Grippe A (H1N1) de 2009-2010 en France

L'épidémie de grippe A H1N1 de 2009-2010 a atteint la France à l'été 2009.

Pour un article plus général, voir Grippe A (H1N1) de 2009-2010.

Historique

  • Lors du passage en niveau 6 par l'OMS, la France a décidé de rester au niveau 5A[1].
  •  : l'Institut de veille sanitaire annonce la mort d'une jeune fille visiblement touchée par la grippe A (H1N1) mais il émet cependant des doutes quant à la cause réelle du décès car la jeune fille souffrait aussi de complications pulmonaires sévères. Ce serait alors le premier cas mortel de grippe A (H1N1) en France[2].
  •  : un patient de 26 ans en bonne santé meurt de la grippe A H1N1 à Saint-Étienne[3]. On apprendra en qu'il s'agit d'une souche mutante, également décrite en Norvège[4].
  • [5] : lancement de la campagne de vaccination.
  •  : début de la vaccination dans les écoles.
  •  : deux décès liés à une forme mutante de la grippe A identifiés en France[6].
  •  : le président Sarkozy annonce l'ouverture des centres le dimanche, l'extension des horaires et la mobilisation d'une centaine de médecins militaires[7].
  •  : début de la vaccination dans les collèges et les lycées.
  •  : la fin de l'épidémie est officiellement annoncée en France[8].

Bilan des victimes

Bilan des morts directement liées au virus H1N1 en France métropolitaine

  •  : 33 morts[9].
  •  : 86 morts. 461 personnes hospitalisées, dont 137 en réanimation ou unités de soins intensifs, entre deux et trois millions de malades (Institut de veille sanitaire, InVS)[10].
  •  : 92 morts. Du 21 au , 993 000 personnes ont consulté pour des symptômes grippaux, soit une augmentation de 40 % par rapport à la semaine du 3 au [11].
  •  : 111 morts.
  •  : 118 morts. Deux millions de personnes vaccinés[12].
  •  : 164 morts. 890 personnes ont été hospitalisées ; 211 sont en réanimation ou en soins intensifs. Depuis le début du mois d', 5,3 millions de personnes ont été infectées et 3,5 millions de personnes ont été vaccinées (Institut de veille sanitaire / InVS)[13].
  •  : 276 morts dont 28 chez des personnes sans facteur de risque particulier[14].
  •  : 323 morts[15] (ministère de la santé)

Autres victimes

Après leur retour d'Argentine, où ils avaient joué un match, des joueurs de l'équipe de rugby des Barbarians français, dont Grégory Lamboley, furent touchés par le virus[16]. Tous font néanmoins partie des personnes infectées qui ont survécu.

Informations

Un site internet interministériel de préparation à un risque de pandémie grippale, pandemie-grippale.gouv.fr[17], est à disposition des internautes afin d'informer la population sur les comportements à adopter vis-à-vis de ce virus.

De plus, l'Institut de veille sanitaire diffuse régulièrement un bulletin épidémiologique[18].

Souches mutantes

Deux décès liés à une forme mutante de la grippe A ont été identifiés en France le . Mi-, la Norvège et l'OMS annonçaient déjà deux décès, causés par cette forme mutante du virus. D'autres cas ont peut-être été identifiés en Chine[19].

Pour l'un de ces patients, s'ajoute toutefois « une autre mutation connue pour conférer une résistance à l'oseltamivir », le Tamiflu, a indiqué l'InVS. Il s'agit de la première souche résistante en France parmi les 1 200 souches analysées à ce jour.

L'autre cas est le patient en bonne santé de 26 ans décédé de la grippe A H1N1 à Saint-Étienne le [3]

Vaccination

Dès l'été 2009, le gouvernement français par la voix de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot a fait savoir qu'il optait pour une campagne de vaccination de masse non-obligatoire.

Dans une circulaire du destinée aux préfets[20], les ministres de l’intérieur et de la santé ont précisé le plan de vaccination débutant le qu’ils qualifient de « réponse sanitaire évolutive exceptionnelle ». Il y est indiqué que le gouvernement « a commandé des doses de vaccins, afin d'être en mesure de proposer, si cela s'avérait nécessaire, à l'ensemble de la population une couverture vaccinale contre le nouveau virus ». La vaccination se ferait sous la forme de deux injections à trois semaines d’intervalle[21].

Le plan gouvernemental prévoyait la mise en place d'une campagne de vaccination progressive débutant le selon une liste de priorité[22] ciblant d'abord les personnels médicaux (en particulier ceux œuvrant auprès de populations à risque), puis les personnes à risque elles-mêmes et enfin l'ensemble de la population, à partir du . Ce programme de vaccination a été mené en partie dans les hôpitaux et en partie dans des centres de vaccination, établis le plus souvent dans des gymnases et dans lesquels exerçaient des professionnels de santé réquisitionnés pour l'occasion[23].

