Gunvor Hofmo

Gunvor Hofmo, née le et morte le à Oslo, est une écrivaine norvégienne, souvent comptée parmi les poètes modernistes de Norvège les plus influentes[1].

Biographie

Gunvor Hofmo naît en Norvège, à Oslo, le . Ses parents sont Erling Hofmo (1893–1959) et Bertha Birkedal (1891–1969). Elle est élevée dans une famille ouvrière parmi les socialistes, les communistes et les anti-nazis. Son oncle, Rolf Hofmo (en) (1898–1966), est un officiel sportif arrêté pendant la Seconde Guerre mondiale et emprisonné au camp de concentration de Sachsenhausen[2],[3].

Carrière littéraire

Gunvor Hofmo commence sa carrière littéraire en proposant ses poèmes à une grande diversité de journaux, tel que Friheten (en), un journal communiste, ainsi qu'à des magazines hebdomadaires comme Hjemmet (en). L'un de ses premiers poèmes publiés est dédié à son amie proche, la réfugiée juive Ruth Maier (1920-1942) ; il est publié dans Magasinet pour Alle (en), et commence par ces lignes :

« The words, shiningly silent
I shall find
give them to you, hammer some moments together
under the frame of eternity
so you will never forget me »

Ruth Maier est une autrichienne réfugiée en Norvège en 1939. Pendant l'occupation de la Norvège par l'Allemagne nazie, elle est arrêté par des officiers allemands en 1942. Elle est déportée et assassinée pendant l'Holocauste à Auschwitz. Cet événement est de toute évidence devenu la tragédie centrale dans la vie de Gunvor Hofmo : elle est hospitalisée en 1943 pour dépression, commençant alors une lutte permanente contre la maladie mentale[4].

Après la libération de la Norvège en 1945, Gunvor Hofmo voyage beaucoup. Elle se trouve à Paris à l'automne 1947 et en Bretagne au printemps 1950. Elle se rend également à Stockholm, Amsterdam et Londres et de nombreuses fois à Copenhague. Elle écrit des essais, principalement dans le quotidien Dagbladet, portant sur les voyages, la poésie nordique et la philosophie. Parmi ses contributions les plus remarquables se trouve un long débat sur le minimum vital qui permet à peine de sortir de la misère à Paris ainsi qu'un traité en défense de son collègue le poète Olav Kaste (1902-1991)[5]. En 1953, elle cesse de publier des essais et se concentre sur sa poésie. Dagbladet publie sept de ses poèmes entre 1952 et 1956. Elle publie cinq recueils de poésie entre 1946 et 1955[6].

Elle est internée de 1955 à 1971 à l'hôpital de Gaustad, souffrant de trouble psychique (schizophrénie paranoïde), causant donc « 16 ans de silence »[7]. Après sa libération, elle entame une période de productivité considérable, publiant quinze recueils de poésie entre 1971 et 1994. De 1977 à sa mort, elle ne quitte jamais son appartement à Simensbråten à Oslo[8],[9].

Elle meurt à Oslo le à l'âge de 75 ans.

Vie privée

Gunvor Hofmo et Ruth Maier ont qualifié leur relation d'exceptionnellement proche et intime. Dans son journal, Ruth Maier parle ainsi de sa relation avec Gunvor Hofmo[10] :

« Dimanche 4 janvier 1942 - les sentiments entre deux personnes vont et viennent avec tant d'instabilité. J'aime toujours Gunvor. Mais je crains de ne pas tarder à ne plus l'aimer. C'est effroyable. (...) Je l'aime maintenant. Mais j'ai le sentiment de ne pas assez l'aimer. Ce que Gunvor est pour moi, personne ne l'a jamais été auparavant: une amie et une amante. »

En 1947, Gunvor Hofmo emménage avec une autre écrivaine, Astrid Tollefsen (en) (1897-1973) et devient l'une des premières Norvégiennes à vivre une relation ouvertement lesbienne[11],[12]. Elles continuent de vivre et voyager ensemble jusqu'à ce que Gunvor Hofmo soit internée[13].

Postérité

Gunvor Hofmo a été très peu traduite. L'écrivain norvégien Jan Erik Vold a publié plusieurs livres de et sur Gunvor Hofmo et son amie Ruth Maier[14]. Susanna Wallumrød a mis en musique certains de ses poèmes et les a présentés sur son album Jeg vil hjem til menneskene[15].

