Hypogées de Fontvieille
Les hypogées de Fontvieille, plus anciennement qualifiés d'hypogées d'Arles, ou plus communément d'hypogées d'Arles-Fontvieille, sont des tombes collectives situées sur la commune de Fontvieille dans le département des Bouches-du-Rhône, en France.
Hypogées de Fontvieille | ||||
![]() Hypogée du Castelet | ||||
Localisation | ||||
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Coordonnées | 43° 42′ 38″ nord, 4° 41′ 01″ est | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Géolocalisation sur la carte : Bouches-du-Rhône
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Histoire | ||||
Époque | Néolithique | |||
Répondant imparfaitement à la définition commune de l'hypogée (entièrement creusé dans le sol), les dénominations « variables, souvent complexes et embarrassées qui ont servi à définir ce type de monuments, traduisent, de façon très révélatrice, les caractères mixtes de leur architecture »[1]. Ces tombes collectives, respectivement dénommées Hypogée de Bounias, Hypogée de la Source, Hypogée du Castelet (ou d'Arnaud-Castelet), et Hypogée de Cordes (ou Grotte des Fées), auxquelles on associe désormais la grotte-dolmen de Coutignargues, ont toutes été découvertes et fouillées au XIXe siècle.
Caractéristiques communes
Il ne s'agit pas d'hypogées au sens strict puisque non intégralement creusés dans la roche comme une grotte artificielle, ni de monuments mégalithiques totalement bâtis comme un dolmen. Mais, comme l'expression ancienne d'allées couvertes (Paul Cazalis de Fondouce 1873) l'exprime un peu mieux[2], ce sont des excavations tombales couvertes de dalles mégalithiques.
Ces tranchées comprennent en général trois parties : un couloir d'accès descendant en escalier (les apparentant aux tombes à couloir) menant à une antichambre (plus ou moins individualisée selon les cas), puis à la chambre funéraire proprement dite, assez allongée, de forme rectangulaire ou légèrement trapézoïdale vue de dessus[3].
Ces quatre hypogées sont classés au titre des monuments historiques[Mér 1],[Mér 2],[Mér 3],[Mér 4].
Hypogée de Cordes
L'hypogée de Cordes, également appelé Grotte des Fées, ou Hypogée des Fées de Cordes ou encore Épée de Roland, est l'« un des plus impressionnants monuments mégalithiques de l'Europe occidentale »[1]. C'est le plus grand des quatre et il est situé dans la partie occidentale et la plus élevée de la crête de la montagne de Cordes, en face du plateau du Castelet où se trouvent les trois autres hypogées.
Il fut le premier à être exploré et documenté : Louis Mathieu Anibert (1742-1782), Dissertation topographique et historique sur la montagne de Cordes et ses monumens, J.Mesnier Arles 1779. La cavité mesure 42 m de long[1] et s'enfonce à 4 m de profondeur. Elle a, en vue aérienne, la forme d'une épée médiévale d'où son surnom d'« épée de Roland ».
Alors que les trois autres hypogées ont fourni des preuves objectives (ossements humains, objets divers, utilitaires ou de parure) de leur usage comme sépultures collectives, seule la Grotte des Fées fut trouvée vide, comme si son utilisation eût été autre, un sanctuaire peut-être, ce que suggère Jean Guilaine spécialiste de ces monuments (1994, 1998)[3].
L'hypogée de Cordes est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 20 novembre 1894[Mér 3].
Hypogée de Bounias
Il fut découvert fortuitement en 1866, ainsi que son alter-ego de la Source, par un certain Bounias, adjoint au maire de Fontvieille, sur le plateau du Castelet, au sud de la route d'Arles et en face du domaine du Castelet. Ces deux grottes ne furent fouillées que dans les années 1870 et celle de la Source révéla les restes d'une centaine d'individus, affirmant le statut funéraire de ces monuments.
Les marches d'une rampe d'accès de 2,50 m de long permettent d'atteindre un vestibule ou antichambre à sol plat de 3,70 m en partie protégé par la première dalle de la couverture mégalithique. Taillée dans la molasse la porte présente une forme trapezoïdale à angles supérieurs arrondis et une épaisseur de 0,50 m[4].
L'hypogée de Bounias est classée au titre des monuments historiques par liste de 1889[Mér 1]. Il faut relever l'erreur typographique de la fiche Mérimée qui écrit Bonnias au lieu de Bounias.
Hypogée de la Source
Le plus petit des quatre, il fut ainsi désigné par Paul Cazalis de Fondouce en raison de la présence d'une source, jaillissant au pied de la falaise voisine[5].
Sa longueur totale atteint 16,60 m; sa chambre présente une forme légèrement trapézoïdale allongée et mesure 12 m pour une largeur de 2,70 m près de l'entrée et 1,90 m au fond, sa hauteur variant entre 2,40 m et 2,45 m. Il était recouvert par un tumulus de 38 m de diamètre masquant sept dalles mégalithiques parfaitement ajustées dont la quatrième porte des motifs gravés : une douzaine de cupules, quelques tracés curvilignes et une curieuse représentation sub-circulaire à quatre rayons prolongée par une longue tige recourbée[5].