Le , le Haut Conseil de la santé publique estimait que 5,74 millions de personnes s'étaient fait vacciner et qu'entre 12 et 18 millions de personnes seraient immunisées contre le virus, la majorité l'ayant été par infection[24].

Dans un article publié en , l'anthropologue Frédéric Keck déclare que la campagne de vaccination contre le virus H1N1 est un « échec global », malgré le risque de pandémie longtemps évoqué par le gouvernement français[25].

Montée en charge

Le , le gouvernement français a décidé de faire appel aux médecins militaires afin d'épauler les centres de vaccination[26].

Début , les internes en médecine ont été mobilisés. 5 000 personnes vont être recrutées « en contrat aidé » par les associations pour apporter leur aide dans les centres de vaccination contre la grippe A/H1N1.

Pharmacovigilance

Ces mesures de vaccination de masse s'accompagnent d'un dispositif de pharmacovigilance renforcé visant à détecter d'éventuels effets indésirables du vaccin[27].

Réticences

En France, la campagne de vaccination s'est d'abord heurtée à une réticence d'une grande partie de la population, y compris parmi les personnels de santé[28]. Ainsi, le syndicat des infirmières SNPI CFE-CGC estime « qu'une vaccination massive contre un virus grippal relativement bénin présente des risques du fait d’un vaccin développé trop rapidement, et d’un adjuvant susceptible de déclencher des maladies auto-immunes ». Les médecins généralistes, dont une partie se montre aussi méfiante vis-à-vis de ce vaccin, reprochent au gouvernement d'avoir été écartés de cette campagne de vaccination[29],[23].

Centres de vaccination

Dans les centres de vaccination, les généralistes sont rémunérés 66 euros de l'heure, les médecins retraités 33 euros et les infirmiers libéraux 28,35 euros[30].

Polémiques sur la mise à l'écart des médecins généralistes

Les médecins généralistes français réclament depuis début de pouvoir vacciner leurs patients contre la grippe H1N1, ce que refuse le ministère de la santé[30].

Pour le ministère, outre l'argument financier, opter pour les centres permet aussi une meilleure traçabilité de la vaccination. Il permettrait également une meilleure gestion des vaccins, livrés en multidose de 10 doses.

« Volontariat » forcé et incompétence du personnel

Selon le témoignage d'étudiants infirmiers, les autorités publiques réquisitionnent du personnel « volontaire » qui se retrouve parfois dans des centres de vaccinations dépourvus de personnels qualifiés pour ce genre d'opérations[31].

Coût global de la campagne

Le coût a été estimé dans un premier temps à 420 millions d'euros. Une somme qui comprend les 48 millions d'euros de dédits déjà donnés aux différents laboratoires. La France possède l'un des dédits les plus importants de tous les pays européens avec 16 % du prix de vente des médicaments. À ces 420 millions d'euros, il convient d'ajouter les 90 millions d'euros environ des factures gérées par le ministère de l'Intérieur, notamment concernant les centres de vaccination[32]. Avec le recul, on bénéficie d'informations plus précises : la Cour des comptes a estimé que le coût total était de 660 millions d'euros. En fait, même cette estimation semble sous-estimée, car n'intégrant pas certaines dépenses, notamment les indemnisations pour les effets secondaires du vaccin (par exemple narcolepsie) [33].

Roselyne Bachelot a annoncé que le coût total de la campagne de vaccination 2009 était de 668,35 millions d'euros mais la cour des comptes l'évalue à 200 millions d'euros de plus. La commission d'enquête parlementaire sur la grippe H1N1 révèle par ailleurs que seules 9 millions de doses non périmées pourront être utilisées jusqu'en et que 5 924 267 personnes ont été vaccinées[34].

Fin de l'épidémie

Début , la fin de l'épidémie est officiellement annoncée en France[35] et le plan de vaccination se met à décroître à travers le monde[36]. Plusieurs pays (France, Royaume-Uni, Pays-Bas, Qatar, Monaco, Égypte...) annulent une partie de leur commande de vaccins aux laboratoires[37] ou encore aux pays ayant un excédent important de vaccins inutilisés et des responsables politiques sont entendus par des commissions pour répondre aux polémiques que le plan de vaccination suscite. En France, Roselyne Bachelot est amenée à devoir s'expliquer devant la commission des affaires sociales de l'assemblée nationale[38] où elle annonce, à l'inverse de ce qu'elle avait déclaré la veille de sa première assignation devant le TGI de Paris[39] (« Il n'y avait pas de clause de résiliation »[40]), que « Plutôt que devoir payer des indemnités sonnantes et trébuchantes à Pasteur-Sanofi, GSK et Novartis, qui pourraient s’élever à plus de 100 millions d’euros, l’État prendrait l’engagement de commander auprès de ces trois firmes ses prochains vaccins, en versant dès aujourd’hui des arrhes pour des livraisons futures. »[41],[42].