Œuvre

  • Jeg vil hjem til menneskene – (1946) ("Je veux revenir habiter parmi les hommes")
  • Fra en annen virkelighet – (1948) ("D'une autre réalité")
  • Blinde nattergaler – (1951) ("Rossignols aveugles")
  • I en våkenatt – (1954) ("Dans une nuit éveillée")
  • Testamente til en evighet – (1955) ("Testament pour une éternité")
  • Treklang – dikt i utvalg (1963) (publié avec Astrid Hjertenæs Andersen et Astrid Tollefsen ) ("Triade")
  • Gjest på jorden – (1971) ("Invité sur la Terre")
  • Novembre – (1972)
  • Veisperringer – (1973) ("Barrières routières")
  • Mellomspill – (1974) ("Interlude")
  • Hva fanger natten – (1976) ("Ce que la nuit capture")
  • Det er sent – (1978) ("Il est tard")
  • Nå har hendene rørt meg – (1981) ("Maintenant, les mains m'ont touché")
  • Gi meg til berget – (1984) ("Donne-moi à la montagne")
  • Stjernene og barndommen – (1986) ("Les étoiles et l'enfance")
  • Nabot – (1987)
  • Ord til bilder – (1989) ("Des mots aux images")
  • Fuglen – (1990) ("L'oiseau")
  • Epilog – (1994) ("Epilogue")
  • Samlede Dikt – Poèmes collectés (1996)
  • Etterlatte dikt – Poèmes (1997) (à titre posthume, édité par Jan Erik Vold)
  • Jeg glemmer ingen – poèmes (1999) (édité par Jan Erik Vold, illustré avec des aquarelles de Ruth Maier) ("Je n'oublie personne")

Prix et récompenses

  • Dotation de Gyldendal (en), 1951
  • Kritikerprisen (en) pour Gjest på jorden, 1971
  • Dotation de Gyldendal, 1974
  • Prix Dobloug, 1982
  • Riksmålsforbundets litteraturpris (en), 1989

Références

  1. (no) « Hofmo, Gunvor », NRK, (consulté le )
  2. Jan Erik Vold, « Gunvor Hofmo », Norsk biografisk leksikon (consulté le )
  3. Matti Goksøyr, « Rolf Hofmo », Norsk biografisk leksikon (consulté le )
  4. Vibeke Kieding Banik, « Ruth Maier », Store norske leksikon (consulté le ).
  5. Erik Bjerck Hagen, « Olav Kaste », Store norske leksikon (consulté le )
  6. « Gunvor Hofmo », Store norske leksikon (consulté le )
  7. Gunvor Hofmo et Pierre Grouix, « Tout de la nuit est sans nom », Po&sie, vol. 131-132, no 1, , p. 97 (ISSN 0152-0032, DOI 10.3917/poesi.131.0097, lire en ligne, consulté le )
  8. (no) Jan Erik Vold, « Gunvor Hofmos kraft », Dagbladet, (consulté le )
  9. (no) « Gunvor Hofmo (1921-1995) » [archive du ], Gjennom språket, Samlaget (consulté le )
  10. Maier, Ruth, 1920-1942. et Impr. France Quercy), Le journal de Ruth Maier : de 1933 à 1942, une jeune fille face à la terreur nazie, K & B éd, impr. 2009 (ISBN 978-2-915957-59-4 et 2-915957-59-2, OCLC 470816964, lire en ligne)
  11. Erik Bjerck Hagen, « Astrid Tollefsen », Store norske leksikon (consulté le )
  12. (no) « Astrid Tellefsen » [archive du ], Dagbladet (consulté le ) : « "I 1947 flyttet hun sammen med en annen kjent norsk lyriker, Gunvor Hofmo, og var en av få som på femtitallet levde i åpent lesbisk samboerskap. De bodde sammen i flere år på Tøyen i Oslo og senere på Sørlandet." - "In 1947 she moved in with another noted Norwegian poet, Gunvor Hofmo, and was one of the few who in the 50s lived in an open lesbian cohabitation arrangement. They lived together for several years at Tøyen in Oslo and later on the south coast." »
  13. (no) Siri Lindstad, « En livslang kjærlighetssorg » [archive du ], Blikk, (consulté le ) : « "Å være åpen lesbisk på 50-tallet var å være en av de ytterst få. I 1947 fant Gunvor likevel en av de andre: den 25 år eldre Astrid Tollefsen, som også snart debuterte som lyriker. De bodde sammen i flere år, helt til Gunvors tvangsforestillinger tok helt overhånd, men det gjorde ikke hennes sex liv, hun fant se en ny partner etterhvert " - "To be openly lesbian in the 1950s was to be among the very few. In 1947 Gunvor nevertheless found one of the others: the 25-year older Astrid Tollefsen,, who would also soon make her debut as a poet. They lived together for several years, until Gunvor's psychotic delusions completely took over." »
  14. (no) Fredrik Wandrup, «Gudskjelov for de dype, stille understrømmer i sinnet», sur dagbladet.no, (consulté le )
  15. (en-US) ralph, « Jeg vil hjem til menneskene - Susanna Wallumrød synger Gunvor Hofmo | Susanna », sur susannamagical.com, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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