »

Il fonde la société PANArt Hangbau AG basée à Berne, et est rejoint par sa compagne, Sabina. Ensemble, il mettent au point une nouvelle technique de revêtement métallique et, aidés par des scientifiques spécialisés en acoustiques, ils renforcent la tôle afin d'obtenir « un nouveau type de résonance, plus chaleureux et harmonique ». Le « hang sculpture » apparait ainsi, qui synthétise ces recherches, l'étude de la forme des cloches de vaches ayant même contribué à la mise au point. Il est commercialisé à partir de 2001 et inaugure une dizaine d'autres modèles conçus par PANArt[8].

Le nom « hang » dispose d'une double signification dans le dialecte bernois, il se traduit par « main » et « colline »[9], faisant référence à la forme du hang et sa technique de jeu qui le distingue du steel pan. Cette création est inspirée de nombreux instruments de percussion venant des différents pays et cultures musicales comme le gong, le gamelan, le ghatam, le tambour, la cloche ou la scie musicale[4]. Les créateurs de l'instrument continuent de perfectionner la forme et la nature du matériau utilisé, donnant lieu à l'apparition de nombreuses variations du hang à travers les années[10].

Devant le succès inattendu de cet instrument, que les créateurs n'avaient pas réellement souhaité, ces derniers ont tenté de décourager les acheteurs, trop nombreux à leur goût, en conditionnant l'achat d'un instrument à l'envoi d'une lettre de motivation ainsi qu'au déplacement dans l'atelier en Suisse. Cela n'a pas découragé les acheteurs, qui étaient plus de 20 000 à en envoyer[11]. À chaque achat, les fabricants font signer au client une clause de non-spéculation, dans laquelle il s'engage à ne pas le revendre plus cher. En effet, alors que les concepteurs le vendent entre 250 à 2 500 CHF[8], sa rareté faut qu'il se revend au prix minimum de 2 000 euros[11].

PANArt n'ayant pas déposé de brevet, près de 300 entreprises dans le monde se sont lancées dans la fabrication de cet instrument. Certaines sont des mauvaises contrefaçons, produites de manière industrielle et parfois vendues plus cher que le modèle original[8]. D'autres sont reconnues pour leur qualité, car l'instrument reste d'une fabrication exigeante et difficile à accorder[11]. Après quelques hésitations, PANArt a maintenu la fabrication du hang : près de 400 sortent de leur atelier chaque année, ce qui reste très inférieur à la demande du marché. En parallèle, les créateurs ont engagé des démarches juridiques pour protéger leurs droits d'auteur[8].

Les droits d'auteurs du « hang sculpture », propriétés de PANArt, et l'existence de contrefaçons ont été reconnus par un jugement d' du tribunal du Land de Hambourg (de)[12], qui fait force de droit en Europe. Les handpans ne devraient donc pas y être commercialisés, car ils sont assimilés à de simples copies, différant de l'original par des détails. Les inventeurs estiment que des « copistes [surfent] sur la vague de succès de notre propriété intellectuelle […] de manière parasitaire », mais ils ont breveté le processus de production et en proposent une licence. Ainsi, à partir du même matériau et d'un martelage identique, ils veulent privilégier l'invention d'instruments originaux[13].

Caractéristiques acoustiques

Le hang a été voulu, à l'origine, comme un instrument produisant des sons et non des notes. Selon David Rhohner, un des deux fils du couple, « la particularité du hang est qu'il ne produit pas de notes, mais de riches vibrations. Toute la structure est accordée sur 440 hertz. Nous parlons donc de structure sonore plutôt que d'instrument. » L'objectif initial qui était de trouver spontanément « sa propre musique intérieure [avec] un outil créatif, méditatif et spirituel », s'oppose à la tendance actuelle où les instruments sont plus standardisés, au sein d'une communauté qui codifie progressivement son apprentissage et son emploi[8].

