Guerre civile du Mozambique

Après une période d'insécurité développée en 1976 du fait des commandos qui ont surgi avec la disparition d'un régime colonial portugais à la dérive[1], la guerre civile du Mozambique a débuté en 1977, deux ans après la fin de la guerre d'indépendance du Mozambique obtenue le . Ce conflit opposa principalement le Front de libération du Mozambique plus communément connue sous le nom de FRELIMO organisation résolument communiste, à la Résistance nationale du Mozambique appelée RENAMO et d'orientation anti-marxiste[2].

Guerre civile au Mozambique
Localisation du Mozambique en Afrique.
Informations générales
Date 1977 - 1992
Lieu Mozambique
Issue Accords de paix
Belligérants
République populaire du Mozambique Résistance nationale du Mozambique
Pertes
900 000 morts (civils et militaires)

Les combats cessèrent au Mozambique en 1992 avec un traité de paix signé à Rome. Les conséquences de cette guerre civile sont plus de 900 000 morts et 5 millions de civils déplacés. La guerre civile au Mozambique s'inscrit dans le contexte de la guerre froide.

Contexte historique

Le Mozambique a connu une colonisation portugaise qui a duré 500 ans depuis le Traité de Tordesillas en 1494. Ensuite, la guerre d'indépendance est survenue et a duré treize ans entre 1962 et 1975[3] Après l'indépendance du pays, Samora Machel, dirigeant du Front de libération du Mozambique (FRELIMO) met en place un régime communiste dictatorial, nationalisant les industries et les fermes. Il tenta de regrouper autoritairement les villageois dans des villages communautaires, inspirés des villages tanzaniens d'Ujamaa, dans le but de favoriser l'accès aux services et à l'éducation de la population mais aussi pour subroger les anciennes plantations coloniales par des fermes d'État[4].

Dans les mois qui ont précédé son indépendance, le Mozambique est abandonné par la grande majorité des 4 500 propriétaires d'entreprises agricoles et le réseau de milliers de magasins faisant l’essentiel du commerce est presque totalement démantelé. L'économie, et en particulier l'agriculture, est alors complètement désorganisée. Le processus de reconstruction de la structure productive et du réseau de commercialisation, lent et conflictuel, est cependant progressif jusqu’en 1981. À partir de cette date, les actions de banditisme armé, soutenu par l'Afrique du Sud et les États-Unis, entrainent le Mozambique dans une nouvelle période de régression économique. Ces actions, localisées pour la plupart dans les zones rurales, sabotèrent la production des entreprises, causèrent la destruction des infrastructures commerciales et des voies de communication, et ciblèrent également les paysans. Des migrations forcées se produisent en conséquence, créant ou aggravant les situations de famine[5].

Sur le plan international, le Mozambique se conforma aux sanctions économiques internationales contre la Rhodésie et l'Afrique du Sud en dépit de ses propres intérêts économiques ce qui accentua la désorganisation économique, politique et sociale du pays. Le pays accordait également asile aux mouvements nationalistes en lutte contre les systèmes ségrégationnistes de Rhodésie et d'Afrique du Sud.

Déroulement du conflit

La campagne de sabotage systématique mené par la Résistance nationale du Mozambique (RENAMO), financé et soutenu d'abord par la Rhodésie puis par l'Afrique du Sud, finit par plonger le pays dans une guerre civile qui allait durer 16 ans[6],[7].

En 1979, le FRELIMO pensa avoir vaincu la résistance lorsqu’André Matzangaissa, le chef de la RENAMO, fut abattu mais au contraire, la guérilla se maintint[8].

Après l'indépendance du Zimbabwe en 1980, l'Afrique du Sud prit la relève de la Rhodésie dans le soutien financier et logistique à la RENAMO. Le pays était alors coupé en deux. La RENAMO agissait tantôt en mouvement de rébellion, tantôt en groupement mafieux adepte du banditisme et du sabotage. Toutes les voies de communication étaient effectivement coupées, les lignes d'approvisionnement en énergie sabotées et les aménagements ruraux détruits. Le port de Maputo sombra dans l'apathie alors qu'une sécheresse dévastatrice s'abattait sur le pays, engendrant famine et déplacements de population. Le Mozambique allait devenir pendant une quinzaine d'années l'un des trois pays les plus pauvres au monde et sera tributaire de l´aide internationale, notamment en provenance des pays scandinaves.

