Grande Otelo
Sebastião Bernardes de Souza Prata, connu sous le nom de scène Grande Otelo, né le à Uberlândia dans l’État du Minas Gerais et mort le à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, en France, est un acteur, chanteur, producteur et compositeur brésilien et une personnalité majeure du music-hall, du théâtre, du cinéma et de la télévision au Brésil. Il fait ses armes de comédien dans des revues, participant ensuite à plusieurs films brésiliens à succès, dont de célèbres comédies des décennies 1940 et 1950 et s’affirme comme une des grandes vedettes de la chanchada. Il joue souvent et jusqu'en 1954 en partenariat avec Oscarito (pt) et apparaît aussi dans plusieurs productions cinématographiques à distribution internationale, comme Fitzcarraldo, de Werner Herzog, et Bahia de tous les saints, de Nelson Pereira dos Santos.
Nom de naissance | Sebastião Bernardes de Souza Prata |
---|---|
Surnom | Grande Otelo |
Naissance |
Uberlândia, Minas Gerais, Brésil |
Nationalité | Brésilien |
Décès |
Aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle |
Profession |
acteur chanteur producteur compositeur |
Films notables |
Macunaïma Fitzcarraldo Bahia de tous les saints |
Biographie
Origine et jeunesse
Comme tant d’autres Afro-Brésiliens, son enfance est difficile. Son père est mort poignardé et sa mère est alcoolique. Devenu tôt orphelin, il fuit les familles qui veulent l'adopter, mais trouve sa destinée grâce à la scène. Ainsi, alors qu’il vit encore dans sa ville minière natale d’Uberlândia, il rencontre une troupe de théâtre mambembe (ce qui désigne au Brésil une troupe de rue et/ou itinérante) et décide de la suivre, avec le consentement du directeur de celle-ci, Abigail Parecis, qui l’emmène à Sao Paulo. Fuguant à nouveau, il se retrouve à comparaître dans un tribunal pour mineur, avant d’être adopté par la famille du politicien Antonio de Queiroz. Il peut alors étudier jusqu'au troisième degré au Liceu Coração de Jesus (pt), dans le bairro (quartier) des Campos Elíseos (pt) à Sao Paulo.
Carrière
Il participe dès les années 1920 à la compagnie Negra de Revistas, où le maestro Pixinguinha exerce son art.
C’est en 1932 qu’il rejoint la compagnie Jardel Jercolis, pionnière au Brésil du théâtre de revue. C’est à cette époque qu’il adopte son nom de scène : en raison de sa couleur de peau et de sa petite taille, ses amis comédiens le surnomment « Petit Othello », en référence au héros shakespearien africain de la tragédie Othello ou le Maure de Venise. Par défi et voulant être reconnu comme le plus grand acteur, il décide d’être pour la suite de sa carrière le Grande Otelo (le « Grand Othello »). Artiste complet, il joue à Sao Paulo et Rio de Janeiro, tant dans des revues que des pièces de théâtre ou des spectacles musicaux. Mais c’est le cinéma qui lui apporte la célébrité.
Son premier rôle à l'écran est dans le film Noites cariocas (titré en espagnol Noches cariocas (es)) sorti en 1935, une coproduction brésilo-argentine réalisée par Enrique Cadícamo. Il enchaîne ensuite les comédies à succès comme Futebol em Família (pt) (1939) et Laranja da China (pt) (1940). En 1942, il rencontre Orson Welles, venu tourner au Brésil It's All True qu'il n’achèvera pas (mais dont néanmoins des prises de vue seront utilisées pour la confection d'un documentaire sorti en 1993). Malgré l'avortement de ce projet, les deux hommes resteront amis. Welles considère Grande Otelo comme le plus grand acteur brésilien. Celui-ci devient une immense vedette, notamment grâce au duo comique qu’il forme avec Oscarito pour la compagnie Atlântida Cinematográfica (pt). Son registre est très large et ne se limite pas aux rôles burlesques. Son interprétation dans Também Somos Irmãos, film réalisé par José Carlos Burle et sorti en 1949 — une des premières œuvres cinématographiques abordant frontalement le problème du racisme — est considérée comme magistrale[1].
Après Oscarito, il forme un nouveau duo avec le comique pauliste Ankito (pt). À la fin des années 1950, Grande Otelo est associé à divers spectacles musicaux ainsi qu'à des films avec Vera Regina (pt), une grande femme noire ressemblant à la célèbre franco-américaine Josephine Baker. À la fin de ce partenariat, Grande Otelo traverse une période de moindre succès auprès du grand public, devenant cependant dans les années 1960 — dans un registre plus sombre et exigeant — un acteur fétiche du Cinema Novo, jusqu’à ce qu’il renoue avec le succès au cinéma avec sa performance comme personnage principal de Macunaïma, film sorti en 1969 et réalisé par Joaquim Pedro de Andrade, basé sur un roman éponyme de Mario de Andrade.
Il participe également à plusieurs films de réalisateurs non-brésiliens, ainsi Otalia de Bahia de Marcel Camus, sorti en 1976, Fitzcarraldo de Werner Herzog, filmé dans la forêt amazonienne et sorti en 1982, où il interprète le chef de la gare fantôme et Bahia de tous les saints, de Nelson Pereira dos Santos, sorti en 1986, où figurent également dans la distribution les acteurs français Raymond Pellegrin, Catherine Rouvel et Julien Guiomar.
Parallélement à ses tournages pour le cinéma, Grande Otelo est à partir des années 1960 en contrat avec TV Globo, chaîne pour qui il joue dans plusieurs feuilletons à succès, tels que Uma Rosa com Amor. Il participe également à l’Escolinha do Professor Raimundo (pt) au début des années 1990, un des programmes phares de la télévision brésilienne. Son dernier rôle est pour la telenovela Renascer (pt), peu de temps avant sa mort.
Ami de l'écrivain Jorge Amado, il a avec lui participé à des luttes pour la démocratie au Brésil et la reconnaissance des droits des Noirs.
Mort
Grand Otello meurt d’une crise cardiaque à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle[2], alors qu’il y était de passage avant de se rendre au Festival des trois continents à Nantes, qui devait lui rendre hommage dans le cadre d'un programme sur « La négritude au cinéma ». Il est enterré au cimetière São Pedro à Uberlandia, sa ville natale. Une gigantesque procession de ses compatriotes en deuil accompagne sa dépouille.
Filmographie
Notes et références
- http://www.cineartistes.com/fiche-Grande+Otelo.html
- « La mort de l'acteur brésilien Grande Otelo », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
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