La partie supérieure du hang, le « ding », permet d'obtenir un son très différent suivant la manière dont elle est utilisée ; il est ainsi possible d'obtenir des sonorités proches de celles d'une harpe ou d'une cloche. On trouve sur le ding sept à huit notes disposées en cercle de la plus grave à la plus aiguë, autour d'une plus grave en son centre. Chacune de ces notes fondamentales a trois harmoniques accessibles de différentes façons ; on pourra par exemple étouffer la fondamentale avec un doigt et faire résonner les harmoniques en frappant sur les côtés de la note[14].

La partie inférieure de l'instrument, le « gu », est essentiellement constituée d'une surface lisse avec un creux arrondi en son centre. Cette cavité vide permet l'apparition d'une résonance de Helmholtz, comme dans l'udu, qui permet à l'instrument de résonner et de faire entendre ses différentes harmoniques.

Chaque hang peut être accordé dans une gamme qui lui est propre. La gamme pentatonique, par exemple, mais également des gammes au quart de ton, indonésiennes, iraniennes ou hongroises, certaines développées par Steve Shehan pour l'instrument[15][réf. non conforme].

Techniques de jeu

Un Hang en vue de dessus (2003).

Le joueur de hang pose généralement l'instrument sur ses genoux pour jouer. Il le fait ensuite résonner en tapant dessus avec la main et les doigts. L'instrument peut se jouer à deux mains, ce qui permet d'atteindre plusieurs notes.

Exemples de son

Dans la culture populaire

  • Le film My Sweet Pepper Land (2013) présente plusieurs scènes où l'actrice Golshifteh Farahani joue au hang des musiques qu'elle a composées elle-même.
  • Dans le film La Vie d'Adèle : Chapitres 1 et 2 (2013), un joueur de handpan, apparaît dans une scène.
  • Dans la pièce de théâtre Pierre et Mohamed, le comédien jouant seul les deux rôles est accompagné sur scène par le metteur en scène Francesco Agnello qui joue du hang.
  • Dans la pièce de théâtre Ici, il n'y a pas de Pourquoi, adaptation de l’œuvre Si c'est un Homme de Primo Levi par la compagnie Arkenciel, le comédien et metteur en scène Tony Harrisson est accompagné sur scène par le joueur de Hang Guitòti.
  • Dans la pièce de théâtre Le Petit Prince, adaptée par la compagnie Les Réverbères, la musique est jouée en live au hang par trois musiciens en alternance. Alexandre Jean, Guitòti et Vincent Cente.
  • Le film documentaire Les multiples visages d'Emma Thompson (2016) comporte une bande originale composée avec du hang.
  • Le film documentaire Le souffle du canon, réalisé par Nicolas Mingasson a vu sa bande originale composée et jouée par Guitòti.

Notes et références

  1. (en) Duden Aussprachewörterbuch, Mannheim, Bibliographisches Institut & F.A. Brockhaus AG, .
  2. (en) PANArt Hang Booklet 2008[PDF] p. 8.
  3. « Hang Mania ».
  4. « À propos du Hang » (consulté le ).
  5. (en) « Marching to his own drum », sur The Indu.
  6. « Sauvian accueille le premier festival de handpan », sur Midi Libre, .
  7. « Quel handpan pour débuter ? », sur shellopan.fr (consulté le ).
  8. Lila Erard, « Né dans un atelier bernois, le hang se vend aux quatre coins du monde », Le temps, , p. 9
  9. (en) « Les origines du handpan : Le Hang de PANArt | Sylvain Paslier - Handpan Artist », sur Sylvain Paslier - Handpan Artist (consulté le ).
  10. PANArt Hangbau AG, « Hang » [PDF], (consulté le ).
  11. « Le hang : plus qu’un instrument de musique, un mythe envoûtant. Voici son étonnante histoire », sur POSITIVR, https://plus.google.com/+PositivrFr, (consulté le )
  12. (de) « Urteil in Namen des Volkes : In der Sache PANArt Hangbau AG, vertreten durch d. Vorstand, Engehaldenstrafte 131,3012 Bern, Schweiz » [PDF], Landgericht Hamburg, (consulté le )
  13. PANArt, « Droit d'auteur : questions et réponses », sur panart.ch, (consulté le )
  14. « Le Hang sur le site percussion.org », (consulté le ).
  15. .

Liens externes

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