Hôpital de l'Antiquaille

L'hôpital de l'Antiquaille est un ancien hôpital situé sur le site de l'Antiquaille dans la ville de Lyon. Il occupe un ancien couvent de Visitandines. L'ancien hôpital (ancien couvent et parties construites au XIXe siècle) fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].

Hôpital de l’Antiquaille

Place de l’Antiquaille en 1853
Présentation
Coordonnées 45° 45′ 34″ nord, 4° 49′ 21″ est
Pays France
Ville Lyon
Adresse Colline de Fouvière
Fondation 1803
Fermeture 2003

Histoire

XIXe siècle

François-Auguste Biard, L’hôpital des fous à Lyon

Dès 1803, l'ancien couvent de la Visitation de l'Antiquaille eut une vocation hospitalière, en servant à désengorger l’hôpital de la Quarantaine des filles de mauvaise vie, des insensés et de quelques condamnés de droit commun. C'était essentiellement un asile pour les mendiants et les aliénés et les fonctions de soins passaient au second plan. Toutefois les médecins de l’Antiquaille ont toujours été recrutés sur concours. Au milieu du XIXe siècle la médecine après avoir été une science d’observation, devient avec Claude Bernard une science expérimentale. Les médecins et chirurgiens de l’Antiquaille ont largement participé à cette mutation. Entre 1830 et 1876, l'Hôpital de l'Antiquaille a été l'objet de nombreux travaux (travaux d'agrandissements ou de modernisation) dont la plupart ont été dirigés par Louis Cécile Flacheron, architecte de la ville de Lyon. Ainsi donc L’Antiquaille fut administré avec sagesse, mais, confronté à des difficultés budgétaires chroniques, il est réuni en 1846 aux hospices civils de Lyon ; ainsi la richesse des uns compenserait la pauvreté de l’autre.

Parmi les pionniers il faut citer Paul Diday (1813-1895). Le plus parisien des médecins lyonnais, il a soutenu sa thèse en 1837 à l’hôpital de la Pitié à Paris, la faculté de médecine de Lyon ne date que de 1877. Bien que né à Bourg-en-Bresse, il hésita beaucoup à quitter la capitale, et ne prit son poste à l’Antiquaille qu’en 1843. Ses travaux scientifiques sont entièrement consacrés aux maladies vénériennes et en particulier à la syphilis. À l’aube de la médecine scientifique et à la naissance de la microbiologie, il isole sur des arguments cliniques la blennorragie de la syphilis, avant qu’Albert Neisser n’isole le gonocoque. C’est un homme plein d’humour, son dernier travail médical est une auto-observation qui porte sur le Règlement de l’urination nocturne chez les prostatiques. Il faut citer à sa suite Joseph Rollet puis Antoine Gailleton. Jean-Victor Augagneur a été interne des hôpitaux puis chef de clinique chirurgicale en 1881. Ses travaux ont porté sur les maladies vénériennes, synthétisés dans un Précis des maladies vénériennes (Collection Testut, 1906) en collaboration avec Marius Carle réédité plusieurs fois (Douin 1927)[2]. Victor Rochet (1860-1934) transforma en 1900, le service d’homme vénérien et dartreux en service d'urologie.

XXe siècle

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'hôpital est le lieu d'une opération de la Résistance qui libère des prisonniers des Allemands faussement malades, Serge Ravanel, Maurice Kriegel-Valrimont et François Morin-Forestier. Menée par le groupe franc du mouvement Libération-Sud, il se déroule en mai 1943[3].

Après les années sombres de la guerre et de l’occupation, l’hôpital continuera dans la tradition. De la syphilographie on évolue vers la dermatologie avec le docteurs Jean Gaté et Thiers. À partir de l’urologie l’hôpital se spécialisera en néphrologie sous l’impulsion de Jules Traeger. En équipe avec le service de chirurgie urologique on réalise quelques greffes allogèniques de rein. Les résultats sont très incertains, jusqu’au milieu des années 1960, lorsqu’apparaît le premier médicament immunosuppresseur efficace, le serum anti-lymphocytaire. Ce médicament préparé par l’Institut Pasteur de Lyon, va propulser l’hôpital de l’Antiquaille dans les premiers rangs mondiaux de la transplantation d’organes.

Le site abrite également jusqu’à sa fermeture un service de neurologie et accueille les détenus des prisons de Lyon jusqu’en 1985.

En 2003, l'hôpital de l'Antiquaille ferme ses portes[4],[5]. Le site est acquis par Société anonyme de construction de la ville de Lyon dans le but de réhabiliter le site pour le transformer en logements, bureaux, résidence universitaire, restaurant et hôtel cinq étoiles[6]. L'hôtel Villa Maïa a ouvert en mars 2017 sur l'emplacement de l'hôpital[7].

Notes et références

  1. « Ancien couvent de la Visitation, ancien hôpital de l'Antiquaille », notice no PA69000023, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Bibliothèque municipale de Lyon, silo moderne 1920-2009 cote 449936
  3. Doré-Rivé et Vivier 2012, p. 83.
  4. Réhabilitation de l'Antiquaille.
  5. (Suzanne Marchand 2014, p. 6)
  6. Un hôtel pour couronner la transformation de l'Antiquaille, Les Échos, 17 décembre 2014
  7. Mathieu BELAY, « La Villa Maïa, boutique-hôtel de luxe, ouvre ses portes à Lyon », Yonder, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • René Mornex, Bernard Ducouret, Olivier Faure, L'Antiquaille, histoire d'un hôpital, Lyon, Lieu-dit, 2003
  • Alain Bouchet (dir.), René Mornex et Danielle Gimenez, Les Hospices civils de Lyon : Histoire de leurs hôpitaux, Lyon, Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire, , 2e éd., 208 p. (ISBN 2-84147-131-4)
  • Isabelle Doré-Rivé (Dir.) et Marion Vivier (Coord. éditoriale), Une ville dans la guerre : Lyon 1939-1945, Lyon, Fage, , 192 p. (ISBN 978-2-84975-279-1)

Articles connexes

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