Des commandos sud-africains effectuent des raids fréquents, ciblant en particulier les bases de l'African National Congress (ANC). L'armée de l'air mène des frappes directement sur Maputo en 1983. Le gouvernement mozambicain accuse aussi d'anciens colons portugais vivant en Afrique du Sud et au Portugal, ainsi que des États conservateurs du Golfe (Arabie saoudite et Oman) d'apporter une aide matérielle aux "bandits armés" de la RENAMO, via les Comores et le Malawi[9].

L'UNICEF a recensé 140 000 morts d'enfants en 1986 durant les guerres du Mozambique et de l'Angola. Les stratégies de la RENAMO et de l'UNITA de détruire des centres médicaux, d'assassiner des médecins et des coopérants et de miner les champs cultivables ont été considérées comme les premières causes de mortalité chez les enfants[10].

Un rapport destiné au gouvernement américain en 1988 décrit la RENAMO comme le « mouvement le plus brutal depuis les Khmers rouges ». Elle serait à l'origine de la plupart des destructions causées durant la guerre[11].

En 1990, alors que les dictatures d'Europe de l'Est s'effondrent et que Frederik de Klerk légalisait l'ANC en Afrique du Sud, les premiers pourparlers de paix avaient lieu entre le FRELIMO et le RENAMO, débouchant en novembre sur une nouvelle constitution, reconnaissant le pluralisme politique. Le , à Rome, fut signé un accord de paix sous l’égide de la communauté de Sant'Egidio et avec l’appui de l'ONU, entre Joaquim Chissano pour le FRELIMO et Afonso Dhlakama pour le RENAMO. Il prit effet le 15 octobre.

Une force de maintien de la paix, l’ONUMOZ, fut alors déployée au Mozambique. Ses derniers contingents quittèrent le pays en 1995.

Notes et références

  1. Marchal, Roland, « La cause des armes au Mozambique : anthropologie d'une guerre civile », sur revues.org, Cultures & Conflits, Centre d'études sur les conflits, (ISSN 1157-996X, consulté le ).
  2. http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/ed-09-10/010045688.pdf
  3. https://www.ac-clermont.fr/ActionsPedagogiques/fileadmin/user_upload/DeveloppementDurable/documents/moz_final.pdf
  4. Marchal, Roland, « C. Geffray : La cause des armes au Mozambique. Anthropologie d'une guerre civile », Revue française de science politique, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 41, no 3, , p. 420–421 (lire en ligne , consulté le ).
  5. Fernando Jorge Cardoso, « Fermes d’État et développement rural », Politique africaine, (lire en ligne)
  6. http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14682745.2016.1153849?journalCode=fcwh20
  7. (en) Eric Morier-Genoud, Michel Cahen & Domingos do Rosário (eds), The War Within. New Perspectives on the Civil War in Mozambique, 1976-1992, ,Martlesham (R.-U.), James Currey/Boydell and Brewe, , 304 p. p. (ISBN 9781847011800)
  8. http://www.lusotopie.sciencespobordeaux.fr/legrand95.pdf
  9. « Analyse économique et sociale », sur afriquepluriel.ruwenzori.net (consulté le )
  10. Aguirre Mariano, « Presse internationale », sur Afrique pluriel,
  11. Rachel Waterhouse, « La reconstruction du Mozambique marque le pas », sur Le Monde diplomatique,

Voir aussi

Bibliographie

  • Eric Morier-Genoud, Michel Cahen & Domingos do Rosário (eds), The War Within. New Perspectives on the Civil War in Mozambique, 1976-1992,Martlesham (R.-U.), James Currey/Boydell and Brewer, , 304 p., (ISBN 9781847011800).
  • Christian Geffray, La cause des armes au Mozambique. Anthropologie d'une guerre civile, Paris, Karthala, 1990, xv+258 p.
  • « Transitions libérales en Afrique lusophone » (ed. M. Cahen), Lusotopie, II, 1995 (Paris, Karthala), 424 p., (ISBN 2-86537-618-4)
  • (en) Lance S. Young, Mozambique's Sixteen-Year Bloody Civil War, 1991 United States Air Force.
  • (en) Olaf Tataryn Juergensen, Angonia: Why RENAMO?. Southern Africa, 1994 Report Archive.
  • The Battle for Mozambique: The Frelimo-Renamo Struggle, 1977–1992 Sue Onslow
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