Notes et références

  1. Niveau 6 : une pandémie imminente en France ? - Pour convaincre, 11 juin 2009
  2. Grippe A/H1N1: premier décès en France chez une jeune fille qui souffrait d'une maladie grave - Le Nouvel Observateur, 30 juillet 2009
  3. Un homme de 26 ans meurt de la grippe A à Saint-Étienne - Le Figaro (AFP), 14 septembre 2009
  4. Grippe A: un virus mutant avait tué un jeune Stéphanois "sain" en septembre, Le Progrès, 27 novembre 2009
  5. Lancement de la campagne de vaccination grippe A/H1N1 dans les établissements de santé
  6. Deux décès liés à une forme mutante de la grippe A ont été enregistrés en France, RTBF, 27 novembre 2009
  7. H1N1 : le ministère de la défense prêt à participer à la campagne de vaccination, Le Monde, 30 novembre 2009
  8. Le Parisien, 13 janvier 2010 : Grippe A : fin de l'épidémie en France
  9. Journal télévisé de 20h, France 2
  10. 86 décès en France depuis le début de l'épidémie de grippe A, lexpress.fr, 30 novembre 2009
  11. Grippe A-France: Bilan à 92 morts, lejdd.fr, 3 décembre 2009
  12. Un nouveau bilan fait état de 118 deces en metropole - nouvelobs.com, 8 décembre 2009
  13. 164 décès liés à la grippe A(H1N1) en France - Reuters, 17 décembre 2009
  14. site de l'INVS
  15. Institut de veille sanitaire : (fr) Bulletin épidémiologique grippe A (H1N1)
  16. « La grippe A pour des Barbarians », sur lequipe.fr, (consulté le )
  17. Info' pandémie grippale - Site interministériel traitant des menaces pandémiques grippales
  18. Grippe A(H1N1) - Institut de veille sanitaire
  19. Des cas de mutation du virus H1N1 détectés en France - RTBF, 27 novembre 2009
  20. Planification logistique d'une campagne de vaccination contre le nouveau virus A(H1N1) - Circulaire aux préfets, 21 août 2009 [PDF]
  21. Grippe A (H1N1) : le plan de vaccination du gouvernement français - Le Monde, 27 août 2009
  22. « Liste des personnes invitées à se faire vacciner par ordre de priorité »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ) - Ministère de la Santé et des Sports, 1er décembre 2009
  23. Davet et Lhomme 2020.
  24. « Vaccin contre la grippe A : un enterrement des plus discrets », Rue89, 10 février 2010.
  25. Site Cairn Info, article "L'échec global et national de la vaccination H1N1", consulté le 16 avril 2020
  26. « Grippe A : l’armée appelée à la rescousse pour vacciner », sur france-info.com, (consulté le )
  27. Organisation de la campagne de vaccination contre le nouveau virus A (H1N1) 2009 - Volet Informatif ; Pharmacovigilance - Ministère de la Santé et des Sports, 28 octobre 2009 [PDF]
  28. Le vaccin massivement boudé par les personnels de santé - 20 minutes, 6 novembre 2009
  29. Les ratés de la campagne de vaccination anti-H1N1 - Nord éclair,15 novembre 2009
  30. Grippe A : la polémique enfle entre médecins généralistes écartés de la vaccination et le gouvernement - Le Monde, 30 novembre 2009
  31. « Réquisitions H1 N1: ça branle dans le manche! »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ) - Marianne, 10 décembre 2009
  32. Vaccination contre la grippe A(H1N1), coût global de la campagne
  33. http://www.leparisien.fr/societe/la-facture-de-la-grippe-a-s-alourdit-20-12-2013-3427137.php
  34. Brigitte Rossigneux, Grippette classée "secret-défense", Le Canard enchaîné, mercredi 7 juillet 2010, page 4.
  35. Le Parisien, 13 janvier 2010, Grippe A : fin de l'épidémie en France
  36. Grippe A, l'épidémie est finie - Le JDD, 13 janvier 2010
  37. Ces pays qui commencent à revendre leurs vaccins anti grippe A - Le Monde, 3 janvier 2010
  38. Stocks de vaccins antigrippe A : le gouvernement sur la sellette - Le Monde, 12 janvier 2010
  39. Roselyne Bachelot assignée en référé le 4 janvier 2009 au TGI de Paris - Club Villepin, 5 janvier 2010
  40. Bachelot défend la résiliation des contrats - Le Figaro, 5 janvier 2010
  41. Grippe: Bachelot et les labos proches d'un accord, l'Europe fait marche arrière vis-à-vis du plan de vaccination - Le JDD, 13 janvier 2010
  42. Le gouvernement résilie les commandes de 50 millions de doses de vaccin, les laboratoires grands vainqueurs - Le Monde, 4 janvier 2010

Voir aussi

Bibliographie

Liens internes

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