Ce tumulus était délimité par une tranchée creusée dans la roche dont les restes ont été identifiés par Fernand Benoit sur le côté ouest/nord-ouest, sur une dizaine de mètres. Évidemment les dalles ancrées dans cette rainure et destinées à contenir le remblai, ont aujourd'hui disparu, mais quelques-unes ont été encore décrites par Jacques Latour en 1952[5].
Fouillé pour la première fois, avant 1874 et après son quasi-jumeau de Bounias, par le propriétaire des lieux et donc sans la rigueur scientifique nécessaire ; puis en 1876, avec plus de souci des règles, par Marius Huart (1830-1895), directeur du musée Lapidaire d'Arles ; il livra, outre des ossements et d'autres objets, une petite hache polie, des pointes de flèches, des tronçons de lames, deux canines de renard perforées, un perçoir en silex beige-gris qualifié de « chasséen » par Arnal & Latour, une pendeloque en serpentine, huit perles subconiques allongées en stéatite, une perle olivaire en marbre jaspé vert-clair, une perle subconique et trois petits fragments de plaque en cuivre, un poinçon en tibia de lapin et divers tessons de poterie plus ou moins grossière dont une anse à double mamelon[5].
L'hypogée de la Source est classée au titre des monuments historiques par liste de 1889[Mér 2].
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Hypogée du Castelet
Bien que signalé dès le XVIIIe siècle par Véran, il fut le dernier et donc le plus méthodiquement exploré en 1876. Sa singularité est sa rampe d'accès en forme de demi-pirogue[6] et aux marches très étroites à peine ébauchées ou très érodées.
Seul monument accessible au public, les trois autres étant sur des propriétés privées, il se situe juste en contrebas de la route d'Arles, départementale 17, du côté nord, alors que les autres sont au sud, et un kilomètre avant l'abbaye de Montmajour en venant de Fontvieille (juste derrière le panneau indicateur).
Il est appelé aussi grotte Arnaud du nom de la famille propriétaire lors de sa découverte, et encore parfois grotte du Fabre, le faure, forgeron en occitan (là encore la fiche Mérimée est fautive écrivant Forgerin pour forgeron), un forgeron l'ayant un temps utilisé comme atelier et pratiqué pour ce faire une ouverture quadrangulaire dans la troisième dalle de couverture, la cheminée du faure[6]. Il appartient aujourd'hui à la commune de Fontvieille.
L'hypogée du Castelet est classée au titre des monuments historiques par liste de 1900[Mér 4].
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jean Guilaine, La Mer partagée ; La Méditerranée avant l’écriture, 7000-2000 av. J.-C., Éditions Hachette, 1994
- Jean Guilaine, Au temps des dolmens ; Mégalithes et vie quotidienne en France méditerranéenne il y a 5000 ans, Éditions Privat, 1998
- Jean Guilaine, Les Hypogées protohistoriques de la Méditerranée : Arles et Fontvieille, Errance - Acte Sud, , 2 p. (ISBN 978-2-87772-544-6).
- Roger Joussaume, « Les hypogées de Fontvieille », Bulletin du Groupe Vendéen d’Études Préhistoriques, no 50, , p. 101-104.
- Gérard Sauzade, « Les monuments mégalithiques de Fontvieille, près d'Arles (Bouches-du-Rhône) », dans Congrès Préhistorique de France - Compte rendu de la XXe session - Provence - 1-7 juillet 1974, Paris, Société préhistorique française, , 627 p., p. 17
Articles connexes
Liens externes
- « Les Hypogées de Fontvieille », sur le site du Patrimoine de la Ville d'Arles.
- (vidéo, 2015) L'énigme de la grotte des Fées, de Passé simple (prod.) et de Marc Azéma (réal.), 2015, 52 min [présentation en ligne] : lien vers la bande annonce (4 min 02 s)[7]. Sur l'hypogée de Cordes.
- Photos de l'hypogée de Cordes
- "La montagne des Cordes et son hypogée" [PDF], décrits par Prosper Mérimée en 1834, sur le site du Patrimoine de la Ville d'Arles.
Références
- Sauzade 1977
- Guilaine 2015, p. 16.
- Joussaume 2014.
- Guilaine 2015, p. 61-67.
- Guilaine 2015, p. 74.
- Guilaine 2015, p. 86.
- « L'énigme de la grotte des Fées », Documentaires, sur passesimple.net (consulté le ).
- Références base Mérimée
- « Grotte-dolmen de Bounias », notice no PA00081264, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Grotte-dolmen de la Source », notice no PA00081267, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Grotte-dolmen des Fées de Cordes », notice no PA00081266, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Grotte-Dolmen du Castelet ou du forgeron », notice no PA00081265, base Mérimée, ministère français de la Culture
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